Douter c’est renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© Qui aurait l’idĂ©e de remettre en question l’existence du sol sur lequel nous marchons, de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons. Ces choses sont Ă©videntes et en douter reviendrait tout simplement Ă  nier la rĂ©alitĂ©. Faut-il en dĂ©duire pour autant que le doute et la vĂ©ritĂ© sont toujours opposĂ©s ? Introduction Dans la Bible, JĂ©sus accomplit ce miracle de marcher sur les eaux d'un lac, puis invite son disciple Pierre Ă  le suivre. Celui-ci pose un pied sur l'eau, hĂ©site, puis s'enfonce. JĂ©sus lui reproche alors "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu doutĂ©?". Dans cet Ă©pisode, le doute est prĂ©sentĂ© comme une faiblesse digne de blĂąme. A l'inverse, c'est la foi qui apparaĂźt comme une vertu. Pierre a manquĂ© du courage d'admettre la vĂ©ritĂ©. Il est vrai que celui qui est incertain et irrĂ©solu avoue ainsi qu'il ne se sent pas capable de connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Mais d'un autre cĂŽtĂ©, le doute peut apparaĂźtre comme une force. Celui qui ne doute pas est peut-ĂȘtre persuadĂ©, lui, de connaĂźtre le vrai, mais il renonce ainsi Ă  chercher. Le doute doit-il donc apparaĂźtre comme un renoncement, ou au contraire comme la condition de toute connaissance? I. Le doute sceptique Certains usages du doute s'apparentent Ă  un renoncement Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©, mĂȘme Ă  un refus de la voir. Le doute peut passer Ă  premiĂšre vue pour une faiblesse, une dĂ©faite de la pensĂ©e. Douter, c'est reconnaĂźtre que l'on ne sait pas et que l'on ne parvient pas Ă  atteindre la vĂ©ritĂ©. Douter, c'est avouer que l'on ne sait pas. Lorsque le doute prend la forme d'une conclusion, il tĂ©moigne alors d'un renoncement. On renonce, devant la difficultĂ© d'un problĂšme, ou parce que l'on ne se sent pas les moyens de le rĂ©soudre. Le doute tĂ©moigne alors d'une incapacitĂ©, d'une impuissance. Les philosophes sceptiques, disciples de Pyrrhon, considĂšrent justement que l'esprit humain est incapable d'atteindre aucune connaissance certaine. La devise sceptique peut alors se rĂ©sumer dans la question de Montaigne "que sais-je?", mĂȘme pas dans l'affirmation "je ne sais rien", parce que ce serait reconnaĂźtre que l'on sait au moins une chose. Leur attitude, plus prĂ©cisĂ©ment que le doute, est celle de la suspension du jugement dans l'incertitude, on s'abstient de juger, c'est-Ă -dire d'affirmer. Ce doute est la conclusion de leur recherche. AprĂšs avoir cherchĂ© Ă  acquĂ©rir le savoir, le sceptique admet qu'il est impossible de parvenir Ă  des conclusions certaines. Son attitude sera donc dĂ©sormais celle du doute. La dĂ©marche du sceptique est bien une tentative qui aboutit Ă  un renoncement. Le doute fait suite Ă  un Ă©chec de la connaissance. Mais le scepticisme absolu, douter de tout, est impossible Ă  mettre en pratique dans la vie courante. On ne peut pas vivre normalement si l'on doute de tout. Certaines certitudes sont indispensables Ă  la vie quotidienne. Pourquoi sortir de son lit si l'on doute sĂ©rieusement que le monde existe? Le sceptique pourrait bien ĂȘtre accusĂ© de refuser, en rĂ©alitĂ©, certaines vĂ©ritĂ©s Ă©videntes. II. Le doute mĂ©thodique Douter de tout, ce n'est pas renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, c'est plutĂŽt vouloir affirmer une vĂ©ritĂ©, Ă  savoir qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ©. Cette dĂ©marche est contradictoire. On renonce Ă  chercher, mais on ne renonce pas totalement Ă  affirmer. Cependant, un autre usage du doute est possible, lorsque le doute est employĂ© comme mĂ©thode, comme moyen, et non considĂ©rĂ© comme une fin en soi. Descartes met en Ɠuvre ce doute mĂ©thodique dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques. Son but dĂ©clarĂ© est de distinguer, parmi se opinions, lesquelles sont vraies. Il veut identifier les connaissances que l'on peut tenir pour vraies sans aucun risque d'erreur. Dans ce but, il commence par mettre en doute toutes ses connaissances, afin de voir si certaines rĂ©sistent Ă  toutes les objections imaginables. Il reprend les arguments sceptiques les plus forts, invente d'autres arguments encore plus redoutables. Les opinions qui rĂ©sisteront Ă  ces arguments-lĂ  pourront ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme vraiment indubitables. Le doute cartĂ©sien est donc bien diffĂ©rent du doute sceptique. Il est un moyen, et non une fin en soi. Descartes n'est pas comme les sceptiques "qui ne doutent que pour douter". Douter n'est pas le but, c'est au contraire le signe d'un besoin de vĂ©ritĂ©s certaines. C'est un doute provisoire. Tandis que pour le sceptique, le doute prend la forme d'une conclusion dĂ©finitive, chez Descartes, il n'est qu'un moment de la rĂ©flexion au service de la vĂ©ritĂ©. Le doute n'est donc pas forcĂ©ment le signe d'un abandon. Au contraire, il est le signe d'un esprit qui cherche, et ne s'endort pas sur ses certitudes. Il n'est pas le signe d'une faiblesse, mais plutĂŽt d'une ferme volontĂ© d'aboutir. III. Le doute comme travail Le doute de Descartes est une mĂ©thode qui lui permet d'aboutir Ă  des connaissances certaines. D'abord, la premiĂšre l'Ă©vidence de sa propre existence, "je pense, donc je suis". On pourra trouver que c'est peu. A partir de lĂ , Descartes dĂ©couvre l'existence de Dieu comme certaine, selon lui. On pourra se dire que le sceptique avait davantage que Descartes raison d'ĂȘtre prudent. Faut-il revenir au scepticisme? On peut dĂ©finir autrement le doute, si l'on s'interroge sur la nature de la vĂ©ritĂ©. Alain, dans un texte sur le fanatisme, montre le doute, non plus comme une conclusion scepticisme ni comme un moyen provisoire que l'on utilise une fois puis que l'on abandonne dĂšs que l'on a trouvĂ© ce que l'on cherchaitDescartes, mais comme un travail constant de l'esprit. Sa conception du doute repose sur une certaine idĂ©e de la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© est toujours complexe, par consĂ©quent, il faut sans cesse douter, sans cesse mettre en question son opinion, sans quoi on perd de vue la complexitĂ© des problĂšmes et l'on caricature. Le fanatisme est une forme de dogmatisme. Il croit avoir trouvĂ© la vĂ©ritĂ©, et ne la met plus en question. C'est une "pensĂ©e raidie", figĂ©e, immobilisĂ©e, alors que la pensĂ©e doit toujours ĂȘtre vivante, doit ĂȘtre animĂ©e par le doute. La pensĂ©e fanatique est unilatĂ©rale, elle ne voit qu'un cĂŽtĂ©, alors qu'il faut penser en se mettant Ă  la place des autres, en essayant d'adopter aussi le point de vue de l'adversaire. Ainsi, quand on explique un texte, il ne s'agit pas de le contredire, mais de faire sienne la pensĂ©e de l'auteur, ce qu'on appelle comprendre. La pensĂ©e doit toujours ĂȘtre vivante, en mouvement. Si elle s'immobilise, elle devient une pensĂ©e morte, usĂ©e, elle se schĂ©matise. Elle devient caricaturĂ©e, elle perd sa nuance. On n'a plus une "pensĂ©e vivante" mais un "cadavre de vĂ©ritĂ©" Gide. Le fanatique, reconnaĂźt Alain, dĂ©fend parfois de belles idĂ©es. Par exemple, la libertĂ© est un bel idĂ©al. Mais si l'on dĂ©cide que la libertĂ© est Ă  dĂ©fendre Ă  n'importe quel prix, et que l'on cesse de chercher Ă  la penser pour la dĂ©fendre, cela devient dangereux. En effet, il faut savoir de quelle libertĂ© on parle la libertĂ© consiste-t-elle Ă  faire tout ce que l'on veut, Ă  faire n'importe quoi? Le mot libertĂ© est sĂ©duisant, il nous plaĂźt, l'homme politique qui le prononce s'attire la sympathie de la foule. Mais il faut pour cette raison se mĂ©fier de ces mots-lĂ . Brandis comme des Ă©tendard, des emblĂšmes, ils deviennent des idoles que l'on dĂ©fend sans plus savoir ce qu'ils signifient. "Nous devons rappeler que la libertĂ© commence Ă  ĂȘtre une enseigne menteuse dĂšs qu'elle se fige en idĂ©e et qu'on se met Ă  dĂ©fendre la libertĂ© plutĂŽt que les hommes libres" Merleau-Ponty, Humanisme et Terreur. Celui qui se passionne pour une idĂ©e qu'il croit vraie s'aveugle, oublie de la mettre en question. Au lieu de crier "vive la libertĂ©!", Alain recommande de toujours avoir Ă  l'esprit le questionnement sur la nature de la libertĂ©. Une idĂ©e, alors mĂȘme qu'elle n'Ă©tait pas fausse, le devient lorsque l'on cesse de la mĂ©diter et que l'on se contente de la rĂ©citer. Par exemple, la pensĂ©e de Marx, questionnement complexe sur l'Ă©conomie et la politique, une fois rĂ©duite Ă  quelques slogans simplistes, n'a plus rien d'une pensĂ©e vivante. Il faut donc que le doute creuse toujours. On voit ici la diffĂ©rence entre Alain et Descartes pour Alain, le doute doit ĂȘtre constant, il est un effort toujours renouvelĂ©. Ce doute traduit sans doute un renoncement Ă  l'idĂ©e que l'on peut atteindre, une fois pour toutes, une vĂ©ritĂ© indubitable et se reposer sur elle. Mais il n'est pas synonyme de renoncement Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©. Il suppose au contraire que la vĂ©ritĂ© consiste dans ce mouvement mĂȘme de chercher, puisque c'est lorsque l'on cesse de chercher que l'on tombe dans l'erreur. Le doute est ainsi la condition de la vĂ©ritĂ©. Conclusion "Il n'y a que les fols certains et rĂ©solus", Ă©crivait Montaigne Essais, I, 26. C'est qu'en effet l'absence de doute, l'absence de questionnement reflĂšte un mauvais usage de la raison. Ainsi, le dogmatique s'accroche Ă  une vĂ©ritĂ©, mais renonce du coup Ă  chercher plus loin. Mais ce doute ne doit pas ĂȘtre une simple Ă©tape provisoire Descartes. Il ne doit pas non plus coĂŻncider avec l'idĂ©e que rien ne peut ĂȘtre connu, qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ©, et qu'il ne vaut donc pas la peine de chercher. Au contraire de cette attitude paresseuse, le doute doit ĂȘtre un travail permanent de l'esprit pour ne pas se reposer sur des idĂ©es tenues pour acquises une fois pour toutes. Note 1. "On peut bien faire dire extĂ©rieurement Ă  sa bouche, qu'on doute de la rĂ©alitĂ© du monde, parce qu'on peut mentir; mais on ne le peut pas faire dire Ă  son esprit" Arnauld et Nicole, la Logique ou l'art de penser, premier discours.
