Faut-il toujours dire la vĂ©ritĂ© Nous vivons dans une sociĂ©tĂ© ou le mensonge et la tromperie sont monnaies courantes. DĂšs lors faut-il dire la vĂ©ritĂ© ? OuprĂ©fĂ©rĂ© dire un petit mensonge afin de ne pas blesser nos proches. Il est trĂšs important de dire la vĂ©ritĂ© dans la plus- part des cas car bien souvent raconter desmensonges amĂšne souvent son lot de problĂšmes avec. Par exemple un jeune homme dâune quinzaine dâannĂ©es raconta Ă ces parents quâil allait dormir chez un de ces amisalors quâen rĂ©alitĂ© il ce rendais chez sa copine. Malheureusement il oublia dâen informer son frĂšre qui part mĂ©garde raconta le s chez sa copine Par contre de temps rattraper des situatio famille quir or2 Sni* to View Swipe to Wew next page quâil est allĂ©dormir ge peu bien exemple ce pĂšre de quiraconta Ă sa femme que sa nouvelle collĂšgue de travail nâĂ©tait pas trĂšs jolie alors quâen rĂ©alitĂ© elle est superbe tout ça pour ne pas rendre sa femme soucieuse etjalouse, bien que le mari ne tentera jamals de coucher avec sa nouvelle collĂšgue. Dâautres part je pense que les mensonges peuvent avoir des onsĂ©quences dĂ©sastreusesur les relations avec ces proches. Par exemple ce pĂšre de famille qui raconte Ă sa femme quâil travaille tard 2 soirs par semaine alors quâil se rend chez samaitresse afin de commettre un adultĂšre. Le jour ou sa femme la appris elle lâas quitter sur le champ et Ă demander la garde des enfants. Je pense que dire lavĂ©ritĂ© reste une chose trĂšs importante dans la vie mais que quelques fois des petits mensonges peuvent Ă©viter bien des problĂšmes ou arranger des situationsDoutercâest alors manifestement renoncer Ă la vĂ©ritĂ© car câest une finalitĂ©. Dans une seconde partie nous aborderons la vision cartĂ©sienne selon laquelle le doute est un moyen de recherche de la vĂ©ritĂ©, la suspension du jugement nâest la que pour tenter dâatteindre des connaissances vraies. Puis dans une derniĂšre partie, nous La pluralitĂ© des opinions fait-elle obstacle Ă l'exigence de vĂ©ritĂ© ? L 2009 La science relĂšve-t-elle du seul dĂ©sir de vĂ©ritĂ© ? L 2009 Peut-on douter dâune vĂ©ritĂ© dĂ©montrĂ©e ? S 2009 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? S 2009 Toute vĂ©ritĂ© est-elle relative ? ES 2009 Pourquoi vouloir Ă tout prix connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ? ES 2009 La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? S 2008 Y a-t-il dâautres moyens que la dĂ©monstration pour Ă©tablir une vĂ©ritĂ© ? S 2008 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s qui Ă©chappent Ă la raison ? S 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle libĂ©ratrice ? ES 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle relative Ă une culture ? S 2007 L'expression c'est ma vĂ©ritĂ© » a-t-elle un sens ? STG 2006 Dire que la vĂ©ritĂ© est relative, est-ce dire qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ© ? ES 2006 Faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă la vĂ©ritĂ© ? ES 2006 La vĂ©ritĂ© rend-elle heureux ? ES 2005 Une interprĂ©tation peut-elle prĂ©tendre Ă la vĂ©ritĂ© ? ES 2005 La vĂ©ritĂ© est-elle la valeur suprĂȘme ? S 2004 L'esprit cesse-t-il d'ĂȘtre libre lorsque la vĂ©ritĂ© s'impose Ă lui ? L 2004 Toute vĂ©ritĂ© est-elle dĂ©montrable ? ES 2004 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? ES 2004 Faut-il chercher la vĂ©ritĂ© au-delĂ des apparences ? STG 2004 La vĂ©ritĂ© est-elle toujours prĂ©fĂ©rable Ă l'illusion ? STG 2004 Faut-il sĂ©parer la beautĂ© et la vĂ©ritĂ© ? S 2003 La vĂ©ritĂ© dĂ©pend-elle de nous ? S 2003 Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire ? S 2003 La rigueur d'un raisonnement suffitâelle pour garantir la vĂ©ritĂ© ? L 2003 Le dialogue est-il le chemin de la vĂ©ritĂ© ? ES 2003 Peut-on avoir de bonnes raisons de ne pas dire la vĂ©ritĂ© ? STG 2003 Suffit-il de connaĂźtre la vĂ©ritĂ© pour renoncer Ă ses prĂ©jugĂ©s ? STG 2002 Toute vĂ©ritĂ© est-elle vĂ©rifiable ? STG 2002 Pour chercher la vĂ©ritĂ©, faut-il s'affranchir de toute subjectivitĂ© ? S 2002 Peut-on s'accorder sur des vĂ©ritĂ©s morales ? S 2002 Les vĂ©ritĂ©s scientifiques sont-elles indiscutables ? S 2002 La vĂ©ritĂ© n'est-elle recherchĂ©e que pour les avantages qu'on en attend ? ES 2001 De quelle vĂ©ritĂ© l'opinion est-elle capable ? ES 2001Cf. Manuel p. 304-319. Voir aussi l'introduction sur l'Opinion et la Connaissance. I La dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© La dĂ©finition par la correspondance du jugement Ă la rĂ©alitĂ© Blaise Pascal disait qu'un terme aussi simple que vrai » ne pourrait pas recevoir une dĂ©finition. On ne peut pas tout dĂ©finir car on arrive nĂ©cessairement Ă des mots primitifs quâon ne peut plus dĂ©finir » De l'esprit gĂ©omĂ©trique, 1657. Pourtant, il existe une dĂ©finition traditionnelle la vĂ©ritĂ© est l'adĂ©quation, la correspondance ou l'accord d'une reprĂ©sentation et de la chose reprĂ©sentĂ©e ». Pour dĂ©finir le concept de vĂ©ritĂ©, on a donc besoin de celui de rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ© est tout ce qui existe. Une proposition ou une reprĂ©sentation est vraie si et seulement si elle est en accord avec des objets rĂ©els. Dans l'AllĂ©gorie de la Caverne de Platon, les croyances des prisonniers sont fausses puisqu'elles ne correspondent pas au monde rĂ©el » mais seulement Ă des illusions. pV = nRT » est vrai au sens strict ssi il y a des objets » dans la rĂ©alitĂ© la pression du gaz, le volume, la quantitĂ© de moles du gaz et la tempĂ©rature qui rendent cette expression vraie ». La rĂ©alitĂ© est un ensemble de faits ou de choses, la vĂ©ritĂ© est la propriĂ©tĂ© de pensĂ©es ou de phrases des jugements. La connaissance cherche donc des thĂ©ories vraies, c'est-Ă -dire les plus en accord avec la rĂ©alitĂ©. De la fausse monnaie est quelque chose de rĂ©el mais ce n'est pas vraiment ce que nous croyons, elle est qualifiĂ©e de fausse parce qu'elle crĂ©e des croyances fausses, des erreurs. Mais comment peut-on comparer les vraies reprĂ©sentations et les faits rĂ©els ? Ne connaissons-nous pas des faits que ce que nous pouvons en comprendre par l'intermĂ©diaire de nos thĂ©ories ? Cf. La Raison et la dĂ©monstration sur le problĂšme du critĂšre » de la vĂ©ritĂ© le dĂ©bat entre les Sceptiques et Descartes sur la vĂ©ritĂ©, la certitude et le doute Le critĂšre de cohĂ©rence formelle ou logique On peut ajouter Ă la Correspondance l'idĂ©e de VĂ©ritĂ© comme CohĂ©rence. Il y a des thĂ©ories qu'on considĂšre comme vraies parce qu'elles sont dĂ©duites d'autres vĂ©ritĂ©s, mĂȘme si on ne peut pas connaĂźtre directement les faits rĂ©els. Par exemple, on n'a pas expĂ©rimentĂ© des faits sur un lointain passĂ© mais on peut se servir d'une forme de dĂ©duction rĂ©troactive Ă partir de l'observation de faits actuels. Cf. La raison et la dĂ©monstration sur la notion de validitĂ© formelle. On peut ainsi dĂ©finir la vĂ©ritĂ© formelle d'une thĂ©orie que les propositions ne se contredisent pas les unes les autres par opposition Ă sa vĂ©ritĂ© matĂ©rielle » qu'une thĂ©orie corresponde Ă des faits. Une thĂ©orie vraie doit ĂȘtre cohĂ©rente, mais ce n'est pas suffisant. Plusieurs thĂ©ories distinctes peuvent ĂȘtre cohĂ©rentes et en accord avec ce