Douter est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Dans l’usage courant le mot douter se rapporte Ă  une interrogation, un manque de certitude ou une mĂ©fiance quant ? la sincĂ©ritĂ© de quelque chose ou quelqu’un. Le doute revient ? admettre qu’on ne sait pas. Le verbe renoncer se rattache Ă  un abandon et un dĂ©sistement. La vĂ©ritĂ© a ici un sens plus complexe.
Cours vidĂ©o + quizz la VĂ©ritĂ© F. Grolleau " A quoi reconnaĂźt-on la vĂ©ritĂ© ?" 1. Quelle diffĂ©rence peut-on Ă©tablir entre rĂ©alitĂ© et vĂ©ritĂ© ? a ce sont deux synonymes, il n'y a aucune distinction Ă  effectuer b la rĂ©alitĂ© est certaine, la vĂ©ritĂ© est relative c le rĂ©el est divers et matĂ©riel, la vĂ©ritĂ© est une et indiscutable 2. Pourquoi l'intuition d'une vĂ©ritĂ© est-elle intransmissible ? a elle est discutable b elle est faillible c elle ne peut ĂȘtre exprimĂ©e par les mots 3. En quoi la vĂ©ritĂ© s'oppose -t elle Ă  l'opinion ? a la vĂ©ritĂ© est une et l'opinion est multiple b la vĂ©ritĂ© comprend toutes les opinions possibles c la vĂ©ritĂ© refuse la valeur indiscutable de l'opinion 4. Pourquoi est-il faux d'affirmer que le doute s'oppose Ă  la perception de la vĂ©ritĂ© ? a le doute est la seule vĂ©ritĂ© possible b le doute se prĂ©sente comme une Ă©tape nĂ©cessaire de remise en question c la vĂ©ritĂ© conduit nĂ©cessairement Ă  douter 5. Pourquoi le raisonnement mathĂ©matique peut-il apparaĂźtre comme un modĂšle de vĂ©ritĂ© ? a les maths sont adaptables Ă  tous les domaines de l'existence b les maths sont toujours raison c ces raisonnements semblent universels et indubitables 6. Pourquoi l'apparence n'est-elle pas considĂ©rĂ©e comme un critĂšre de vĂ©ritĂ© ? a il y a un Ă©cart entre ce qui nous apparaĂźt et ce qui est rĂ©ellement b l'apparence dĂ©joue l'idĂ©e de vĂ©ritĂ© car elle est seule fiable c la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© ne se soucie pas de la vĂ©ritĂ©, elle sait que la vĂ©ritĂ© se situe bien au-delĂ  7. Pourquoi le doute est-il essentiel dans la quĂȘte de vĂ©ritĂ© ? a le doute permet de rĂ©vĂ©ler la vanitĂ© de l'idĂ©e de vĂ©ritĂ© b le doute est un artifice pour justifier la vĂ©ritĂ© c le doute permet de remettre en cause les prĂ©jugĂ©s. 8. La rĂ©miniscence pour Platon, c’est a un problĂšme de mĂ©moire b l’oubli de la vĂ©ritĂ© c le ressouvenir de la VĂ©ritĂ© dĂ©jĂ  contenue en nous 9. Loin de nous faire renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, le doute cartĂ©sien a est le pire moyen pour l’atteindre b est ce par quoi on manque Ă  coup sĂ»r la vĂ©ritĂ© c est un passage obligĂ© pour atteindre la vĂ©ritĂ© - RĂ©ponses 1/ c Le rĂ©el est l'ensemble des choses existant de maniĂšre effective mais sujettes Ă  l'erreur et aux illusions de l'opinion ; supposĂ©e semblable et indubitable pour chacun, la vĂ©ritĂ© est situĂ©e au-dessus du rĂšgne du rĂ©el. 2/ c Du latin intuiteor, l'intuition est une vision mais de l'esprit, elle saisit une vĂ©ritĂ© dans son entier, sans aucune mĂ©diation physique ni discursive. Ainsi elle demeure interne Ă  l'esprit qui la dĂ©couvre. 3/ a La vĂ©ritĂ© a une prĂ©tention Ă  l'universel et ne peut se satisfaire d'une affirmation comme l'opinion , prenant l'apparence d'un jugement mais ne reposant sur aucun examen rĂ©flĂ©chi. 4/ b Le doute joue un rĂŽle essentiel dans la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© parce qu'il remet en question des certitudes parfois infondĂ©es pour les justifier ou corriger. Il est alors nĂ©cessaire au dĂ©sir de recherche de jugements justifiĂ©s. 5/ c Les mathĂ©matiques sont une discipline pure, c'est-Ă -dire dont les raisonnements s'avĂšrent purement logiques. Au XVII e siĂšcle, on les a considĂ©rĂ©s comme modĂšle de vĂ©ritĂ© puisque ces raisonnements Ă©taient les seuls Ă  garantir un consensus. 6/ a L'apparence, sensible et attachĂ©e Ă  la matiĂšre, est considĂ©rĂ©e comme rĂ©guliĂšrement en dĂ©calage avec ce qui est effectivement. Elle ne peut se prĂ©senter comme critĂšre de la vĂ©ritĂ©, bien qu'elle puisse parfois lui correspondre. 7/ c Pour qui veut parvenir Ă  la vĂ©ritĂ©, il est essentiel de vouloir justifier chacune des affirmations formulables sans se contenter du sentiment. Ainsi le doute est-il indispensable Ă  une mise en mouvement de la recherche de la vĂ©ritĂ©. 8/ d La rĂ©miniscence est, dans la pensĂ©e de Platon, l'Ă©veil par l'Ăąme des possibilitĂ©s latentes qu'elle porte en elle-mĂȘme. L'acquisition de la connaissance doit alors dĂ©buter par une re-connaissance. Cette thĂ©orie sert tout Ă  la fois Ă  dĂ©montrer l'immortalitĂ© de l'Ăąme et l'existence de rĂ©alitĂ©s intelligibles. 9/ c Le doute cartĂ©sien est provisoire, il a pour but de trouver une vĂ©ritĂ©, une certitude qui y rĂ©siste. ce qui en fait un moment nĂ©cessaire de la mĂ©thode destinĂ©e Ă  atteindre la vĂ©ritĂ©. Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous
Douter est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Obtenir ce document Extrait du document « [Introduction] L'homme ,est un animal douĂ© de raison. La cĂ©lĂšbre phrase de Descartes qui ouvre le Discours de la mĂ©thode nous le rappelle : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagĂ©e ». Diffusion du dĂ©bat enregistrĂ© le 6 octobre dans le grand amphithéùtre de la Sorbonne Ă  Paris, en public, Ă  l’occasion de la 27e Ă©dition de la FĂȘte de la science oĂč France Culture organisait le forum Les idĂ©es claires. Les invitĂ©s Jean-Claude Ameisen, mĂ©decin, chercheur, professeur d’immunologie Ă  l’UniversitĂ© Paris Diderot et producteur de l'Ă©mission Sur les Ă©paules de Darwin sur France Inter FrĂ©dĂ©ric Worms, philosophe, professeur Ă  l'ENS et directeur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporain Savez-vous quel mot a Ă©tĂ© Ă©lu mot de l’annĂ©e en 2016 par le Dictionnaire d'Oxford ? Post-truth ». Et depuis, la post-vĂ©ritĂ©, qui traduit une situation oĂč les Ă©motions et les opinions supplantent la rĂ©alitĂ© des faits, accompagne tous les discours et alimentent les dĂ©bats. Son utilisation a connu une explosion en 2016 avec le rĂ©fĂ©rundum du Brexit au Royaume Uni, et l’élection de Donald Trump aux Etats Unis. Qu’est-ce qui dans cette expression serait pertinent au point d’ĂȘtre brandi Ă  chaque tentative de dĂ©finition de notre Ă©poque ? Ou si nous prenons le problĂšme Ă  l’envers qu’est-ce qui dans le mot vĂ©ritĂ© ne suffit plus Ă  caractĂ©riser notre Ă©poque ? La post-vĂ©ritĂ© est-elle le signe d’une agonie de la notion de vĂ©ritĂ© ou le symptĂŽme de sa perte ? Le meilleur moyen d’exprimer notre inquiĂ©tude face Ă  la disparition redoutĂ©e de la vĂ©ritĂ© ? Cette inquiĂ©tude n’est pas nouvelle l’existence d’une vĂ©ritĂ© est prĂ©cisĂ©ment ce qui opposait Platon aux sophistes. On pourrait mĂȘme dire qu’elle a structurĂ© l’histoire de la philosophie et l’histoire de la pensĂ©e depuis les premiĂšres traces Ă©crites que nous en avons. Qu’est-ce qui a alors changĂ© aujourd’hui ? Faudrait-il cĂ©der aux sirĂšnes de la post-vĂ©ritĂ© et renoncer Ă  l’idĂ©e de la vĂ©ritĂ© unique et indiscutable ? Quel serait le prix intellectuel, philosophique, politique et Ă©thique Ă  payer ? Donald Trump ou l'idĂ©ologie du doute systĂ©matiqueC’est la premiĂšre fois qu’on a au sommet du pouvoir, avec Donald Trump, une idĂ©ologie du doute systĂ©matique sur la vĂ©ritĂ©. Tout autoritarisme est fondĂ© sur l’imposition d’un discours, mais je crois que jusqu’ici c’est la premiĂšre fois qu’on a au pouvoir dans une dĂ©mocratie, avec une lĂ©gitimation Ă©lectorale, un pouvoir qui dit il n’y a pas de vĂ©ritĂ©, on peut tout mettre en doute dans tous les sens. FrĂ©dĂ©ric Worms Les vĂ©ritĂ©s et les domaines de validitĂ©Pour les sciences, il y a ce qu’on appelle les domaines de validitĂ© il n’y pas la vĂ©ritĂ© » mais ce qu’on peut approcher le mieux Ă  un moment donnĂ© de la rĂ©alitĂ© dans un domaine. Un astrophysicien qui fait des dĂ©couvertes remarquables sur les galaxies n’a rien Ă  dire Ă  priori sur l’Histoire, sur la biologie du cancer ou la palĂ©ontologie. Mais ensemble, ils peuvent par contre construire une approche transdisciplinaire qui dĂ©passera chacune de ces recherches pour essayer d’avancer. C’est pour ça qu’il y a des » vĂ©ritĂ©s, la recherche de la vĂ©ritĂ© se fait et n’a de sens que si elle est falsifiable et s’opĂšre avec une mĂ©thode particuliĂšre et dans un domaine de validitĂ© particulier. Jean-Claude Ameisen AdĂšle Van Reeth, Jean-Claude Ameisen et FrĂ©dĂ©ric Worms dans le grand Amphithéùtre de la Sorbonne Douterdes vĂ©ritĂ©s Ă©tablies sans preuves c'est remettre en cause leur fondement, leur caractĂšre de vĂ©ritĂ© absolue. Ensuite, pour les philosophes, douter n'est pas renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© car douter c'est rechercher la vĂ©ritĂ©, mettre en doute chaque vĂ©ritĂ© connue pour garder la plus juste des vĂ©ritĂ©s car il n'existe pas une mais Re douter, est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©e Ă©ssaye de trouver les diffĂ©rente dĂ©finition de la veritĂ©, idem pour le doute.. tu sauras au moins a quoi corresponde ces notion en philosophie.. e qui est Ă©trange dans cet enoncĂ© c'est le terme "renoncer", comme si le fait de douter allait empecher l'existence de toute vĂ©ritĂ© future... ce qui en quelque sorte n'est pas tout a fait faux, puisque le procĂ©ssus qu'engage le doute ne peut prendre fin qu'avec la certitude absolue, et la dĂ©couverte de la VĂ©ritĂ© absolue... par consĂ©quent toute les vĂ©ritĂ© dĂ©couverte jusqu'a celle-ci ne peuvent-etre que des vĂ©ritĂ© relativea une Ă©poque, a une culture, ou a que sais-je encore je dirais que cet ennoncĂ© se raproche du travail philosophique portant sur l'universalisme, ou la tentative de passer au dessus de la subjectivitĂ©, et des illusions pour atteindre le rĂ©el en soi... et ce, pour trouver les definition les plus gobale, l plus globale a l'explication du monde... on peu aussi regarder quelque chose d'assez precis, " la question peut-on douter du doute" c'est a dire remettre en cause la fonction du doute, demontre qu'il est impossible de tout remettre en cause... car le rĂ©sultat de ce questionement n'est pas valide, celui-ci ne donnant pas crĂ©dit a la fonction du doute elle-mĂȘme... on peut donc dire qu'il existe des vĂ©ritĂ©s qui reste mĂȘme en prenant le doute comme moyen de raisonement... le doute, la raisona travers le doute, l'existence, la pensĂ©e, le sujet, le temps, le language... donc, si le doute empĂšche l'accĂšs a la vĂ©ritĂ© universelle, du vrai en-soi, il n'en reste pas qu'il existe des vĂ©ritĂ© supĂ©rieure, transcendante, sur lequel le doute n'a pas de prise... ce sont les donnĂ© par lesquel le doute a une existence. c'est par lĂ  que l'on peu espĂ©rer retrouver par la raison la vĂ©ritĂ©... tout en sachant que celle-ci ne seras jamais universelle... la position du doute, est la position intellectelle de la raison, une position ou la vĂ©ritĂ© acquise ne peut-etre qu'une hyphothĂšse qui a rĂ©ussie... un jeu de l'esprit en attendant qu'une nouvelle hypothĂšse plus globale ne vienne la suplanter... beaucoup prefĂšre se tenir sur la croyance dans le vrai, car c'est psychologiquement plus solide, car elle amĂšne une certitude, un peu comme lorsque l'on monte une tour, mais la position la plus rationelle est de ne jamais croire dans la vĂ©ritĂ© nĂ© de la "fonction du doute"
\n \ndouter est ce renoncer à la vérité
Laseule chose dont on ne peut douter selon Descartes c'est « Je pense donc je suis ». C'est le cogito ergosum. Ce doute ne sert à Descartes qu'à découvrir la vérité. C'est un doute provisoire et non pas un doute sceptique, qui est le fait de suspendre son jugement sur les choses pour ne pas se tromper.
Épreuve tant redoutĂ©e, qui lance les Ă©preuves du Bac. Voici les corrigĂ©s de philosophie, premiĂšre Ă©preuve passĂ©e ce lundi par les candidats des sĂ©ries gĂ©nĂ©rales et technologiques au Bac 2018.=> Consultez ici les sujets du Bac Philo 2018=> Retrouvez aussi notre Facebook Live spĂ©cial corrigĂ© "Bac Philo 2018"Examen du lundi 18 juin 2018 de 8h Ă  12hDurĂ©e de l'Ă©preuve de philosophie 4hCorrigĂ©s SĂ©ries L - CorrigĂ© des SĂ©ries ES - CorrigĂ© des SĂ©ries S - CorrigĂ© des SĂ©ries TechnoLes propositions qui suivent ne constituent pas une correction dĂ©finitive mais des Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion. Il est important que les candidats se rappellent que les attentes, en ce qui concerne l'Ă©preuve de philosophie, sont avant tout l'exercice rĂ©flĂ©chi du jugement et le tĂ©moignage d'une culture philosophique du Bac Philo SĂ©rie L LittĂ©raire Coef. 7CorrigĂ© Sujet 1 La culture nous rend-elle plus humain ?Le sujet est assez classique dans sa premiĂšre chose Ă  faire ici est de se demander, de façon un peu innocente pourquoi, alors que la culture est par essence humaine, elle ne nous rendrait pas humain et mĂȘme plus humain ? Le rĂŽle de la culture n’est-il pas de nous dĂ©tacher de l’animalitĂ©, par exemple ?Le sujet sous-entend deux Ă©lĂ©ments 1 la distinction nature/culture si la culture nous rend plus humain, nous sort-elle alors de plus en plus de la nature ?,2 la notion de progrĂšs qu’implique le plus » plus humain que quoi ? Cependant, ce plus » sous-entend que nous sommes dĂ©jĂ  quelque peu humains avant l’apparition de la culture, ou mĂȘme sans reformulĂ©e, la question peut donner Le passage de la nature Ă  la culture nous amĂ©liore-t-il dans notre humanitĂ© ?La difficultĂ© du sujet rĂ©side notamment dans les dĂ©finitions ainsi que l’analyse des concepts de culture », d’ humain », sans nĂ©gliger le verbe rendre ».Le mot culture » est prioritairement Ă  prendre au sens de civilisation », sociĂ©tĂ© », tel qu’il a dĂ» ĂȘtre dĂ©fini en tant que tĂȘte de chapitre du programme La culture ». TrĂšs secondairement, on pouvait, Ă  un moment donnĂ©, parler de culture au sens du savoir, au mĂȘme titre que les notions du programme qui composent l’analyse de la notion de culture l’histoire, le langage, l’art, etc..Question fondamentale Ă  se poser qu’est-ce qu’ĂȘtre humain ? Mot dĂ©finissable par distinction culture/nature mais aussi en soi la culture comme ensemble d’activitĂ©s que l’ĂȘtre humain convenait aussi de s’interroger sur le verbe nous rend-elle » qui suppose une progression du l’humanitĂ© de l’ĂȘtre humain, en quelque sorte, un mouvement, une notions du programme en jeu dans le sujet sont la culture » et possiblement les notions qui composent cette tĂȘte de chapitre, autrui », mais aussi ce qui peut tantĂŽt ĂȘtre questionnĂ© comme Ă©tant le propre de l’homme la raison », la conscience » ou encore des interrogations proprement humaines sur la libertĂ© » la culture nous rend-elle plus humain en nous rendant plus libres ? ; des notions du programme pouvaient aussi ĂȘtre vues comme moyens ou conditions de notre humanitĂ© ou au contraire de notre inhumanitĂ© par exemple la technique ».Quelques auteurs possibles Descartes, TraitĂ© de l’ Discours sur l’origine est les fondements de l’inĂ©galitĂ© parmi les hommes et Contrat social, livre 1Nietzsche, Humain trop La question de la Ă©tait possible de raisonner selon le plan suivant I - La culture nous rend, par dĂ©finition, plus humains Ă  l’égard de nous-mĂȘmes par elle nous nous dĂ©tachons de plus en plus la nature et de l’ - La culture nous rend plus humain sans pour autant nous dĂ©tacher de la nature et de l’animalitĂ©, Ă  l’égard desquelles nous conservons un intĂ©rĂȘt - La culture est au contraire ce qui produit les moyens d’une inhumanitĂ© Ă  l’égard de nous-mĂȘme comme Ă  l’égard des autres on pouvait terminer par un problĂšme actuel, par exemple, le transhumanisme, en se demandant si ce progrĂšs de la culture ne nous transformerait pas en Sujet 2 Peut-on renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ?Le sujet est assez classique dans sa il faut s’étonner d’une telle question pourquoi, alors que nous tenons tant, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, Ă  la vĂ©ritĂ©, pourrions-nous y renoncer ?La question Peut-on renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? » implique qu’il y aurait quelque chose, finalement, de nĂ©gatif dans la vĂ©ritĂ©, de trois points de vue. D’abord du point de vue de la connaissance bien qu’attachĂ© Ă  la vĂ©ritĂ©, on envisage ici la possibilitĂ© de renoncer Ă  la connaissance vraie alors pourquoi ?. Ensuite d’un point de vue moral possĂ©dant une vĂ©ritĂ©, ai-je le droit d’y renoncer ? Enfin, d’un point de vue psychologique puis-je renoncer Ă  une vĂ©ritĂ© douloureuse ?Une difficultĂ© un piĂšge » se trouve dans l’énoncĂ© il s’agit de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© » et non Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©. Ce qui veut dire j’ai une vĂ©ritĂ© et j’y renonce et non je cherche la vĂ©ritĂ©, je ne la trouve pas, et je renonce Ă  cette recherche.La mot vĂ©ritĂ© » a Ă  ĂȘtre pris dans diffĂ©rents sens, afin d’ouvrir la question et les possibilitĂ©s de plan. Par