qu'on croit savoir sans qu'on puisse toujours trancher. Doit-on supposer un autre critĂšre pour reconnaĂźtre une thĂ©orie vraie ? Le critĂšre pragmatiste » de la vĂ©ritĂ© Le philosophe et psychologue amĂ©ricain William James 1842-1910 a créé au dĂ©but du XX e siĂšcle une cĂ©lĂšbre dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, la dĂ©finition pragmatiste » du vrai. Pour James, on ne peut pas toujours savoir si une thĂ©orie correspond aux faits rĂ©els, mais on peut au moins savoir si elle nous convient, si elle semble fonctionner » pour les ĂȘtres humains, s'il y a des raisons pratiques pour y croire. A la mĂȘme Ă©poque, le mathĂ©maticien Henri PoincarĂ© 1854-1912 dĂ©fend que certaines hypothĂšses physiques doivent ĂȘtre acceptĂ©es comme de simples conventions commodes. Mais cette dĂ©finition confond les motifs psychologiques pour croire et la vĂ©ritĂ© objective. MĂȘme si une thĂ©orie semble ĂȘtre efficace et qu'on y croit, on peut encore se demander si elle est vraie. Un mĂ©dicament qu'on croirait efficace par simple effet placebo serait quand mĂȘme un faux mĂ©dicament s'il n'agit pas rĂ©ellement. Il faut donc bien un accord avec des faits rĂ©els et pas seulement la cohĂ©rence ou une convention pragmatique. La valeur de la vĂ©ritĂ© ne se rĂ©duit pas Ă ce qui paraĂźt utile, car ce serait trop relatif. Mais on ne peut pas dĂ©montrer toutes nos opinions, il y a donc plusieurs degrĂ©s d'opinions plus ou moins vraisemblables ou plus ou moins fondĂ©es sur des arguments rationnels. II La valeur de la vĂ©ritĂ© La vĂ©ritĂ© a-t-elle nĂ©cessairement de la valeur ou faut-il dĂ©fendre l'illusion ? Friedrich Nietzsche p. 319 critique le fait que tous les philosophes disent vouloir chercher la vĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme parce qu'elle aurait plus de valeur que l'illusion. Cf. Aristote sur la valeur de la vie contemplative. Mais selon Nietzsche, il n'y a aucune preuve de cela il est peut-ĂȘtre faux que la vĂ©ritĂ© soit toujours Ă rechercher. Nietzsche va donc plus loin que le pragmatisme pour lui, ce qui peut contribuer Ă notre bonheur ou Ă notre survie peut avoir plus de valeur que le concept de vĂ©ritĂ©. Cf. Cours sur le bonheur Bonheur et connaissance. Comme le dit Descartes, un bonheur fondĂ© sur l'illusion ne serait que temporaire, un faux bonheur. La vĂ©ritĂ© peut nous blesser sur le moment mais nous ne pourrions pas nous contenter d'illusions consolantes si nous savions en fait qu'elles sont fausses. La vĂ©ritĂ©, mĂȘme lorsqu'elle s'impose Ă nous, peut nous libĂ©rer en nous libĂ©rant de nos prĂ©jugĂ©s Cours sur la libertĂ© II. II2 La VĂ©ritĂ© en Art Il y a des cas oĂč on peut en effet dĂ©fendre la valeur de l'illusion contre un souci de n'en rester qu'Ă la rĂ©alitĂ© l'Art par exemple. Platon Ă©tait sans doute excessif dans la RĂ©publique quand il critique en l'artiste un simple imitateur de la rĂ©alitĂ© ou un illusionniste. Mais mĂȘme quand l'Art s'Ă©carte du rĂ©el, ne peut-on pas dire que c'est au contraire pour chercher encore la vĂ©ritĂ©, mais une expression nouvelle de la vĂ©ritĂ© qui n'Ă©tait pas connue dans l'expĂ©rience directe de la rĂ©alitĂ© ? Cf. Cours sur l'Art sur Hegel et III sur le statut de vĂ©ritĂ© subjective » des jugements esthĂ©tiques et de la critique en art. Le devoir de vĂ©racitĂ© a-t-il des limites ? On a vu qu'il faut chercher Ă connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Mais a-t-on toujours le devoir de dire ce qu'on croit ĂȘtre la vĂ©ritĂ© ? Quand on prĂ©tend mentir pour de bonnes raisons, c'est souvent pour des prĂ©textes intĂ©ressĂ©s ou par lĂąchetĂ© cf. Cours sur le devoir moral Kant contre Benjamin Constant p. 318, mais on peut dĂ©fendre quand mĂȘme qu'on peut ne pas la dire dans n'importe quelle circonstance Ă n'importe qui. III La recherche de la vĂ©ritĂ© et l'Ă©volution de la connaissance L'IdĂ©e de vĂ©ritĂ© absolue Cf. Introduction contre le Relativisme il y a des vĂ©ritĂ©s absolues et des vĂ©ritĂ©s relatives. Il y a certaines vĂ©ritĂ©s qui sont absolues, vraies de maniĂšre nĂ©cessaires et universelles. C'est par exemple le cas des vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Un thĂ©orĂšme dĂ©montrĂ© ne pourra jamais ĂȘtre rĂ©futĂ©. Mais cela ne veut pas dire que toute vĂ©ritĂ© absolue soit seulement une connaissance a priori ou bien une vĂ©ritĂ© objective car le Cogito de Descartes est un exemple d'une vĂ©ritĂ© certaine mais qui n'est connaissable que pour le Sujet qui en prend conscience. Les erreurs et les illusions La mĂ©thode scientifique cherche des moyens d'Ă©viter les erreurs. Pour Descartes dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques, IV, les erreurs ne viennent pas de limites de notre intelligence ou mĂȘme de nos sens, mais plutĂŽt du fait que nous voulons interprĂ©ter hĂątivement sans avoir assez d'information au lieu de suspendre notre jugement douter. En ce sens, l'erreur dĂ©pend de nous, elle est de notre faute. C'est encore plus clair avec l'illusion, qui est une erreur entretenue par nos dĂ©sirs. Cf. La religion Freud p. 317 Mais l'erreur n'a pas qu'un rĂŽle nĂ©gatif car il y a certaines thĂ©ories vraies qu'on ne peut atteindre qu'en ayant d'abord critiquĂ© et corrigĂ© nos prĂ©jugĂ©s et nos impressions. Comme le dit Hegel, en philosophie, une opinion excessive ou unilatĂ©rale peut ĂȘtre un moment nĂ©cessaire par lequel il fallait passer avant d'arriver Ă la vĂ©ritĂ©. C'est ce que veut dire sa formule Ă©nigmatique Le Faux est un moment du Vrai » PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, 1807. Comme le dit le philosophe des sciences Karl Popper, la mĂ©thode scientifique doit procĂ©der par conjectures et rĂ©futation, par le progrĂšs de lâesprit critique. Cf. La dĂ©monstration La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? Il y a des phrases qui sont vraies ou fausses relativement Ă un lieu ou Ă un temps. Mais cela ne veut pas dire que la VĂ©ritĂ© elle-mĂȘme change. Nos thĂ©ories sont plus ou moins vraies en se prĂ©cisant, en se meilleure thĂ©orie que ce soit en mathĂ©matiques ou dans les sciences empiriques est plus proche de la VĂ©ritĂ© en ce sens, mĂȘme si on doit admettre que sur les vĂ©ritĂ©s empiriques, on peut avoir plusieurs degrĂ©s de probabilitĂ© sans une vĂ©ritĂ© absolue cf. Bertrand Russell p. 313. Cela ne renonce pas pour autant au concept et Ă la valeur de l'idĂ©e de VĂ©ritĂ©. Jugementaussi sĂ©vĂšre que classique, mais fort contestable : en vĂ©ritĂ©, il est un bon usage du doute sceptique, qui reprĂ©sente une magnifique expĂ©rience de la libertĂ© de la pensĂ©e. En dĂ©voilant lâinessentialitĂ© de ce qui semble avoir une validitĂ©, le doute sceptique dissout tout clans la conscience de soi. Parce qu âil est la