exemple, la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation entre la pensĂ©e ou la parole d’une part, et le rĂ©el d’autre part. Dans ce cas, pouvoir renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, c’est pouvoir renoncer Ă  dire ce qui s’est passĂ©, ou Ă  y penser Ă©videmment, en prĂ©cisant pourquoi nous serions amenĂ©s Ă  un tel renoncement, et si, moralement, nous le pouvons.Le verbe peut-on » se questionne donc d’un point de vue moral avons-nous le droit ? mais aussi d’un point de vue psychologique est-il possible de se dĂ©tacher d’une vĂ©ritĂ© dont nous aurions au fond besoin ? Sans oublier le point de vue de la connaissance elle-mĂȘme si un savoir est vrai, ne s’impose-t-il pas Ă  nous ?Il faut aussi considĂ©rer le la » de la vĂ©ritĂ© » la question n’est pas Peut-on renoncer Ă  une vĂ©ritĂ© ? », en particulier, mais Ă  la vĂ©ritĂ© en gĂ©nĂ©ral. Il faut se demander s’il existe une vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale, voire faut ĂȘtre concret et analyser les consĂ©quences possibles de ce renoncement le mensonge, l’oubli, par notions du programme en jeu dans le sujet sont la vĂ©ritĂ©, la raison et le rĂ©el, la conscience, la libertĂ© suis-je libre de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Ă©tait possible de raisonner selon le plan suivant I - On ne peut renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© car cette derniĂšre s’impose Ă  nous, par exemple - On ne peut moralement renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© car cette derniĂšre relĂšve du devoir de vĂ©ritĂ©, de mĂ©moire.III - On peut renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© quand celle-ci s’avĂšre possibles Sextus Empiricus, Hypotyposes MĂ©ditation mĂ©taphysique, Le gai mettre en lien avec la notion de bonheur par exemple renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© rend-il heureux ?CorrigĂ© Sujet 3 explication de texte Texte de SchopenhauerLe sujet 3 est difficile dans son approche et son traitement car son concept central n’est pas contenu directement dans le programme des notions ce qui est tout Ă  fait possible et prĂ©vu puisque les sujets de philosophie ne sont pas des questions de cours, mais de vĂ©ritables sujets de rĂ©flexion sur un problĂšme qu’une interrogation ou qu’un texte soulĂšveIl ne fallait donc pas chercher Ă  plaquer mĂ©caniquement sur le texte de Schopenhauer des connaissances apprises par notion centrale du texte est la peur. Il faut avoir fait plusieurs lectures attentives du texte, jusqu’au bout, pour voir ce concept. Ce dernier est prĂ©sentĂ© en fin de texte comme la rĂ©capitulation d’une dit Schopenhauer sur la peur la thĂšse du texte ? la peur qui peut nous retenir d’agir est plus ou moins consciente car nous cachons ce sentiment un peu honteux par une cause plus noble », des raisons purement morales ».Cette notion de peur est analysĂ©e dans le 2nd paragraphe. Le rĂŽle du 1e paragraphe est d’amener et de faire comprendre a contrario la peur, par son contraire donc, Ă  savoir le dĂ©sir encore et toujours de façon plus ou moins consciente de voir quelque chose arriver, mais qu’on peut se cacher Ă  argumentation est assez concrĂšte comment, en nous, la peur se forme-t-elle ? Il ne s’agit pas de la peur brutale qui nous saisit face Ă  un monstre par exemple, mais du sentiment diffus, plus ou moins conscient, qui s’installe en nous dĂšs que nos avons une dĂ©cision importante Ă  prendre ou une action cruciale Ă  peur peut ĂȘtre ici comprise comme la peur de perdre, la peur d’affronter des situations incertaines ou de devoir prendre des au fond un texte Ă  dimension morale philosophie de l’action et psychologique philosophie des sentiments sur les motifs » encore une fois, plus ou moins conscients qui nous retiennent ou nous poussent.Notions du programme en jeu la vĂ©ritĂ©, la conscience et l’inconscient, la morale, le dĂ©sir, le du Bac Philo SĂ©rie ES Economique et sociale Coef. 4CorrigĂ© Sujet 1 Toute vĂ©ritĂ© est-elle dĂ©finitive ?Le premier sujet de la sĂ©rie ES est assez classique puisqu'il confronte la notion de vĂ©ritĂ© avec son caractĂšre temporel et relatif. Le sujet est trĂšs large et n'a donc pas de plan type. Il faut d'abord que le candidat se consacre Ă  une dĂ©finition des notions. La vĂ©ritĂ© se dĂ©finit traditionnellement comme l'adĂ©quation entre nos pensĂ©es et le rĂ©el. Le rĂ©el existe, il est prĂ©sent mais pouvons-nous le connaĂźtre dĂ©finitivement pour autant ? C'est lĂ  l'enjeu de la question. Les candidats doivent s'attarder sur la notion "dĂ©finitive". Ce qui est dĂ©finitif est considĂ©rĂ© comme achevĂ©, certain, irrĂ©vocable. Enfin il fallait noter que le sujet demande si "toute" vĂ©ritĂ© est dĂ©finitive, ce qui sous-entend la possibilitĂ© de distinguer plusieurs formes de premiĂšre hypothĂšse que les candidats pouvaient envisager est tout simplement de constater que la vĂ©ritĂ©, peu importe le domaine dans lequel nous nous inscrivons, semble connaĂźtre des Ă©volutions. De façon privilĂ©giĂ©e, ce que nous dit la science Ă  propos du rĂ©el subit des transformations, voire des rĂ©volutions, au cours du pour autant, cette Ă©volution remet-elle en cause la notion de vĂ©ritĂ© ou, au contraire, notre capacitĂ© Ă  y parvenir ? Il faut alors dĂ©gager une mĂ©thode d'accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ©. La dĂ©monstration est le moyen privilĂ©giĂ© pour rĂ©aliser cet objectif. Cette mĂ©thode possĂšde nĂ©anmoins le risque de s'Ă©loigner du rĂ©el Ă  cause de son caractĂšre trop formel, ce qui nous Ă©loignera Ă©galement de la vĂ©ritĂ© entendue comme adĂ©quation au faut-il donc distinguer au sein mĂȘme de la vĂ©ritĂ© plusieurs formes possibles. Il y aurait des vĂ©ritĂ©s dĂ©finitives comme celles du cogito cartĂ©sien ou certaines vĂ©ritĂ©s de la science et d'autres qui sont vouĂ©es Ă  Ă©voluer au cours du temps comme les vĂ©ritĂ©s qui reposent sur une auteurs pour un tel sujet sont nombreux. Les candidats pouvaient faire rĂ©fĂ©rence au dĂ©bat entre Platon et Protagoras en ce qui concerne la relativitĂ© de la vĂ©ritĂ© ou encore Ă  l'allĂ©gorie de la caverne. Le cogito cartĂ©sien apparaĂźt comme une rĂ©fĂ©rence importante. L'opposition entre phĂ©nomĂšnes et noumĂšnes rĂ©alitĂ© intelligible, opposĂ©e au phĂ©nomĂšne sensible, NDLR proposĂ©e par Kant peut ĂȘtre utile. Sinon, ils pouvaient aller chercher des auteurs en Ă©pistĂ©mologie comme Popper, Duhem...CorrigĂ© Sujet 2 Peut-on ĂȘtre insensible Ă  l'art ?Le deuxiĂšme sujet est intĂ©ressant puisqu'il repose sur un paradoxe. A premiĂšre vue, il semble difficile d'ĂȘtre insensible Ă  l'art puisque l'essence mĂȘme de l'art est d'interpeller notre sensibilitĂ©. L'art n'a pas seulement pour fonction de toucher notre sensibilitĂ©, il a Ă©galement une fonction intellectuelle, mais il y parvient normalement en passant par nos faut donc, dans un premier temps, travailler ce paradoxe en insistant sur le fait que l'art est le propre de l'homme. Il tĂ©moigne de notre appartenance Ă  une culture et donc Ă  l'humanitĂ©. L'art est donc essentiel Ă  l'homme et il apparaĂźt difficile d'y ĂȘtre il arrive que nous ne soyons pas touchĂ©s par certaines formes d'art. Il faut alors faire subir au sujet une lĂ©gĂšre inflexion. S'il semble difficile qu'un individu soit insensible Ă  tout art, il peut l'ĂȘtre Ă  certaines manifestations de l'art. C'est un phĂ©nomĂšne que l'on retrouve par exemple avec l'insensibilitĂ© qu'une partie du public peut Ă©prouver Ă  l'Ă©gard de l'art faut alors rechercher la cause de cette insensibilitĂ© et on voit assez vite qu'elle repose souvent sur une certaine incomprĂ©hension, ce qui permet de renverser le rapport traditionnel que l'on attribue entre sensibilitĂ© et intellection. Il est peut-ĂȘtre nĂ©cessaire de comprendre une oeuvre pour y ĂȘtre sensible et non l' candidats pouvaient faire rĂ©fĂ©rence aux travaux de Hume sur la sensibilitĂ©, Ă  ceux de Kant sur la maniĂšre de distinguer l'agrĂ©able du beau. Ils pouvaient Ă©galement utiliser des auteurs plus contemporains comme Danto ou Goodman sur la relation du public Ă  l'art contemporain. Il Ă©tait Ă©galement possible de solliciter Hegel pour insister sur l'importance de l'intellect en Sujet 3 explication de texte Durkheim, Les formes Ă©lĂ©mentaires de la vie religieuseLe texte proposĂ© aux Ă©lĂšves de ES est assez simple dans sa formulation mais peut avoir un caractĂšre dĂ©routant pour les candidats car il ne renvoie pas clairement Ă  une notion du objet concerne le rapport Ă  autrui et, plus particuliĂšrement, l'influence que peut avoir autrui sur nous du fait de son problĂšme que se pose ici Durkheim est de savoir comment certains individus exercent-ils une influence sur les autres ? Comment le rapport d'autoritĂ© se manifeste-t-il ?Il dĂ©fend la thĂšse selon laquelle l'autoritĂ© provient d'une reconnaissance en une "Ă©nergie psychique" particuliĂšre qui limite la volontĂ© de celui qui obĂ©it. L'enjeu du texte est donc de travailler ce rapport si particulier qui existe entre ceux qui commandent et ceux qui texte est divisĂ© en deux parties. Dans un premier temps, l'auteur s'attache Ă  travailler le rapport d'autoritĂ© avant de l'appliquer au cas particulier du commandement dans une deuxiĂšme candidats devaient d'abord dĂ©finir les notions d'obĂ©issance, d'autoritĂ© morale, d'Ă©nergie psychique. Il est bon d'insister sur le caractĂšre Ă©tonnant de cette notion d'Ă©nergie psychique. Le rapport entre notre volontĂ© et celle de celui qui impose le respect doit ĂȘtre traitĂ©. Les notions de prescription et de commandement sont importantes. Il faut Ă©galement rĂ©flĂ©chir Ă  la notion d'intensitĂ©. Le texte n'est pas forcĂ©ment complexe mais demande une attention particuliĂšre. Le risque pour les candidats est de faire une longue paraphrase du texte au lieu de rĂ©aliser un travail patient d' Retrouvez les corrections du Bac Philo 2018 en Facebook Live CorrigĂ©s Bac Philo 2018 l'Ă©preuve de philo est terminĂ©e, voici les corrigĂ©s en Live! Posez-nous vos questions en commentaires - En partenariat avec Nomad Education - applis de rĂ©visions pour le bac by Le Parisien Etudiant on Monday, June 18, 2018CorrigĂ© du Bac Philo SĂ©rie S Scientifique Coef. 3CorrigĂ© Sujet 1 Le dĂ©sir est-il la marque de notre imperfection ?Sujet assez classique le dĂ©sir, formulation assez inĂ©dite. Assez difficile Ă  cause de la notion d’imperfection qu’il faut bien analyser. ReformulĂ©e, la question donne Le dĂ©sir est-il notre noblesse possible ou notre misĂšre rĂ©elle ? ProgrĂšs ou dĂ©cadence ?Il faut prĂ©ciser le sens de marque » qui est une mĂ©taphore, qui signifie la preuve, ou encore l’indice, ou le signe de reconnaissance de notre fallait voir les diffĂ©rentes dĂ©finitions, acceptions et conception du dĂ©sir afin de trouver des pistes diffĂ©rentes. Par exemples - Le dĂ©sir comme manque, souffrance, dĂ©sespoir, frustration. Dans ce cas, le dĂ©sir est la marque de notre Le dĂ©sir opposĂ© au besoin, comme tendance noble vers quelque chose de bon dans ce cas, le dĂ©sir peut, dans son mouvement et dans sa rĂ©alisation, tendre vers la perfection est Ă©galement intĂ©ressant de bien creuser les implications du mot imperfection » - le contraire de la perfection se demander si nous pouvons ĂȘtre parfaits ;- la possibilitĂ© d’un perfectionnement, d’une amĂ©lioration devenons-nous meilleurs moralement par exemple si nous renonçons au dĂ©sir ou Ă  certains dĂ©sirs ?Les notions du programme en jeu dans le sujet sont le dĂ©sir, la morale, la culture, la conscience, la auteurs possibles Épicure, Lettre Ă  Le monde comme volontĂ© et comme Ă©tait possible de raisonner selon le plan suivant I - Le dĂ©sir est la marque de notre - Le dĂ©sir n’est la marque que d’une certaine imperfection, tout dĂ©pend du dĂ©sir dont on - Le dĂ©sir est la marque, non de notre perfection nul n’est parfait, mais le moyen de notre perfectionnement, et donc la marque de notre on pouvait ouvrir sur la question fondamentale de notre libertĂ© face Ă  nos Sujet 2 Eprouver l’injustice, est-ce nĂ©cessaire pour savoir ce qui est juste ?Le sujet est assez difficile dans sa formulation, et assez inĂ©dit en problĂšme de cette question repose sur deux distinctions, entre injustice » et juste », entre Ă©prouver » et savoir ».La premiĂšre distinction nĂ©cessite de bien reprendre des dĂ©finitions de la justice vues en cours, puis de dĂ©finir a contrario ce qu’est l’injustice peut-on comprendre l’injuste par son contraire ?La seconde distinction repose sur la dualitĂ© sentiment/ raison, Ă©prouver » affectivement VS savoir » rationnellement. Il faut se demander si un sentiment d’injustice peut reposer sur une idĂ©e de justice. Eprouver l’injustice est-il naturel ou nĂ©cessite-il un savoir, moral, juridique, ou encore politique ?ReformulĂ©e, la question donne Faut-il possĂ©der une idĂ©e rationnelle de la justice pour ressentir l’injustice ? La connaissance du juste est-elle une condition prĂ©alable Ă  tout sentiment d’injustice ?Il faut donc bien se demander en quoi consiste le problĂšme, car habituellement nous pensons que le sentiment d’injustice est premier l’exemple du jeune enfant qui ressent de l’injustice sans forcĂ©ment connaĂźtre l’idĂ©e de justice et que l’idĂ©e de justice est le fruit d’une rationalisation faut prĂ©ciser Ă©galement nĂ©cessaire » ici, une condition impĂ©rativement notions du programme en jeu dans le sujet sont la justice, le droit, le sujet, la conscience, la Ă©tait possible de raisonner selon le plan suivant I - Eprouver l’injustice est une condition prĂ©alable et nĂ©cessaire Ă  la connaissance du justeII - Il faut avoir une idĂ©e du juste pour ressentir authentiquement l’injusticeIII - On Ă©prouve d’abord l’injustice de laquelle on se forge une idĂ©e du juste, idĂ©e qui sert alors Ă  juger rationnellement l’injusticeAuteurs possibles Platon, RĂ©publique mythe de GygĂšs.Aristote, Ethique Ă  Discours sur l’origine et les fondements de l’inĂ©galitĂ© parmi les ThĂ©orie de la s’interroger sur les liens entre justice, injustice et Sujet 3 Texte de MillLe sujet est trĂšs difficile dans son approche et son texte porte sur la question du possible lien de causalitĂ© entre les lois et les phĂ©nomĂšnes de la nature d’une part, les autres phĂ©nomĂšnes, humains et sociaux d’autres problĂšme peut ĂȘtre posĂ© ainsi habituellement, les lois et les phĂ©nomĂšne humains et sociaux se comprennent indĂ©pendamment des lois et phĂ©nomĂšnes de la prend le contre-pied de cette idĂ©e et Ă©nonce la thĂšse suivante tous les phĂ©nomĂšnes humains sont en mĂȘme temps des phĂ©nomĂšnes de la nature. Pourquoi ? Car les lois qui rĂ©gissent la nature et la sociĂ©tĂ© sont les mĂȘmes. Or, la nature Ă©tant antĂ©rieure Ă  la sociĂ©tĂ©, la premiĂšre dĂ©termine la doit ĂȘtre prĂ©cisĂ©e ainsi tout au long de l’analyse les lois sont toujours les mĂȘmes, ce sont les circonstances dans lesquelles les lois s’appliquent qui changent circonstance naturelles VS circonstances sociales.Il Ă©tait bon de donner quelques exemples, finalement simples la loi physique de la pesanteur qui s’applique dans la nature, s’applique aussi Ă  dans sociĂ©tĂ© humaine mais pas sur les mĂȘmes rĂ©alitĂ©s et pas dans les mĂȘmes circonstancesNotions du programme en jeu la raison et le rĂ©el, la dĂ©monstration, la du Bac Philo SĂ©ries Technologique sauf STHR Coef. 2Les propositions qui suivent ne constituent pas une correction dĂ©finitive mais des Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion. Il est important que les candidats se rappellent que les attentes, en ce qui concerne l'Ă©preuve de philosophie, sont avant tout l'exercice rĂ©flĂ©chi du jugement et le tĂ©moignage d'une culture philosophique Sujet 1 L'expĂ©rience peut-elle ĂȘtre trompeuse ?Le premier sujet proposĂ© aux sĂ©ries technologiques est classique mais peut apparaĂźtre complexe aux faut d'abord dĂ©finir les notions du sujet. La notion d'expĂ©rience est assez large puisqu'elle traverse l'ensemble de notre existence. Il est possible de la dĂ©finir comme une certaine Ă©preuve conduisant Ă  une connaissance ou Ă  une maĂźtrise. On la retrouve dans notre quotidien mais aussi plus particuliĂšrement dans le domaine scientifique. Le caractĂšre trompeur d'une chose signifie que celle-ci nous fait croire qu'elle nous donne accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ© alors qu'elle nous induit en de tromperie est particuliĂšrement importante pour la notion d'expĂ©rience puisqu'elle se donne comme le moyen d'engranger des savoirs ou de maĂźtriser des techniques. Il apparaĂźt donc, Ă  premiĂšre vue, que l'expĂ©rience n'est pas le temps fait que nous nous rendons parfois compte qu'une expĂ©rience nous a trompĂ© et que ce que nous pensions ĂȘtre vrai s'est rĂ©vĂ©lĂ© qu'est-ce qui nous a permis de prendre conscience de cette tromperie ? L'expĂ©rience elle-mĂȘme. C'est lĂ  le paradoxe de l'expĂ©rience. MĂȘme si elle peut parfois