9. En 1 TimothĂ©e 118, 19, Ă quoi Paul a-ât-âil encouragĂ© TimothĂ©e ? 9 Lire 1 TimothĂ©e 118, 19. Paul a comparĂ© TimothĂ©e Ă un soldat et il lâa encouragĂ© Ă continuer Ă faire la belle guerreâ 1 Tim. 118, 19. Il ne sâagissait pas dâune guerre littĂ©rale, mais spirituelle. Dans quels aspects de leur vie les chrĂ©tiens sont-âils comme des soldats engagĂ©s dans une guerre ? Quelles qualitĂ©s les soldats de Christ doivent-âils dĂ©velopper ? Examinons cinq leçons que nous pouvons tirer de la comparaison de Paul. Ces leçons nous aideront Ă garder prĂ©cieusement la vĂ©ritĂ©. 10. Pourquoi devons-ânous dĂ©velopper notre attachement Ă Dieu ? 10 DĂ©veloppe ton attachement Ă Dieu. Un bon soldat est loyal il se bat avec dĂ©termination pour protĂ©ger une personne ou une chose auxquelles il est attachĂ©. Paul a encouragĂ© TimothĂ©e Ă dĂ©velopper son attachement Ă Dieu 1 Tim. 47. Plus notre amour pour Dieu et notre attachement Ă sa personne seront forts, plus nous serons dĂ©terminĂ©s Ă garder prĂ©cieusement la vĂ©ritĂ© 1 Tim. 48-10 ; 66. Ă la fin dâune longue journĂ©e de travail, nous devons peut-ĂȘtre nous forcer un peu pour assister Ă une rĂ©union. Mais nous en retirons toujours des bienfaits ! voir paragraphe 11. 11. Pourquoi nous faut-âil ĂȘtre disciplinĂ©s ? 11 Cultive lâautodiscipline. Pour rester apte au combat, un soldat doit ĂȘtre disciplinĂ© dans ses habitudes de vie. TimothĂ©e est restĂ© en bonne condition spirituelle parce quâil a suivi le conseil de Paul de fuir les mauvais dĂ©sirs, de cultiver les qualitĂ©s chrĂ©tiennes et de se rĂ©unir avec ses frĂšres et sĆurs 2 Tim. 222. Pour cela, il fallait quâil sâimpose une discipline. De la mĂȘme façon, pour gagner la guerre contre nos mauvais dĂ©sirs, nous devons cultiver lâautodiscipline Rom. 721-25. Il nous faut aussi ĂȘtre disciplinĂ©s pour continuer de revĂȘtir la nouvelle personnalitĂ© et de nous dĂ©barrasser de la vieille personnalitĂ© Ăph. 422, 24. Et quand nous sommes fatiguĂ©s Ă la fin dâune longue journĂ©e, nous devons parfois nous forcer un peu pour assister Ă une rĂ©union HĂ©b. 1024, 25. 12. Comment pouvons-ânous apprendre Ă manier plus efficacement la Parole de Dieu ? 12 Un soldat doit sâentraĂźner Ă manier ses armes. Et pour ĂȘtre habile, il doit le faire rĂ©guliĂšrement. De mĂȘme, nous devons nous entraĂźner Ă bien manier la Parole de Dieu 2 Tim. 215. Nos rĂ©unions nous donnent une bonne formation pour cela. Mais si nous voulons ĂȘtre capables de convaincre dâautres personnes de la valeur des vĂ©ritĂ©s bibliques, nous devons aussi avoir de bonnes habitudes dâĂ©tude individuelle. Nous devons nous servir de la Bible pour fortifier notre foi. Cependant, il ne suffit pas de la lire. Pour bien comprendre ce quâun passage enseigne et en tirer les bonnes applications, il nous faut aussi mĂ©diter et faire des recherches dans nos publications 1 Tim. 413-15. Alors nous serons capables de manier efficacement la Parole de Dieu pour lâenseigner Ă dâautres. LĂ encore, il ne suffit pas de leur lire un passage de la Bible. Si, lors dâune conversation avec une personne, nous lui lisons un verset, nous devons lâaider Ă le comprendre et Ă voir quelle leçon pratique elle peut en tirer. En gardant de bonnes habitudes dâĂ©tude, nous apprendrons Ă manier la Parole de Dieu plus efficacement pour enseigner les gens 2 Tim. 316, 17. 13. ConformĂ©ment Ă HĂ©breux 514, pourquoi devons-ânous faire preuve de discernement ? 13 Fais preuve de discernement. Un soldat doit savoir anticiper le danger pour lâĂ©viter. Pareillement, nous devons apprendre Ă repĂ©rer les situations dangereuses sur le plan spirituel, puis chercher Ă les Ă©viter Prov. 223 ; lire HĂ©breux 514. Par exemple, il nous faut choisir avec discernement nos loisirs et nos divertissements. Souvent, les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision et les films mettent en avant des modes de vie contraires Ă la morale biblique. Or les conduites sexuelles immorales offensent Dieu et ont toujours de graves consĂ©quences. Câest pourquoi nous rejetons les divertissements qui pourraient dĂ©truire progressivement notre amour pour Dieu Ăph. 55, 6. 14. Comment Daniel a-ât-âil fait preuve de discernement ? 14 Daniel, dĂ©jĂ mentionnĂ©, a fini par prendre conscience du danger des jeux vidĂ©o violents ou spirites. Il a donc cherchĂ© dans Watchtower Library des articles qui en parlent. RĂ©sultat ? Il a arrĂȘtĂ© de jouer Ă ce genre de jeux vidĂ©o. Il a annulĂ© ses abonnements aux jeux en ligne et il a coupĂ© tout contact avec les autres joueurs sur Internet. Au lieu de jouer Ă des jeux vidĂ©o, dit-âil, je me suis mis Ă pratiquer des activitĂ©s de plein air et Ă passer du temps avec des frĂšres et sĆurs de mon assemblĂ©e. » Daniel est aujourdâhui pionnier et ancien. 15. Pourquoi la propagande des apostats est-âelle dangereuse ? 15 Comme TimothĂ©e, nous devons apprendre Ă discerner un autre danger les fausses informations diffusĂ©es par les apostats 1 Tim. 41, 7 ; 2 Tim. 216. Les apostats peuvent chercher Ă rĂ©pandre des mensonges sur nos frĂšres ou des rumeurs sur lâorganisation de JĂ©hovah. Ces fausses informations pourraient affaiblir notre foi. Ne nous laissons pas influencer par la propagande des apostats. En effet, ce sont des hommes Ă lâintelligence corrompue, des hommes privĂ©s de la vĂ©ritĂ© ». Leur objectif est de provoquer des disputes et des dĂ©batsâ 1 Tim. 64, 5. Ils veulent nous amener Ă croire Ă leurs calomnies et Ă penser du mal de nos frĂšres. 16. Quâest-âce qui pourrait nous dĂ©tourner de nos prioritĂ©s ? 16 Ne te laisse pas distraire. Comme un excellent soldat de Christ », TimothĂ©e devait concentrer ses efforts sur son ministĂšre. Il ne devait pas se laisser distraire par une carriĂšre professionnelle ou la recherche de biens matĂ©riels 2 Tim. 23, 4. Nous non plus, nous ne devons pas nous laisser dĂ©tourner de nos prioritĂ©s par lâenvie dâacquĂ©rir plus de biens matĂ©riels. Le pouvoir trompeur de la richesse » pourrait nous faire perdre notre amour pour JĂ©hovah, notre reconnaissance pour sa Parole et notre dĂ©sir de parler de la vĂ©ritĂ© aux autres Mat. 1322. Nous devons garder une vie simple et consacrer notre temps et notre Ă©nergie Ă continuer Ă chercher dâabord le Royaumeâ Mat. 622-25, 33. 17-18. Que pouvons-ânous faire pour nous protĂ©ger sur le plan spirituel ? 17 Tiens-âtoi prĂȘt Ă rĂ©agir rapidement. Un soldat doit rĂ©flĂ©chir Ă lâavance Ă la maniĂšre de rĂ©agir face Ă un danger. Si nous voulons protĂ©ger les biens prĂ©cieux que JĂ©hovah nous a confiĂ©s, nous devons rĂ©agir rapidement en cas de danger. Pour cela, il est important de dĂ©terminer Ă lâavance Ă ce quâil nous faut faire. 18 Avant le dĂ©collage dâun avion, les hĂŽtesses demandent aux passagers de repĂ©rer les issues de secours. Pourquoi ? Pour quâils puissent quitter lâavion rapidement si nĂ©cessaire. De mĂȘme, avant dâaller sur Internet ou de regarder un film ou une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision, nous devons repĂ©rer Ă lâavance quelle issue de secours » nous emprunterons si nous tombons sur une scĂšne immorale ou de violence crue, ou sur des propos tenus par des apostats. Si nous anticipons le danger, nous pourrons rĂ©agir rapidement. Nous nous protĂ©gerons alors sur le plan spirituel et resterons purs aux yeux de JĂ©hovah Ps. 1013 ; 1 Tim. 412. 19. Si nous protĂ©geons les biens prĂ©cieux que JĂ©hovah nous a confiĂ©s, quels bienfaits en retirerons-ânous ? 19 JĂ©hovah nous a confiĂ© les vĂ©ritĂ©s bibliques ainsi que lâhonneur de les enseigner Ă dâautres. Si nous protĂ©geons ces biens prĂ©cieux, nous en retirerons de grands bienfaits une bonne conscience, une vie qui a vraiment du sens et la joie dâaider dâautres personnes Ă connaĂźtre JĂ©hovah. Avec son soutien, nous rĂ©ussirons Ă garder prĂ©cieusement ce quâil nous a confiĂ© 1 Tim. 612, 19.
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La difficultĂ© Ă atteindre la vĂ©ritĂ© peut conduire l'homme Ă douter de sa rĂ©alitĂ©. Faut-il vraiment rechercher la vĂ©ritĂ© ou au contraire trouver une forme de sagesse en y renonçant ? I La vĂ©ritĂ© un idĂ©al inaccessible ? 1 Le scepticisme Si l'on dĂ©finit la vĂ©ritĂ© comme l'adĂ©quation entre le discours et la rĂ©alitĂ©, alors atteindre la vĂ©ritĂ© suppose un moyen de vĂ©rifier si ce que l'on dit correspond bien Ă la rĂ©alitĂ© en soi. Les sceptiques comme Sextus Empiricus considĂšrent que l'homme ne peut pas atteindre la vĂ©ritĂ©, dans la mesure oĂč ni sa raison, ni ses sens ne lui permettent de saisir la rĂ©alitĂ© telle qu'elle est. Cette thĂšse a des implications morales. Ce qui rendrait l'homme malheureux, ce n'est pas le doute mais le fait de croire possĂ©der la vĂ©ritĂ©. Suspendre son jugement permettrait donc Ă l'homme d'ĂȘtre heureux. 2 Les limites du scepticisme Pour Aristote, un scepticisme intĂ©gral conduit Ă l'inaction, car toute action implique une croyance qui la motive, et au silence, car dire quelque chose implique toujours une affirmation. Ainsi, le scepticisme se nie lui-mĂȘme. Il semble donc nĂ©cessaire de ne pas abandonner l'idĂ©al de vĂ©ritĂ©. II La vĂ©ritĂ© une valeur parmi d'autres ? Le terme d'idĂ©al est ambigu, car il dĂ©signe tantĂŽt ce que l'on ne peut pas atteindre, tantĂŽt ce que l'on doit poursuivre. La vĂ©ritĂ© est un idĂ©al en ce qu'il paraĂźt lĂ©gitime de la rechercher. Atteindre la vĂ©ritĂ© est donc un objectif porteur de sens. La vĂ©ritĂ© est ainsi une valeur importante, d'un point de vue individuel et collectif. Mais n'entre-t-elle pas en conflit avec d'autres valeurs importantes ? 1 VĂ©ritĂ© et politique Certes, la vĂ©ritĂ© est une valeur importante en politique on attend des hommes politiques qu'ils disent la vĂ©ritĂ©, des citoyens qu'ils se tiennent informĂ©s de l'actualitĂ©. Mais dans la mesure oĂč l'activitĂ© politique engage des dĂ©cisions quant Ă l'avenir, la politique ne saurait se rĂ©duire Ă une science. C'est pourquoi l'efficacitĂ© d'un discours importe plus que sa vĂ©ritĂ© pour les sophistes. La politique n'est pas la simple mise en Ćuvre d'une vĂ©ritĂ© prĂ©alablement dĂ©gagĂ©e. Elle implique des convictions qui ne sont pas de l'ordre de la connaissance. Pourtant, la constitution d'un espace public implique des dĂ©bats dont l'horizon est toujours la vĂ©ritĂ©. Ainsi, pour Arendt, si la vĂ©ritĂ© n'est pas la seule valeur qui compte en politique, elle revĂȘt nĂ©anmoins une importance considĂ©rable pour distinguer les diffĂ©rentes opinions. Respecter la vĂ©ritĂ© factuelle » est une condition du dĂ©bat. Ă noter Alain insiste sur la nĂ©cessitĂ©, pour les citoyens, de s'interroger sur la vĂ©ritĂ© des discours des diffĂ©rents acteurs publics. Si le citoyen doit obĂ©ir aux pouvoirs, il doit cependant aussi s'en mĂ©fier. 2 VĂ©ritĂ© et bonheur Dans la mesure oĂč la recherche de la vĂ©ritĂ© implique un effort, elle semble s'opposer au bonheur individuel. Pourquoi chercher la vĂ©ritĂ© si celle-ci vient dĂ©ranger mon confort ? En ce sens, l'illusion paraĂźt plus douce que l'effort Ă fournir pour atteindre la vĂ©ritĂ©. Kant montre que la recherche de la vĂ©ritĂ© est aussi un effort d'Ă©mancipation de toutes les tutelles illĂ©gitimes qui prĂ©tendent dicter Ă l'individu sa conduite ou sa pensĂ©e. Il s'agit de sortir d'un Ă©tat de minoritĂ© dont nous sommes nous-mĂȘmes responsables, par paresse ou par lĂąchetĂ©. Ainsi, la vĂ©ritĂ© est un idĂ©al au sens oĂč les hommes doivent sans cesse la chercher pour ĂȘtre vĂ©ritablement libres.
Pilatesait que le jeu politique est pĂ©tri de vĂ©ritĂ©s antagonistes, il en vient Ă douter de lâexistence mĂȘme de la vĂ©ritĂ©. Or JĂ©sus vient de lui affirmer que la vĂ©ritĂ© existe : « Ma royautĂ© nâest pas de ce monde. []. Je suis nĂ© et je suis venu dans le monde pour rendre tĂ©moignage Ă la vĂ©ritĂ©. Quiconque est de la vĂ©ritĂ©La question de Pilate Ă JĂ©sus rĂ©sonne encore dans notre monde. Elle nâa certainement jamais perdu sa pertinence, et pourtant, Ă lâĂ©poque oĂč nous vivons, le doute sur la vĂ©ritĂ© est encore plus prĂ©sent. Quâest-ce que la vĂ©ritĂ©, comment lâatteindre ? Dans la question de Pilate, cela rĂ©sonne presque comme un renoncement Ă la possibilitĂ© humaine de lâapprocher. Et quâest-ce que la vĂ©rité⊠Nous avons un profond dĂ©ficit de vĂ©ritĂ©. Le problĂšme du relativisme pointĂ© par BenoĂźt XVI sâest emparĂ© de la culture gĂ©nĂ©rale constater quâaujourdâhui la question de la vĂ©ritĂ© nâest pas une affaire de ce qui est exact et de ce qui est faux, de ce qui est vrai ou de ce qui est un mensonge, mais que la question de la vĂ©ritĂ© aujourdâhui rĂ©side dans la prise de conscience gĂ©nĂ©ralisĂ©e que le concept mĂȘme de vĂ©ritĂ© nâexiste pas. La vĂ©ritĂ© nâexiste pas. Il nây a que la perception subjective, que lâĂ©motion individuelle. Seulement des rĂ©cits, des interprĂ©tations, des comprĂ©hensions qui aboutissent aux mĂȘmes faits. Chacun a sa propre vĂ©ritĂ©, chacun cherche sa propre vĂ©ritĂ©, chacun ressent sa propre vĂ©ritĂ©. Il nây a pas de vĂ©ritĂ©, par consĂ©quent il nây a pas de mensonge. Les fake news, la post-vĂ©ritĂ©, lâinfoxication comme brouillard constant qui dĂ©figure la rĂ©alitĂ© par accumulation, ne sont que lâĂ©cho de la considĂ©ration quâil nây a ni vĂ©ritĂ© ni mensonge. Lâauto-assistance sentimentale, lâĂ©motivitĂ© de lâidĂ©ologie comme argumentaire, la paresse de la rationalitĂ©, le pluralisme Ă©galitaire comme tamis pour mesurer les opinions, sont autant dâinstruments de cette nĂ©gation de lâexistence mĂȘme de la vĂ©ritĂ©. Towers © Anne Gallot Comme image parfaite, nous avons la politique, et lâabsence de toute honte ou de gĂȘne Ă vouloir changer de critĂšres, Ă maintenir des choses diffĂ©rentes et opposĂ©es. MĂȘme en affirmant le contraire de ce qui se passe, bref, en niant ce qui est rĂ©el. Et la clĂ© de la vĂ©ritĂ© dans ces dimensions nous conduit Ă nier la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Biologiquement, mais sans doute aussi socialement. On nie les faits eux-mĂȘmes en les interprĂ©tant et en les racontant en fonction de ses propres intĂ©rĂȘts. La rĂ©alitĂ© est niĂ©e pour ĂȘtre transformĂ©e en une concatĂ©nation dâinterprĂ©tations, de versions et de rĂ©cits qui dĂ©figurent lâexistant afin de le prĂ©senter selon une vision intĂ©ressĂ©e, individuelle ou idĂ©ologique. Le rĂ©el nâexiste pas car il nây a aucun moyen de le saisir communĂ©ment. Câest lâatomisation et lâindividualisme du libĂ©ralisme Ă©levĂ© au rang dâĂ©pistĂ©mologie. Câest Ockham, Descartes et Kant qui dĂ©passent la nature elle-mĂȘme, la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme, les faits eux-mĂȘmes. Rien nâest vrai et rien nâest un mensonge, tout dĂ©pend de la couleur du verre Ă travers lequel une personne le regarde. Ou ce que chacun pense. Ou ce que chacun veut quâil soit. Dans ces conditions, cela nâa aucun sens de lever lâĂ©pĂ©e pour avoir dit que lâherbe Ă©tait verte. Il nây a pas dâhommes et de femmes mais plutĂŽt des choses plurielles racontĂ©es Ă partir dâune