ĂȘtre trompeuse, elle est le seul moyen que nous avons pour la corriger. C'est donc l'expĂ©rience qui permet de corriger l' candidats pouvaient utiliser les oeuvres d'Aristote ou de Locke pour montrer que l'expĂ©rience constitue notre premier mode d'accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ©. Il Ă©tait bon d'utiliser Descartes et le doute systĂ©mique qu'il utilise pour montrer que nos expĂ©riences sont parfois trompeuses. Enfin, les candidats pouvaient utiliser un auteur comme Bachelard pour dĂ©fendre l'idĂ©e selon laquelle l'expĂ©rience scientifique vient corriger notre expĂ©rience Sujet 2 Peut-on maĂźtriser le dĂ©veloppement technique ?Le deuxiĂšme sujet est assez classique Ă©galement mais possĂšde certains Ă©chos avec l'actualitĂ© et les craintes que peut provoquer le dĂ©veloppement notion de technique se dĂ©finit comme l'ensemble des moyens utilisĂ©s par l'homme pour transformer son milieu. La technique est une caractĂ©ristique qui accompagne l'humanitĂ© depuis ses dĂ©buts et qui a permis Ă  l'homme d'Ă©riger une culture. Elle est donc une aide fondamentale pour l'homme si bien qu'il peut difficilement s'en la technique a connu un dĂ©veloppement tel qu'il semble de plus en plus difficile d'en maĂźtriser les effets. La question apparaĂźt alors de savoir si nous restons les maĂźtres de nos crĂ©ations ou si elles finissent par nous faut donc rĂ©flĂ©chir aux moyens de maĂźtriser notre dĂ©veloppement technique. Une premiĂšre rĂ©ponse consiste Ă  dire que ceux qui contribuent au dĂ©veloppement technique, les ingĂ©nieurs, sont les mieux placĂ©s pour limiter leurs propres inventions. Une autre rĂ©ponse possible consiste Ă  dire que cette maĂźtrise doit venir d'une volontĂ© politique, celle des dirigeants ou celle des citoyens. Dans les deux cas, il semble difficile d'envisager une maĂźtrise du dĂ©veloppement car la concurrence est telle que la course au progrĂšs ne semble pas prĂȘte de connaĂźtre un ce sujet, les candidats pouvaient faire rĂ©fĂ©rence Ă  Bergson et sa dĂ©finition de l'homme comme homo faber. Descartes semble une rĂ©fĂ©rence incontournable pour ce sujet. Il est celui qui dĂ©fend l'idĂ©e d'une maĂźtrise de la nature grĂące Ă  la technique. Jonas est aussi une rĂ©fĂ©rence importante pour ce sujet puisqu'il met en garde contre les dangers du dĂ©veloppement technique et de sa difficile Sujet 3 Montesquieu, De l'esprit des lois1/Le texte de Montesquieu proposĂ© aux candidats des sĂ©ries technologiques est intĂ©ressant puisqu'il va contre certaines idĂ©es reçues concernant ce qu'il faut entendre par libertĂ© dans une principale du texte de Montesquieu est de dĂ©finir ce qu'est la libertĂ© politique, Ă  savoir le fait de pouvoir faire ce que les lois nous autorisent et l'importance de l'adhĂ©sion Ă  ces lois par les citoyens. Il dĂ©veloppe son argumentation en deux temps. Il insiste d'abord sur l'erreur de jugement qui peut ĂȘtre attribuĂ© aux dĂ©mocraties. Elles ne sont pas des rĂ©gimes oĂč chacun fait ce qu'il veut. Au contraire, elles sont encadrĂ©es par des lois nĂ©cessaires au bon fonctionnement de la sociĂ©tĂ©. Montesquieu montre ensuite le risque que pourrait courir la dĂ©mocratie si chacun use de sa libertĂ© en fonction de sa seule volontĂ© et non selon le respect des phrase "dans les dĂ©mocraties, le peuple paraĂźt faire ce qu'il veut" insiste sur l'image que peut renvoyer la dĂ©mocratie, Ă  savoir celle d'un rĂ©gime au sein duquel chaque citoyen peut suivre sa volontĂ© et ses dĂ©sirs sans devoir rendre de compte Ă  la loi. Il s'agit lĂ  Ă©videmment d'une apparence car en dĂ©mocratie, comme dans tout rĂ©gime, la loi organise la sociĂ©tĂ© et donc encadre les volontĂ©s phrase "la libertĂ© ne peut consister qu'Ă  pouvoir faire ce que l'on doit vouloir" insiste sur le rapport que le citoyen doit entretenir Ă  l'Ă©gard des lois. Le respect des lois doit constituer un devoir supĂ©rieur au respect de sa volontĂ© individuelle. Cela signifie que le citoyen doit comprendre tout l'intĂ©rĂȘt qu'il a de respecter la propose de distinguer indĂ©pendance et libertĂ©. L'indĂ©pendance est la capacitĂ© de l'individu de vivre seul, ce qui lui permet de ne suivre que sa volontĂ©. Or, du fait mĂȘme de son appartenance Ă  la sociĂ©tĂ© cette indĂ©pendance doit ĂȘtre inscrite dans le projet plus gĂ©nĂ©ral de la sociĂ©tĂ©. Si le citoyen souhaite ne suivre que son indĂ©pendance, il risque d'en faire les frais puisque les autres feront de mĂȘme, ce qui mettra en danger la sociĂ©tĂ© dans son libertĂ© se dĂ©finit en apparence comme la capacitĂ© pour un individu de faire ce qu'il veut, c'est-Ă -dire de suivre sa volontĂ© et ses dĂ©sirs. Pourtant, si tous les individus ne font que suivre leurs dĂ©sirs, ils risquent de tomber dans une forme de guerre gĂ©nĂ©ralisĂ©e que Hobbes appelle â€œĂ©tat de nature”. Il faut alors contraindre les volontĂ©s individuelles par la loi, ce qui permet aux citoyens d'augmenter leur libertĂ©. Les lois apparaissent ainsi nĂ©cessaires Ă  la ce sujet, les candidats peuvent faire rĂ©fĂ©rence Ă  Hobbes et Ă  la dĂ©finition qu'il propose de l'Ă©tat de nature. Il est possible Ă©videmment de reprendre le texte de Montesquieu. Rousseau appraĂźt Ă©galement comme un auteur important pour ce aussi →SpĂ©cial BAC 2018 les sujets et conseils de prĂ©paration...→ Dates du Bac Ă©preuve par Ă©preuve→ CorrigĂ©s du bac Les Ă©preuves corrigĂ©es par nos profs sĂ©lectionnĂ©s→ Les sujets probables du Bac ciblez vos rĂ©visions...→ Conseils de rĂ©visions Ă  quelques jours ou heures des examens→ Quiz de rĂ©visions du Bac testez votre niveau matiĂšre par matiĂšre...→ Les alertes rĂ©sultats du Bac officiels et gratuits, en direct des acadĂ©mies...→ Bac de Philo derriĂšre l'Ă©paule d'un correcteur→ Bac pourquoi la philo ouvre le bal des Ă©preuves ?Alerte Mail CorrigĂ©s du Bac Celapose un problĂšme, on peut se demander s’il est nĂ©cessaire de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© dĂšs lors que l’on doute. Dans le cas oĂč douter signifie ĂȘtre incertain, oĂč renoncer est le fait de « se dĂ©sister du droit qu’on a sur quelque chose », et oĂč la vĂ©ritĂ© est immuable, oui, douter est Ă©quivalent au fait de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©. L'analyse du professeur Alain dĂ©clarait que le doute est le sel de l’esprit », en prĂ©cisant que si croire est agrĂ©able », c’est pourtant une ivresse dont il faut se passer », sinon adieu Ă  libertĂ©, justice, paix ». L’implacable sentence qu’il prononce a ainsi de quoi faire frĂ©mir, mais le beautĂ© de la formule ne peut cacher l’hĂ©sitation bien lĂ©gitime de celui qui a une fois osĂ© le doute. Descartes lui-mĂȘme avouait, pour les mƓurs, qu’il est besoin parfois de suivre des opinions qu’on sait fort incertaines ». Or les mƓurs ne sont autres que les comportements des hommes, leurs actes, c’est-Ă -dire ce qui est justement la manifestation exemplaire de leurs libertĂ©s. Faut-il alors penser que le doute est une entrave Ă  la libertĂ© ? Faut-il Ă  l’inverse supposer que le doute la permet ? L’épineuse question rĂ©vĂšle sa portĂ©e dĂšs l’instant oĂč l’on prend la mesure de l’exigence dubitative. Il ne s’agit pas simplement en effet de mettre Ă  distance son accord, de critiquer en surface un point de vue le doute est fondamentalement existentiel, puisqu’il touche au critĂšre de la vĂ©ritĂ©, au fondement du juste, au sens mĂȘme de la conviction nĂ©cessaire Ă  toute pensĂ©e et toute action. Douter vraiment, c’est se retrouver seul au monde, sans certitude aucune. Si tout nous Ă©chappe, comment retrouver une assise, comme faire des choix, c’est-Ă -dire tout simplement ĂȘtre capable de peser le pour et le contre afin de dĂ©cider sans entrave du comportement Ă  tenir ce qui est le sens mĂȘme de la libertĂ© ? Nous nous attacherons d’abord Ă  montrer que le doute est le rĂ©sultat de la dĂ©stabilisation, et ne peut Ă  cet Ă©gard ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une dĂ©marche positive. Nous en viendrons toutefois Ă  saisir que l’aliĂ©nation apparente du doute produit une crise et un sursaut de la raison, qui se trouve alors en mesure de faire table rase de ses handicaps afin de poser les vraies questions du choix. Nous montrerons cependant et enfin que ce pouvoir du doute n’est pas dĂ©pouillĂ© d’ambiguĂŻtĂ©, puisqu’il conduit Ă  une affirmation sans fin de soi, particuliĂšrement risquĂ©e pour celui qui se soucie des consĂ©quences de son action et des effets de sa libertĂ©. ...