Ă©motivitĂ© subjective, personnelle et changeante. Il nây a pas de faits, seulement des mots qui les racontent et les interprĂštent. Seuls les sentiments traduisent ce que lâon pense savoir et deviennent le critĂšre de jugement de tout. Affirmer cela suppose aussi que celui qui vit, saisit et comprend Ă©motionnellement ne sait pas distinguer â lorsquâon affirme que la vĂ©ritĂ© existe et quâelle peut ne pas ĂȘtre ce que lâon pense ou ressent â que lâon ne va pas contre lui-mĂȘme personnellement. Les personnes vexĂ©es, les accusations de totalitarisme et dâextrĂ©misme. Pour avoir dit que lâherbe Ă©tait verte ou que les hommes et les femmes existaient, ou quâune sculpture invisible est une fraude. Et pourtant, tout a besoin de nuances. AprĂšs lâanalyse apocalyptique, lâantithĂšse du bon sens. Câest-Ă -dire, la soif face⊠au contraire. Avec la vĂ©ritĂ©, nous rencontrons la difficultĂ© quâelle nâest pas lĂ dĂ©posĂ©e dans une urne sacrĂ©e et brute, rĂ©pondant objectivement Ă toute rĂ©alitĂ©. Il existe des perceptions diverses, des rĂ©alitĂ©s imposĂ©es, une fragmentation des connaissances ou des informations qui nous rendent incapables de saisir la vĂ©ritĂ© telle quâelle est exprimĂ©e en elle-mĂȘme et pleinement dĂ©veloppĂ©e. Le monde est devenu plus complexe et il nâest pas possible pour un Isidore, un Albert ou un Thomas dâavoir une vision complĂšte de la rĂ©alitĂ©. Il est nĂ©cessaire dâinterprĂ©ter et de comprendre. Il faut aussi tenir compte des circonstances et des conditions du monde et, bien que lâon ne soit pas un grand croyant de lâidĂ©e du progrĂšs comme moteur de changement anthropologique â lâĂȘtre humain est ce quâil est, toujours â on comprend que lâhistoire conditionne, et que le contexte de lâhomme lâadapte. Douces VĂ©ritĂ©s Aujourdâhui, pour aborder lâidĂ©e de vĂ©ritĂ©, nous ne pouvons pas perdre de vue que la spĂ©cialisation qui nous domine exige lâinterdisciplinaritĂ© ; que la subjectivitĂ© est une condition humaine pour saisir ce qui nous entoure ; que le relativisme du selon et du comment, des degrĂ©s et des consĂ©quences, nâest pas toujours faux et a souvent beaucoup Ă dire ; que les mots sont des moyens dâaccĂ©der Ă la rĂ©alitĂ©, mais aussi des barriĂšres impossibles Ă franchir parce que, dans une certaine mesure, ils nous sĂ©parent de ce qui est tel quâil est », mĂȘme si nous nâavons dâautre choix que dây recourir. Et pourtant, renoncer Ă lâidĂ©e de vĂ©ritĂ©, câest renoncer Ă la possibilitĂ© de se comprendre en tant quâĂȘtres humains. Si nous devions accepter quâil existe autant de vĂ©ritĂ©s que de personnes dans leurs subjectivitĂ©s Ă©motionnelles, la coexistence serait impossible. Il nây aurait pas de rĂ©alitĂ© commune Ă partager, nous finirions dans la polarisation et la confrontation sur tous les sujets, Ă©tant donnĂ© que tout serait lu, interprĂ©tĂ©, compris Ă partir de son propre point de vue. Câest presque lĂ oĂč nous mĂšne le progressisme dâaujourdâhui. Habermas vise Ă surmonter ce problĂšme Ă©vident en revenant Ă lâidĂ©e du contrat social moderne avec la thĂ©orie du dialogue pur fondĂ© sur le respect et la reconnaissance de la dignitĂ© et de la bonne volontĂ© de lâautre, oĂč nous nous accorderions sur quelques » vĂ©ritĂ©s douces » qui nous permettraient de vivre en sociĂ©tĂ© en acceptant de vivre ensemble. Le problĂšme de ces approches est double. Lâune de nature thĂ©orique â les conditions idĂ©ales sont impossibles Ă remplir, et il y a toujours quelquâun dâassez malin pour les contourner afin de gagner la discussion en utilisant la bonne volontĂ© de lâautre â et lâautre de nature pratique on renonce Ă la rĂ©alitĂ©, câest-Ă -dire quâon construit la coexistence, mais en marge de la rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ© existe. Peu importe Ă quel point lâingĂ©nierie sociale essaie de sây opposer, elle existe. Les choses existent. Et elles sont comme elles sont, pas comme nous voudrions quâelles soient. Lâherbe est verte, il y a le jour et la nuit, les hommes et les femmes. Il y a la fĂ©minitĂ© et la masculinitĂ©. Il existe une loi naturelle, un ordre donnĂ©. La condition humaine est ce quâelle est, et malgrĂ© le transhumanisme, la psychologie, la publicitĂ© et les neurosciences, les ĂȘtres humains sont ce quâils sont. Et ce nâest en aucun cas un manque de respect ou de dignitĂ© pour ceux qui disent le contraire. Le point du jour © Anne Gallot Et nâoubliez pas que la crise de la vĂ©ritĂ© nâest pas exclusivement culturelle. Ou plus exactement, elle est culturelle parce quâelle est dâabord une crise personnelle. Le social est toujours une construction et un tout du personnel â mĂȘme si le tout est plus que le rassemblement de ses parties. La vĂ©ritĂ© avec soi-mĂȘme, avec sa propre identitĂ©, avec sa propre image est la premiĂšre crise de vĂ©ritĂ©. Les dĂ©ceptions liĂ©es Ă lâĂ©motivisme, au psychologisme et au manque de rationalitĂ© partent toujours du fait que lâhomme dâaujourdâhui semble incapable de sâaccepter tel quâil est. Avec ses limites, ses faiblesses et ses dĂ©ficiences. Aussi avec ses potentiels et ses richesses. Incapable â dans un Ă©cho rĂ©volutionnaire et moderne â dâaccepter la culture reçue, ce qui a Ă©tĂ© hĂ©ritĂ©, avec tous les besoins de changement que cela comporte, qui ne sont pas peu nombreux. Ce nâest pas accepter cet homme dĂ©jĂ postmoderne ou transmoderne, incapable de se faire tel quâil voudrait ĂȘtre idĂ©alement â sous les messages marketing de ce quâest rĂ©ellement cet idĂ©al pour le marchĂ© et la consommation⊠Il y a dans tout cela un Ă©cho biblique qui nous conduit Ă lâidolĂątrie de lâĂ©goĂŻsme, Ă lâidolĂątrie dâun moi qui nâaccepte pas lâidĂ©e dâĂȘtre une crĂ©ature, de ne pas ĂȘtre maĂźtre de soi. Comme lâa dit Donoso CortĂ©s, nous ne pouvons pas perdre de vue quâau cĆur de tout dĂ©bat social se trouve une question thĂ©ologique. Et avec la question de la vĂ©ritĂ© plus que toute autre. Article publiĂ© par Vicente Niño le 27 juin 2021 sur El Debate de Hoy Traduit de lâespagnol par CM
Douterce n'est pas renoncer Ă la vĂ©ritĂ© a. Le doute comme instrument de la sagesse Il est parfois nĂ©cessaire de douter pour que certaines vĂ©ritĂ©s sâĂ©tablissent. Si le doute sceptique est lâĂ©quivalent de lâĂ©pochĂš des Grecs, câest-Ă -dire Ă©quivalent Ă la « suspension du jugement », câest parce que la vĂ©ritĂ© est trop difficile Ă trouver pour que nous puissions y
Dans un grand livre sur lâĂ©thique de la pensĂ©e, Pascal Engel se demande ce quâil faut de plus au croire pour savoir. Il montre que les vices intellectuels consistent Ă ne pas reconnaĂźtre nos raisons et nos normes Ă©pistĂ©miques, lesquelles sont autonomes par rapport aux raisons pratiques. Pascal Engel, Les vices du savoir. Essai dâĂ©thique intellectuelle. Agone, 616 p., 26 ⏠Dans le premier de ses grands livres consacrĂ©s Ă la logique ou, plus prĂ©cisĂ©ment, Ă la philosophie de la logique, La norme du vrai, il y a exactement trente ans, Pascal Engel accordait aux notions de vĂ©ritĂ© et de signification une place centrale. Il ne se contentait pas alors dâinventorier des formes, il se prĂ©occupait avant tout dâanalyser leurs conditions dâapplication au langage, Ă la pensĂ©e et Ă la rĂ©alitĂ©. Il nâest pas inexact, je crois, de dire que son nouvel ouvrage, dâune exceptionnelle densitĂ© et dâune admirable Ă©rudition, reprĂ©sente lâachĂšvement, certes provisoire, dâun programme de travail explorĂ© dans dâautres travaux â notamment dans une importante synthĂšse, La vĂ©ritĂ© 1998, dans son dialogue avec Richard Rorty, Ă quoi bon la vĂ©ritĂ© ? 2005, dans sa ferme rĂ©futation dâune Ă©pistĂ©mologie contextualiste et relativiste, Va savoir ! De la connaissance en gĂ©nĂ©ral 2007, dans la savoureuse introduction aux principaux problĂšmes de la philosophie des sciences, ĂpistĂ©mologie pour une marquise 2011, et, enfin, dans Les lois de lâesprit 2012, qui, Ă travers une analyse des engagements fondamentaux de Julien Benda, proposait un riche portrait en creux de Pascal Engel. Si Les vices du savoir poursuit donc un projet dâune rare cohĂ©rence, on aurait cependant grandement tort de ne pas mesurer sa radicale nouveautĂ© â nouveautĂ© qui accentue le regret de lâabsence dâun index nominum, dont lâauteur nâest Ă©videmment pas responsable. Cette nouveautĂ© rĂ©side dans lâĂ©laboration des principes dâune Ă©thique intellectuelle, autrement dit de normes pour la pensĂ©e, dont lâindĂ©pendance au regard de lâĂ©thique en gĂ©nĂ©ral et de lâĂ©pistĂ©mologie est fortement dĂ©gagĂ©e. Au-delĂ de cette construction thĂ©orique, Pascal Engel montre que sâopposer Ă la domination des puissants implique, pour la dĂ©mocratie, une dĂ©fense intransigeante de la notion de vĂ©ritĂ©. Normes et raisons du croire lâĂ©thique premiĂšre de la croyance Si lâautonomie de lâĂ©thique intellectuelle constitue lâaffirmation centrale du livre, la distinction entre ses deux niveaux est particuliĂšrement heuristique. Le premier dĂ©finit les conditions de la conformitĂ© et de la correction de la croyance. Pascal Engel dĂ©fend lâĂ©videntialisme, câest-Ă -dire, dans la perspective de William Clifford, la thĂšse selon laquelle on doit toujours croire sur la base des preuves ou des donnĂ©es disponibles. Si lâauteur sâĂ©loigne de la coloration moralisatrice que Clifford attachait Ă sa maxime, il ne refuse pas pour autant lâidĂ©e que certaines Ă©valuations Ă©pistĂ©miques ont une dimension Ă©thique. Sa position dĂ©fend conjointement lâidĂ©e de normes et de valeurs partiellement communes entre Ă©pistĂ©mologie et Ă©thique et le refus de lâinclusion de la premiĂšre dans la seconde. Câest lâun des enjeux de ce livre que de montrer la possibilitĂ© de la corrĂ©lation entre des domaines nĂ©anmoins indĂ©pendants. Pascal Engel refuse Ă la fois la coupure radicale entre Ă©thique et Ă©pistĂ©mologie que propose le positivisme dâun cĂŽtĂ© la recherche du vrai, de lâautre celle du bonheur et du bien et lâunification des deux que proposent des conceptions eudĂ©moniques, dont les conceptions aristotĂ©licienne et chrĂ©tienne. Cette Ă©thique premiĂšre doit surmonter trois dĂ©fis le problĂšme normatif, le problĂšme du volontarisme et le problĂšme de la justification. Le premier porte sur la question de savoir si les Ă©valuations dans le domaine cognitif doivent ĂȘtre envisagĂ©es en termes dĂ©ontiques câest-Ă -dire dâobligations ou en termes tĂ©lĂ©ologiques câest-Ă -dire de buts. Le deuxiĂšme, crucial Ă nâen pas douter, consiste Ă se demander si nous pouvons croire volontairement auquel cas nous serions responsables de nos croyances. Enfin, le troisiĂšme concerne les modalitĂ©s de la justification Ă©pistĂ©mique peut-elle emprunter dâautres voies que celle des preuves ou des donnĂ©es qui lâĂ©tayent ?. Pascal Engel © D. R. Pascal Engel rejette lâidĂ©e quâil puisse exister une acrasie Ă©pistĂ©mique une faiblesse de la volontĂ© je crois ce que je ne devrais pas croire et dĂ©fend corrĂ©lativement lâargument de la transparence, socle de lâĂ©videntialisme normatif, selon lequel quand on se demande si lâon croit que P, on cherche spontanĂ©ment Ă savoir si P est le cas », argument liĂ© Ă deux propriĂ©tĂ©s de nos croyances, leur rationalitĂ© et lâautoritĂ© que nous avons sur la question de savoir quelles sont nos propres croyances ». En dâautres termes, la norme de vĂ©ritĂ© est la meilleure explication de cette transparence de la croyance Ă la vĂ©ritĂ©. Quant Ă la possible existence dâobligations Ă©pistĂ©miques, malgrĂ© de nombreuses objections, soigneusement examinĂ©es, elle est dictĂ©e par la maniĂšre dont les normes rĂ©gulent la dĂ©libĂ©ration sur des croyances, mĂȘme si ces obligations ne peuvent ĂȘtre assimilĂ©es Ă des prescriptions. DĂšs lors, la justification Ă©pistĂ©mique, quoi que puissent en penser les pragmatistes, ne peut faire lâĂ©conomie de lâaffirmation de normes Ă©pistĂ©miques, telles que celles de vĂ©ritĂ© et de savoir. Il sâagit de normes constitutives qui dĂ©terminent donc un idĂ©al, autrement dit ce que la croyance devrait ĂȘtre pour tout individu rationnel capable dâen avoir le concept ». Les croyances religieuses Ă©chappent-elles Ă ces contraintes ? Pascal Engel estime que lâon ne comprend pas la nature de la croyance si on est obnubilĂ© par la question de la religion. Et, corrĂ©lativement, que lâon ne comprend pas bien la nature de la croyance religieuse si on la dĂ©tache des divers modes et opĂ©rations de notre facultĂ© doxastique. LâĂ©videntialisme peut-il sâappliquer Ă ces contraintes ? Deux types dâobjections peuvent ĂȘtre soulevĂ©s. Le premier, que Pascal Engel nomme diffĂ©rentialisme, consiste Ă affirmer que la croyance religieuse est distincte des croyances ordinaires quâelles soient quotidiennes ou scientifiques. Le second, assimilationniste, soutient au contraire quâil y a bien des choses en commun entre ces croyances mais, le plus souvent, refuse le mode de justification propre aux croyances ordinaires mĂȘme si la variĂ©tĂ© des positions nâautorise guĂšre cette gĂ©nĂ©ralisation. Lâauteur sâintĂ©resse essentiellement Ă cette seconde objection se soumet-elle vraiment Ă lâĂ©videntialisme ? Dans la mesure oĂč ce dernier est fondĂ© sur le principe de transparence et de cohĂ©rence de la croyance, il dĂ©fend lâexclusivitĂ© par rapport aux raisons pratiques des raisons Ă©pistĂ©miques de croire on ne peut pas, au sens normatif, croire pour des raisons autres quâĂ©pistĂ©miques. En outre, il refuse la commensurabilitĂ© des raisons pratiques et Ă©pistĂ©miques. Or lâassimilationniste fait appel Ă la confiance il se rĂ©fĂšre souvent Ă des certitudes primitives », laquelle recourt lĂ©gitimement Ă la raison pratique. Cette perspective doit beaucoup Ă la sociologie durkheimienne, qui relĂšgue les croyances au second plan pour privilĂ©gier les pratiques. On ne saurait dĂšs lors considĂ©rer quâelle se soumet aux critĂšres de lâĂ©videntialisme puisquâelle se soustrait Ă lâexigence de preuves et ne vise pas Ă dĂ©terminer en quoi nos croyances peuvent ĂȘtre des connaissances. Les raisons pratiques de croire, notamment fondĂ©es sur lâespoir ou la consolation, ne sont pas de bonnes » raisons et, en rĂ©alitĂ©, ne sont pas, du point de vue Ă©videntialiste, des raisons du tout. Ă lâĂ©videntialisme normatif, sorte de mĂ©taphysique des mĆurs, pour utiliser un vocabulaire kantien, Engel adjoint une doctrine de la vertu, soit une Ă©thique seconde de la croyance. Il faut souligner la distance entre lâidĂ©e aristotĂ©licienne de vertu intellectuelle et cette Ă©thique seconde, qui met en avant les notions stoĂŻciennes de raison et de normes. Une thĂ©orie des vertus intellectuelles lâĂ©thique seconde de la croyance LâĂ©videntialisme normatif est compatible, selon lâauteur, avec lâidĂ©e quâil peut y avoir une forme dâagir Ă©pistĂ©mique qui ne nous rende pas complĂštement irresponsables de nos croyances ». Reste Ă dĂ©terminer comment nous pouvons avoir une connaissance des normes, et des raisons de les accepter ou non. En dâautres termes, quelles peuvent ĂȘtre nos raisons de croire et quel lien entretiennent-elles avec nos raisons dâagir ? Le point de vue de Pascal Engel se construit contre le pragmatisme, du moins une certaine conception de celui-ci qui Ă©pargne Peirce, dont les thĂšses principales sont les suivantes 1. Une raison de croire peut ĂȘtre un motif pour une action thĂšse de la commensurabilitĂ© selon laquelle on est fondĂ© Ă comparer les raisons de croire et les raisons dâagir et, corrĂ©lativement, Ă accepter que des raisons pratiques puissent lâemporter sur des raisons thĂ©oriques. 