Loinde nous faire renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, le doute cartĂ©sien : a) est le pire moyen pour l’atteindre . b) est ce par quoi on manque Ă  coup sĂ»r la vĂ©ritĂ©. c) est un passage obligĂ© pour atteindre la vĂ©ritĂ© -----RĂ©ponses : 1/ c) Le rĂ©el est l'ensemble des choses existant de maniĂšre effective mais sujettes Ă  l'erreur et aux illusions de l'opinion ; supposĂ©e semblable et
Introduction Le sujet pourquoi vouloir la vĂ©ritĂ© ? », prĂ©suppose que l'Homme est Ă  la quĂȘte de la VĂ©ritĂ©, ici la vĂ©ritĂ© signifie la connaissance, le savoir absolu sur le monde, les choses qui nous entourent et sur nous, les Hommes. Depuis des siĂšcles, les plus grands savants du monde, sont Ă  sa quĂȘte pour ainsi la transmettre Ă  l'Homme. Mais elle a aussi Ă©tait dĂ©formĂ©e, rĂ©futĂ©e par grands nombre de philosophes. Il est donc intĂ©ressant de se demander s'il est nĂ©cessaire que l'homme veuille rechercher la vĂ©ritĂ©, plutĂŽt que de rester dans ses illusions ? Pour commencer, nous dĂ©finirons la VĂ©ritĂ© et analyserons les diffĂ©rentes dĂ©finitions qu'on lui prĂȘte, ensuite nous verrons que la VĂ©ritĂ© est une sorte de libĂ©ration puis enfin nous verrons que malgrĂ© tout , elle est souvent remise en cause. Les meilleurs professeurs de Philosophie disponibles4,9 17 avis 1er cours offert !5 152 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !5 63 avis 1er cours offert !5 24 avis 1er cours offert !5 15 avis 1er cours offert !5 14 avis 1er cours offert !5 20 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 152 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !5 63 avis 1er cours offert !5 24 avis 1er cours offert !5 15 avis 1er cours offert !5 14 avis 1er cours offert !5 20 avis 1er cours offert !C'est partiI Qu'est ce que la VĂ©ritĂ© ? En cours de philosophie, c'est une question que tout le monde se pose, mĂȘme Ponce Pilate l'a demandĂ© au Christ et sur lequel on a pu tout dire. A. La dĂ©finition de la VĂ©ritĂ© La VĂ©ritĂ© comme adĂ©quation. Comme le dit St Thomas d'Acquin La vĂ©ritĂ© est l'adĂ©quation de la chose et de l'intellect », et non ce que l'on pense couramment comme Ă©tant seulement le contraire du mensonge ou ce qui n'est pas faux. En effet la VĂ©ritĂ© est le lien entre le RĂ©el et la chose donc seuls nos jugements peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme vrais ou faux. B. La VĂ©ritĂ© et croyance Il est intĂ©ressant aussi de se demander si la VĂ©ritĂ© est une croyance ou si la croyance s'oppose Ă  la VĂ©ritĂ© est la base de la Croyance en toutes les religions, JĂ©sus Christ dit mĂȘme Je suis la VĂ©ritĂ© ». C. la VĂ©ritĂ© selon Socrate Pour Socrate, la VĂ©ritĂ© n'est pas un simple savoir que l'on apprend tous les jours, en effet il pensait que la VĂ©ritĂ© Ă©tait une partie de nous et que seul l'Homme dĂ©tient le pouvoir de la rĂ©veiller, cette VĂ©ritĂ© brĂ»le de se manifester. Socrate se considĂšre comme Ă©tant l'accoucheur de la VĂ©ritĂ© dans l'esprit de l'Homme. Nous verrons dans une prochaine partie que Socrate est en ce sens rejoint par Platon. C'est l'Ă©veil de l'intelligence. II La VĂ©ritĂ© comme Ă©tant une libĂ©ration A La dĂ©livrance de l'ignorance L'ignorance enferme l'Homme et est capable de tuer ou de faire mal. L'ignorance est le fait de ne pas savoir, de ne pas possĂ©der une certaine connaissance. Etre ignorant aujourd'hui c'est regarder une Ă©clipse sans lunettes de protection ou partir dans un pays Equatorial sans mĂ©dicaments contre le paludisme ou sans vaccin contre la fiĂšvre jaune. En cela il est clair qu'on peut dire que l'ignorance blesse plus que la VĂ©ritĂ©, et dans ce cas lĂ , la dĂ©couverte de la VĂ©ritĂ© est primordiale pour l'Homme car elle lui sauve la vie. Une des raisons aussi que l'Homme veuille accĂ©der Ă  la VĂ©ritĂ©, est qu'il en a Ă©tĂ© trop longtemps privĂ©, par exemple pendant plusieurs siĂšcles les messes Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©es en latin, ce qui empĂȘchait le Tiers Etat d'accĂ©der aux paroles bibliques, l'essence mĂȘme de la VĂ©ritĂ© chrĂ©tienne. Pour prendre un exemple plus rĂ©cent, la question des mĂ©faits ou des bienfaits de la colonisation est aujourd'hui d'actualitĂ©, mais la vĂ©ritĂ© sur la colonisation n'est encore pas accessible Ă  tous et encore des gens sont dans l'ignorance et donc en quelques sortes exclus, notamment les jeunes. OĂč trouver des cours de philosophie en ligne ? B L'allĂ©gorie de la caverne de Platon A travers l'allĂ©gorie de la caverne que l'on trouve dans le livre VII de la RĂ©publique, Platon place l'Homme dans une condition d'ignorance, en le plaçant dans un monde obscure, un monde oĂč la lumiĂšre n'est pas. Cette lumiĂšre qui personnifie la lumiĂšre de la connaissance manque Ă  l'Homme, mais ce monde a une ouverture sur la lumiĂšre sur la connaissance, sur la VĂ©ritĂ©. Ce qui montre que l'Homme n'est pas condamnĂ© Ă  l'ignorance et qui peut accĂ©der Ă  la VĂ©ritĂ©. Tout cela est mis en scĂšne par des prisonniers d'une caverne avec leurs jambes et leur cou enchaĂźnĂ©s depuis leur enfance. Platon montre en fait que ces Hommes sont emprisonnĂ©s par leur ignorance, la clef de leur chaĂźne est nul autre que la lumiĂšre, la VĂ©ritĂ© et que eux seuls peuvent y accĂ©der. Leur principal crime est le fait qu'ils croient savoir alors qu'ils ne savent rien alors que le philosophe lui est conscient qu'il ne sait pas, ce qui le rend Grand, la dĂ©couverte de la VĂ©ritĂ© dĂ©tache ses chaĂźnes et le libĂšre des illusions. Cette allĂ©gorie peut ĂȘtre soutenue par l'exemple suivant, la dĂ©couverte de l'hĂ©liocentrisme de GalilĂ©e a Ă©tĂ© rejetĂ©e par l'opinion publique, qui Ă©tait convaincue que la Terre Ă©tait au milieu de l'univers bien que celui-ci avait de solides dĂ©monstrations. C La VĂ©ritĂ© est la source du progrĂšs La VĂ©ritĂ© a permis Ă  l'humain de sortir de l'ignorance et a Ă©tĂ© le moteur qui l'a conduit Ă  la connaissance de soi est du monde qui l'entoure. C'est en cela une libertĂ© et rejoint la GenĂšse, La VĂ©ritĂ© vous affranchira ». Elle a permis aux grands Hommes de dĂ©mentir toutes les erreurs antagonistes comme Aristote qui dĂ©menti que la Terre Ă©tait plate, elle Ă©claire les Hommes, en effet l'on pu voir la faussetĂ© de certains alchimistes qui prĂ©tendaient pouvoir crĂ©er de l'or Ă  l'aide de formules. GrĂące Ă  la VĂ©ritĂ©, l'Homme a des repĂšres, mais nous allons voir que pour certains Hommes il est prĂ©fĂ©rable que la VĂ©ritĂ© n'existe pas. III La remise en question de la VĂ©ritĂ© A Le renoncement Ă  la VĂ©ritĂ© Certain philosophe pense que l'Homme ne doit pas aboutir Ă  la VĂ©ritĂ©, bien qu'ils aient des façons de penser diffĂ©rentes. En effet, Sartre est plus direct quand il dit que la rĂ©vĂ©lation de la VĂ©ritĂ© de l'existence aboutit Ă  l'absurditĂ©. "C'est dans un sens aussi restreint que l'homme veut seulement la vĂ©ritĂ© il convoite les suites agrĂ©ables de la vĂ©ritĂ©, celles qui conservent la vie; envers la connaissance pure et sans consĂ©quence il est indiffĂ©rent, envers lĂ©s vĂ©ritĂ©s prĂ©judiciables et destructives il est mĂȘme hostilement disposĂ©. » Nietzsche veut en fait dire que l'Homme ne veut pas la VĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme, c'est-Ă -dire la connaissance et la dĂ©livrance de l'ignorance comme on le croit. En effet, l'Homme a tendance Ă  choisir sa VĂ©ritĂ© selon Nietzsche, si cette vĂ©ritĂ© le dĂ©valorise, il ne l'acceptera pas, c'est en effet ce qui s'est passĂ© avec la thĂ©orie de Darwin qui place l'Homme dans l'Ă©volution animale, et cette thĂ©orie Ă  Ă©tĂ© violemment rĂ©futĂ© par l'Ă©glise car elle contredisait l'Ecriture, alors que si Darwin avait prouvĂ© que l'Homme descendait d'Adam et Eve il aurait Ă©tĂ© adulĂ© par l'Ă©glise, car il aurait mis fin au doute des gens. C'est ce que Nietzsche veut dĂ©noncer, il recommande mĂȘme Ă  l'Homme de rester dans l'illusion et de renoncer Ă  la quĂȘte de la VĂ©ritĂ©. Le sceptique est proche de la pensĂ©e de Nietzsche car il dit que tout objet est relatif, c'est-Ă -dire que personne ne perçoit une chose de la mĂȘme façon, par exemple une personne peut dire que l'acteur qui joue dans ce film n'est pas trĂšs douĂ© alors qu'une autre personne le trouve plein de talent. C'est pourquoi le sceptique propose de n'Ă©mettre aucun jugement. B Le cogito, la seule certitude Descartes dĂ©clare que la seule certitude que l'Homme doit avoir, c'est le cogito, c'est-Ă -dire je pense donc je suis », pour lui, seul ce cogito est irrĂ©futable, il conclut donc que si une chose peut ĂȘtre dĂ©montrĂ© comme le cogito alors elle est vraie. Pour lui, la VĂ©ritĂ© ne doit pas ĂȘtre comparĂ© aux choses mais par rapport Ă  cette intuition certaine . C L'opinion publique Pour l'opinion publique, la VĂ©ritĂ© n'est pas toujours bonne Ă  dire, en effet elle peut blesser et donc est Ă©viter par les Hommes. Par exemple, lorsqu'un mĂ©decin doit annoncer Ă  son patient qu'il va mourir, il prĂ©fĂšre s'abstenir ou encore lorsqu'un homme renonce Ă  dire Ă  ses parents qu'il est homosexuel par peur de les blesser, il prĂ©fĂšre s'abstenir et ainsi vivre dans le mensonge. L'opinion publique semble avoir peur de la VĂ©ritĂ© ou de la dĂ©couverte de la VĂ©ritĂ©, en effet, on assiste parfois Ă  des parents qui pensent que la philosophie en terminale est trop tĂŽt pour l'enfant, alors que la philosophie est le principe mĂȘme de la quĂȘte de la VĂ©ritĂ©, n'est ce pas plutĂŽt par crainte ou refus de la vĂ©ritĂ© ? Conclusion En conclusion, en peut dire que les opinions sur la recherche de la VĂ©ritĂ© Ă©taient, sont et seront toujours aussi mitigĂ©s, certains Hommes prĂ©fĂšrent rester dans l'illusion, dans l'ignorance par crainte, refus de la VĂ©ritĂ© ou pour ĂȘtre aussi peut ĂȘtre plus libre par exemple faire des actes dangereux comme si la mort ne nous concerne pas. D'un autre cĂŽtĂ©, certains Hommes sont Ă  la recherche de la VĂ©ritĂ© Ă  tout prix et passent par tous les moyens pour parvenir Ă  la VĂ©ritĂ© philosophie, religions, etc... mĂȘme les pires sectes. Croire c'est transcender le savoir. Je pense que ça serait plus le contraire en fait. Celui qui ne sait pas n'a que deux positions possibles : rester neutre ou croire. Celui qui reste neutre suspend thĂ©oriquement son jugement, il n'accepte que ce qui est prouvĂ©, il renonce de fait Ă  se mouiller dans la quĂȘte du savoir en attendant bien