2. Les raisons dâagir Ă©tant fondamentalement constituĂ©es par des dĂ©sirs, les croyances sont des instruments en vue dâune fin pratique. 3. Les normes et les valeurs sont des expressions de nos dĂ©sirs et de nos buts. 4. Il ne peut exister de justification qui soit exclusivement Ă©pistĂ©mique. 5. La rationalitĂ© de nos actions comme de nos croyances est essentiellement dĂ©terminĂ©e par nos buts. 6. Croyances et jugements sont exclusivement des dispositions Ă lâaction. 7. La vĂ©ritĂ© est une notion mince et non une notion mĂ©taphysique substantielle. Ă de nombreux Ă©gards, nous venons ci-dessus de rĂ©sumer la vulgate philosophique dominante. Engel lui oppose une Ă©thique dite seconde qui se prĂ©occupe du passage des normes de la croyance Ă leur rĂ©gulation dans lâenquĂȘte Ătre vertueux [âŠ] Ă©pistĂ©miquement, câest dâabord ĂȘtre respectueux des raisons et câest ensuite ĂȘtre gouvernĂ© par les normes Ă©pistĂ©miques dans ses enquĂȘtes ». La vĂ©ritĂ© sortant du puits, par Jean-LĂ©on GĂ©rĂŽme 1896 Il faut insister sur la conception de lâenquĂȘte dĂ©fendue par lâauteur. Celui-ci a rĂ©cemment, ici mĂȘme [1], soulignĂ© la diffĂ©rence entre savoir et enquĂȘter. Le pragmatisme privilĂ©gie lâenquĂȘte ou, plus prĂ©cisĂ©ment, le savoir comme enquĂȘte. Pour lui, la connaissance est apprentissage, processus, rĂ©vision par lâexpĂ©rience. Aucune certitude nâest ainsi Ă lâabri des rĂ©visions. Il existe pourtant une lĂ©gitimitĂ© de lâenquĂȘte, dont on trouve le paradigme chez Descartes, qui ne sacrifie pas les normes Ă la description de la pratique il sâagit alors de donner des principes absolument certains et infaillibles sur lesquels fonder la science voir le chapitre consacrĂ© Ă Descartes. Pascal Engel lâĂ©crivait dans son livre sur Benda La valeur de la science nâest pas dans ses rĂ©sultats, lesquels peuvent faire le jeu du pire immoralisme, mais dans sa mĂ©thode, prĂ©cisĂ©ment parce quâelle enseigne lâexercice de la raison au mĂ©pris de tout intĂ©rĂȘt pratique [2] ». On ne peut donc accepter que les normes qui gouvernent nos descriptions du monde soient Ă©valuĂ©es Ă lâaune de leur utilitĂ© sociale et non de leur relation Ă la vĂ©ritĂ©. Câest dans la perspective de cette recommandation que lâauteur se livre Ă un exercice rĂ©jouissant lâinventaire des vices intellectuels â dans le prologue, il se livre Ă un pastiche de Dante destinĂ© Ă nous avertir quâil va bel et bien parler de cet Enfer. Le vice Ă©pistĂ©mique peut ĂȘtre dĂ©fini comme une insensibilitĂ© aux raisons ou aux normes. La liste est longue mĂȘme si chacun des vices rĂ©pertoriĂ©s ne subit pas le mĂȘme sort la curiositĂ©, la foutaise », le snobisme, le penser faux », la bĂȘtise. On peut sâĂ©tonner de rencontrer la curiositĂ© dans cet inventaire. Pourtant, elle peut ĂȘtre un vice lorsquâelle oriente le dĂ©sir de savoir et lâintĂ©rĂȘt en dehors de tout objectif cognitif Ă©pistĂ©mique de connaissance, mais aussi quand le curieux nâa aucune idĂ©e de ce quâil cherche ni de ce quâil est important de chercher ». Il faut sâarrĂȘter un instant sur la place rĂ©servĂ©e Ă la foutaise » ou bullshit. Si le menteur respecte la vĂ©ritĂ© et en observe les rĂšgles, le bullshitter nâen a cure. Il dit nâimporte quoi, sans se soucier de savoir si câest vrai ou faux. Donald Trump en est le parfait exemple, comme lâa montrĂ© Engel dans un travail antĂ©rieur [3]. Mais, au-delĂ , en nommant fake news toute vĂ©ritĂ© qui lui dĂ©plaĂźt, Trump applique le critĂšre pragmatiste de la vĂ©ritĂ© combinĂ© au relativisme âEst vrai ce qui me plaĂźt, faux ce qui me dĂ©plaĂźt, mais vous ĂȘtes en droit de dire de mĂȘmeâ [4] ». Ce cynisme est celui du postmodernisme pour lequel la vĂ©ritĂ© nâest quâun mot et le savoir ne peut prĂ©tendre Ă lâobjectivitĂ©. En renonçant aux idĂ©aux de vĂ©ritĂ©, de justification et de connaissance objective, on se met directement entre les mains de ceux pour qui la vĂ©ritĂ© nâest plus quâun colifichet inutile [5]â. Quant Ă la bĂȘtise, Pascal Engel en distingue deux niveaux. Un niveau de base, portant sur les compĂ©tences et la rationalitĂ© ou plutĂŽt lâabsence de compĂ©tence et de rationalitĂ© de lâagent stupide, qui consiste en des dispositions cognitives nâĂ©tant pas sous le contrĂŽle de lâagent ici dĂ©ficientes, et un second niveau, rĂ©flexif, largement sous le contrĂŽle de lâagent. Comme lâont dĂ©crit des Ă©pistĂ©mologues de la vertu comme Ernest Sosa et John Greco, ce double niveau se reproduit pour toutes les vertus et les vices. Câest au second niveau quâappartient le vĂ©ritable vice intellectuel. On peut se demander si la sociologie des sciences contemporaines nâillustre pas Ă la perfection la plupart de ces vices. Mais nous aurions tort de minimiser la responsabilitĂ© de Michel Foucault, lequel entend bĂątir une Ă©thique de la vĂ©ritĂ© sans la vĂ©ritĂ© et une gĂ©nĂ©alogie du savoir sans le savoir. Cette remarque critique est lâoccasion de souligner que, contrairement Ă Foucault qui sâintĂ©ressait avant tout au savoir dans les sciences, tout particuliĂšrement dans les sciences de lâhomme, Pascal Engel, comme il lâavait fait dans Les lois de lâesprit, accorde Ă la littĂ©rature une importance dĂ©terminante dans lâordre cognitif. Contre le constructivisme de la justification HĂ©ritiĂšre de Kuhn et de Feyerabend, la sociologie des sciences contemporaine attribue, dans lâexplication des rĂ©sultats scientifiques, une place prĂ©pondĂ©rante, pour ne pas dire unique, aux critĂšres externes, câest-Ă -dire au poids des logiques financiĂšres, politiques et technologiques. Elle adhĂšre implicitement Ă lâidĂ©e que le chercheur est animĂ©, pour lâessentiel, par des intĂ©rĂȘts professionnels. Sâil ne fait guĂšre de doute que les scientifiques recherchent une rĂ©tribution de leurs travaux, il est plus difficile dâadmettre quâils construisent une rĂ©alitĂ© en fonction de leurs convictions personnelles. Si seuls les facteurs de dĂ©termination externe jouaient un rĂŽle, il serait difficile de dĂ©cider quelles observations sont susceptibles de dĂ©partager des thĂ©ories scientifiques rivales. On en viendrait ainsi inĂ©luctablement Ă identifier la vĂ©ritĂ© au consensus. Il est, au contraire, nĂ©cessaire de dĂ©fendre lâidĂ©e que la vĂ©ritĂ© est une norme Elle est ce que visent nos enquĂȘtes et elle est liĂ©e, conceptuellement, de maniĂšre essentielle Ă des notions aussi fondamentales que celles de croyance et de connaissance [6] ». Il est impossible de fournir une thĂ©orie de la justification de nos croyances sans faire appel Ă la notion de vĂ©ritĂ©, qui est par consĂ©quent une norme Ă©pistĂ©mique inĂ©liminable [7] ». Pourtant, la position sceptique, qui menace la notion mĂȘme de valeur Ă©pistĂ©mique », est, sous lâinfluence des philosophes du soupçon, la philosophie spontanĂ©e de notre temps. La responsabilitĂ© de Foucault dans cette funeste orientation nâest pas douteuse. Sâil convient de ne pas sous-estimer lâapport de ce dernier dans le domaine de lâarchĂ©ologie des connaissances, câest-Ă -dire dans celui des conditions de production des discours sur la sexualitĂ©, la folie ou la prison, on ne doit prĂ©cisĂ©ment pas confondre ces questions des conditions dâexistence du savoir avec celles, spĂ©cifiques Ă lâĂ©pistĂ©mologie, qui en dĂ©terminent les conditions de vĂ©ritĂ©. Dans un entretien de 1977, Foucault affirme que la vĂ©ritĂ© » est liĂ©e circulairement Ă des systĂšmes de pouvoir qui la produisent et la soutiennent, et Ă des effets de pouvoir quâelle induit et qui la reconduisent. RĂ©gime » de la vĂ©ritĂ© [8] ». DĂšs lors, ce ne sont pas les faits qui nous contraignent mais le rĂ©gime de vĂ©ritĂ© » de la sociĂ©tĂ© Ă laquelle nous appartenons. Ce raisonnement est idĂ©al-typique du constructivisme de la justification. Dans lâ Ă©pistĂ©mologie » de Foucault, il nâexiste aucune place pour la distinction entre ĂȘtre vrai et ĂȘtre tenu pour vrai. Il est pourtant essentiel de ne pas confondre, comme le souligne Jacques Bouveresse, le caractĂšre historiquement dĂ©terminĂ© des moyens dont nous disposons pour dĂ©cider si une proposition est vraie ou fausse avec la vĂ©ritĂ© ou la faussetĂ© de la proposition, qui peut trĂšs bien ĂȘtre dĂ©terminĂ©e sans que nous y soyons pour quelque chose [9] ». Nous sommes donc pleinement dâaccord avec Engel lorsque, contre la notion de rĂ©gime de vĂ©ritĂ© », il Ă©voque le triangle assertion-vĂ©ritĂ©-croyance, qui, prĂ©cise-t-il, nâest pas une configuration sociale particuliĂšre, produit de conventions, mais la situation de base, celle qui dĂ©termine les autres et en est la condition ». Il poursuit Les usages de ce triangle peuvent changer les gens peuvent dĂ©sirer la vĂ©ritĂ© et la connaissance, ou la mĂ©priser. [âŠ] Mais quoi quâils fassent, ce systĂšme est en place ». Engel lâavait rappelĂ© dans un ouvrage antĂ©rieur Valoriser la vĂ©ritĂ©, ce nâest pas vouloir croire ce quâil est utile ou intĂ©ressant de croire, câest valoriser une norme qui est capable de transcender ces intĂ©rĂȘts [10] ». Il nâexiste cependant nulle obligation de dire ou de croire ce qui est vrai. Ce qui est exigĂ© ne relĂšve pas de la morale. Il sâagit seulement dâaccepter, mais câest essentiel, que le vrai puisse ĂȘtre la norme de nos pratiques discursives, aussi bien dans la vie quotidienne que dans les sciences [11] ». Il est certainement plus aisĂ© de dĂ©fendre les valeurs de solidaritĂ©, de tolĂ©rance ou de libertĂ© si lâon attribue Ă la vĂ©ritĂ©, plutĂŽt quâune valeur instrumentale, une valeur substantielle. On pourrait mĂȘme craindre que lâabandon de la distinction entre justification et vĂ©ritĂ© conduise inĂ©luctablement Ă la disparition de cette derniĂšre. On voit mal ce que la dĂ©mocratie aurait Ă y gagner. En revanche, nous voyons parfaitement lâimmense intĂ©rĂȘt de ce livre dĂ©cisif. Pascal Engel, Savoir et enquĂȘter », En attendant Nadeau, juillet 2019. Pascal Engel, Les lois de lâesprit, Ithaque, 2012, p. 136-137. Pascal Engel, La leçon de philosophie du prĂ©sident Trump », AOC, 8-1-2019 Ibid. Entretien avec Pascal Engel Ă lire en suivant ce lien. Pascal Engel, La vĂ©ritĂ©, Hatier, 1998, p. 75. Ibid., p. 78. Entretien avec Michel Foucault », in Dits et Ă©crits, Gallimard, 1994-2001, p. 160. Un rĂ©gime de vĂ©ritĂ© » est constituĂ© par un systĂšme Ă©pistĂ©mique les rĂšgles de justification des Ă©noncĂ©s et par les dispositifs de pouvoir dans lesquels il sâinscrit. Jacques Bouveresse, LâobjectivitĂ©, la connaissance et le pouvoir » in Didier Ăribon dir., LâinfrĂ©quentable Michel Foucault, EPEL, 2001, p. 141. Pascal Engel, La vĂ©ritĂ©, op. cit., p. 78. Pascal Engel et Richard Rorty, Ă quoi bon la vĂ©ritĂ© ?, Grasset, 2005, p. 42. Tous les articles du n° 86 dâEn attendant Nadeau
Douterserait abandonner la vĂ©ritĂ©. Le scepticisme, est une doctrine selon laquelle la raison humaine ne peut pas trouver de rĂ©ponses sĂ»res concernant les questions philosophiques et les Ă©nigmes de lâunivers, la vĂ©ritĂ© est une science inexacte.Le nihilisme est une thĂ©orie philosophique qui affirme l'absurditĂ© de la vie, lâinexistence de la morale et de la vĂ©ritĂ©. On associe souvent, Ă tort, comme des corollaires, le pessimisme et le scepticisme au nihilisme. Car le vrai nihilisme consiste Ă ne croire en rien, Ă ne croire en aucune positivitĂ©. Câest Nietzsche qui a le premier pointĂ© le nihilisme comme lâennemi des civilisations modernes, lâaccusant des ruiner les fondements de la morale. Histoire du nihilisme Nihilisme » vient du latin nihil, rien, ce qui n'existe pas. Le terme fait son apparition chez Tourgueniev chez lequel le nihilisme est utilisĂ© pour dĂ©crire le scientisme brut. Ce terme apparaĂźt en Russie fin 19Ăš, et est connotĂ© politiquement, associĂ© Ă un mouvement rĂ©volutionnaire qui a rejetĂ© l'autoritĂ© de l'Ătat, de lâĂglise et de la famille. Bakounine, le penseur anarchiste, a dĂ©clarĂ© la passion pour la destruction est aussi une passion crĂ©ative! ». Lâanarchisme est nihiliste car il refuse que lâautoritĂ© ait sa source dans la religion et lâEtat. PrĂŽnant une Ă©thique de la subversion, le mouvement a fini par faire lâapologie du terrorisme politique. Avant le 19Ăš siĂšcle, le nihilisme prend ses racines dans le scepticisme antique. Parce qu'ils refusent la certitude, les sceptiques dĂ©noncent les vĂ©ritĂ©s aussi bien que les opinions. Dâun point de vue Ă©pistĂ©mologique, le scepticisme conduit au nihilisme, Ă lâabsence de possibilitĂ© de la vĂ©ritĂ©. Stirner est un des premiers philosophes nihilistes. Pour Stirner, la rĂ©alisation de la libertĂ© individuelle est la seule loi, et l'Etat, qui met en pĂ©ril la libertĂ©, doit ĂȘtre dĂ©truit. Nietzsche et le nihilisme Pour la morale de Nietzsche, il n'y a pas d'ordre objectif dans le monde, sauf celui que nous lui donnons. Pour lui, le nihilisme demande un rejet radical de toutes les valeurs et de tout sens Le nihilisme est non seulement la croyance que tout mĂ©rite de pĂ©rir, mais quâil faut dĂ©truire ». Cette destruction du sens est une force destructrice dans l'histoire, source de la plus grande crise de l'humanitĂ© et du dĂ©clin de la culture europĂ©enne. LadĂ©monstration est un procĂ©dĂ© permettant de conclure la vĂ©ritĂ© dâune proposition Ă partir de prĂ©misses vraies. Mais pour Ă©tablir la vĂ©ritĂ© des ses prĂ©misses, il faudrait Ă leur tour les dĂ©montrer, ce qui nous engagerait dans une rĂ©gression sans fin, chaque prĂ©misse dĂ©montrĂ©e sâappuyant sur des prĂ©misses antĂ©rieures.