Faut-il toujours dire la vĂ©ritĂ© Nous vivons dans une sociĂ©tĂ© ou le mensonge et la tromperie sont monnaies courantes. DĂšs lors faut-il dire la vĂ©ritĂ© ? OuprĂ©fĂ©rĂ© dire un petit mensonge afin de ne pas blesser nos proches. Il est trĂšs important de dire la vĂ©ritĂ© dans la plus- part des cas car bien souvent raconter desmensonges amĂšne souvent son lot de problĂšmes avec. Par exemple un jeune homme d’une quinzaine d’annĂ©es raconta Ă  ces parents qu’il allait dormir chez un de ces amisalors qu’en rĂ©alitĂ© il ce rendais chez sa copine. Malheureusement il oublia d’en informer son frĂšre qui part mĂ©garde raconta le s chez sa copine Par contre de temps rattraper des situatio famille quir or2 Sni* to View Swipe to Wew next page qu’il est allĂ©dormir ge peu bien exemple ce pĂšre de quiraconta Ă  sa femme que sa nouvelle collĂšgue de travail n’était pas trĂšs jolie alors qu’en rĂ©alitĂ© elle est superbe tout ça pour ne pas rendre sa femme soucieuse etjalouse, bien que le mari ne tentera jamals de coucher avec sa nouvelle collĂšgue. D’autres part je pense que les mensonges peuvent avoir des onsĂ©quences dĂ©sastreusesur les relations avec ces proches. Par exemple ce pĂšre de famille qui raconte Ă  sa femme qu’il travaille tard 2 soirs par semaine alors qu’il se rend chez samaitresse afin de commettre un adultĂšre. Le jour ou sa femme la appris elle l’as quitter sur le champ et Ă  demander la garde des enfants. Je pense que dire lavĂ©ritĂ© reste une chose trĂšs importante dans la vie mais que quelques fois des petits mensonges peuvent Ă©viter bien des problĂšmes ou arranger des situations
Douterc’est alors manifestement renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© car c’est une finalitĂ©. Dans une seconde partie nous aborderons la vision cartĂ©sienne selon laquelle le doute est un moyen de recherche de la vĂ©ritĂ©, la suspension du jugement n’est la que pour tenter d’atteindre des connaissances vraies. Puis dans une derniĂšre partie, nous La pluralitĂ© des opinions fait-elle obstacle Ă  l'exigence de vĂ©ritĂ© ? L 2009 La science relĂšve-t-elle du seul dĂ©sir de vĂ©ritĂ© ? L 2009 Peut-on douter d’une vĂ©ritĂ© dĂ©montrĂ©e ? S 2009 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? S 2009 Toute vĂ©ritĂ© est-elle relative ? ES 2009 Pourquoi vouloir Ă  tout prix connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ? ES 2009 La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? S 2008 Y a-t-il d’autres moyens que la dĂ©monstration pour Ă©tablir une vĂ©ritĂ© ? S 2008 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s qui Ă©chappent Ă  la raison ? S 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle libĂ©ratrice ? ES 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle relative Ă  une culture ? S 2007 L'expression c'est ma vĂ©ritĂ© » a-t-elle un sens ? STG 2006 Dire que la vĂ©ritĂ© est relative, est-ce dire qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ© ? ES 2006 Faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ© ? ES 2006 La vĂ©ritĂ© rend-elle heureux ? ES 2005 Une interprĂ©tation peut-elle prĂ©tendre Ă  la vĂ©ritĂ© ? ES 2005 La vĂ©ritĂ© est-elle la valeur suprĂȘme ? S 2004 L'esprit cesse-t-il d'ĂȘtre libre lorsque la vĂ©ritĂ© s'impose Ă  lui ? L 2004 Toute vĂ©ritĂ© est-elle dĂ©montrable ? ES 2004 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? ES 2004 Faut-il chercher la vĂ©ritĂ© au-delĂ  des apparences ? STG 2004 La vĂ©ritĂ© est-elle toujours prĂ©fĂ©rable Ă  l'illusion ? STG 2004 Faut-il sĂ©parer la beautĂ© et la vĂ©ritĂ© ? S 2003 La vĂ©ritĂ© dĂ©pend-elle de nous ? S 2003 Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă  dire ? S 2003 La rigueur d'un raisonnement suffit‑elle pour garantir la vĂ©ritĂ© ? L 2003 Le dialogue est-il le chemin de la vĂ©ritĂ© ? ES 2003 Peut-on avoir de bonnes raisons de ne pas dire la vĂ©ritĂ© ? STG 2003 Suffit-il de connaĂźtre la vĂ©ritĂ© pour renoncer Ă  ses prĂ©jugĂ©s ? STG 2002 Toute vĂ©ritĂ© est-elle vĂ©rifiable ? STG 2002 Pour chercher la vĂ©ritĂ©, faut-il s'affranchir de toute subjectivitĂ© ? S 2002 Peut-on s'accorder sur des vĂ©ritĂ©s morales ? S 2002 Les vĂ©ritĂ©s scientifiques sont-elles indiscutables ? S 2002 La vĂ©ritĂ© n'est-elle recherchĂ©e que pour les avantages qu'on en attend ? ES 2001 De quelle vĂ©ritĂ© l'opinion est-elle capable ? ES 2001Cf. Manuel p. 304-319. Voir aussi l'introduction sur l'Opinion et la Connaissance. I La dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© La dĂ©finition par la correspondance du jugement Ă  la rĂ©alitĂ© Blaise Pascal disait qu'un terme aussi simple que vrai » ne pourrait pas recevoir une dĂ©finition. On ne peut pas tout dĂ©finir car on arrive nĂ©cessairement Ă  des mots primitifs qu’on ne peut plus dĂ©finir » De l'esprit gĂ©omĂ©trique, 1657. Pourtant, il existe une dĂ©finition traditionnelle la vĂ©ritĂ© est l'adĂ©quation, la correspondance ou l'accord d'une reprĂ©sentation et de la chose reprĂ©sentĂ©e ». Pour dĂ©finir le concept de vĂ©ritĂ©, on a donc besoin de celui de rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ© est tout ce qui existe. Une proposition ou une reprĂ©sentation est vraie si et seulement si elle est en accord avec des objets rĂ©els. Dans l'AllĂ©gorie de la Caverne de Platon, les croyances des prisonniers sont fausses puisqu'elles ne correspondent pas au monde rĂ©el » mais seulement Ă  des illusions. pV = nRT » est vrai au sens strict ssi il y a des objets » dans la rĂ©alitĂ© la pression du gaz, le volume, la quantitĂ© de moles du gaz et la tempĂ©rature qui rendent cette expression vraie ». La rĂ©alitĂ© est un ensemble de faits ou de choses, la vĂ©ritĂ© est la propriĂ©tĂ© de pensĂ©es ou de phrases des jugements. La connaissance cherche donc des thĂ©ories vraies, c'est-Ă -dire les plus en accord avec la rĂ©alitĂ©. De la fausse monnaie est quelque chose de rĂ©el mais ce n'est pas vraiment ce que nous croyons, elle est qualifiĂ©e de fausse parce qu'elle crĂ©e des croyances fausses, des erreurs. Mais comment peut-on comparer les vraies reprĂ©sentations et les faits rĂ©els ? Ne connaissons-nous pas des faits que ce que nous pouvons en comprendre par l'intermĂ©diaire de nos thĂ©ories ? Cf. La Raison et la dĂ©monstration sur le problĂšme du critĂšre » de la vĂ©ritĂ© le dĂ©bat entre les Sceptiques et Descartes sur la vĂ©ritĂ©, la certitude et le doute Le critĂšre de cohĂ©rence formelle ou logique On peut ajouter Ă  la Correspondance l'idĂ©e de VĂ©ritĂ© comme CohĂ©rence. Il y a des thĂ©ories qu'on considĂšre comme vraies parce qu'elles sont dĂ©duites d'autres vĂ©ritĂ©s, mĂȘme si on ne peut pas connaĂźtre directement les faits rĂ©els. Par exemple, on n'a pas expĂ©rimentĂ© des faits sur un lointain passĂ© mais on peut se servir d'une forme de dĂ©duction rĂ©troactive Ă  partir de l'observation de faits actuels. Cf. La raison et la dĂ©monstration sur la notion de validitĂ© formelle. On peut ainsi dĂ©finir la vĂ©ritĂ© formelle d'une thĂ©orie que les propositions ne se contredisent pas les unes les autres par opposition Ă  sa vĂ©ritĂ© matĂ©rielle » qu'une thĂ©orie corresponde Ă  des faits. Une thĂ©orie vraie doit ĂȘtre cohĂ©rente, mais ce n'est pas suffisant. Plusieurs thĂ©ories distinctes peuvent ĂȘtre cohĂ©rentes et en accord avec ce qu'on croit savoir sans qu'on puisse toujours trancher. Doit-on supposer un autre critĂšre pour reconnaĂźtre une thĂ©orie vraie ? Le critĂšre pragmatiste » de la vĂ©ritĂ© Le philosophe et psychologue amĂ©ricain William James 1842-1910 a créé au dĂ©but du XX e siĂšcle une cĂ©lĂšbre dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, la dĂ©finition pragmatiste » du vrai. Pour James, on ne peut pas toujours savoir si une thĂ©orie correspond aux faits rĂ©els, mais on peut au moins savoir si elle nous convient, si elle semble fonctionner » pour les ĂȘtres humains, s'il y a des raisons pratiques pour y croire. A la mĂȘme Ă©poque, le mathĂ©maticien Henri PoincarĂ© 1854-1912 dĂ©fend que certaines hypothĂšses physiques doivent ĂȘtre acceptĂ©es comme de simples conventions commodes. Mais cette dĂ©finition confond les motifs psychologiques pour croire et la vĂ©ritĂ© objective. MĂȘme si une thĂ©orie semble ĂȘtre efficace et qu'on y croit, on peut encore se demander si elle est vraie. Un mĂ©dicament qu'on croirait efficace par simple effet placebo serait quand mĂȘme un faux mĂ©dicament s'il n'agit pas rĂ©ellement. Il faut donc bien un accord avec des faits rĂ©els et pas seulement la cohĂ©rence ou une convention pragmatique. La valeur de la vĂ©ritĂ© ne se rĂ©duit pas Ă  ce qui paraĂźt utile, car ce serait trop relatif. Mais on ne peut pas dĂ©montrer toutes nos opinions, il y a donc plusieurs degrĂ©s d'opinions plus ou moins vraisemblables ou plus ou moins fondĂ©es sur des arguments rationnels. II La valeur de la vĂ©ritĂ© La vĂ©ritĂ© a-t-elle nĂ©cessairement de la valeur ou faut-il dĂ©fendre l'illusion ? Friedrich Nietzsche p. 319 critique le fait que tous les philosophes disent vouloir chercher la vĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme parce qu'elle aurait plus de valeur que l'illusion. Cf. Aristote sur la valeur de la vie contemplative. Mais selon Nietzsche, il n'y a aucune preuve de cela il est peut-ĂȘtre faux que la vĂ©ritĂ© soit toujours Ă  rechercher. Nietzsche va donc plus loin que le pragmatisme pour lui, ce qui peut contribuer Ă  notre bonheur ou Ă  notre survie peut avoir plus de valeur que le concept de vĂ©ritĂ©. Cf. Cours sur le bonheur Bonheur et connaissance. Comme le dit Descartes, un bonheur fondĂ© sur l'illusion ne serait que temporaire, un faux bonheur. La vĂ©ritĂ© peut nous blesser sur le moment mais nous ne pourrions pas nous contenter d'illusions consolantes si nous savions en fait qu'elles sont fausses. La vĂ©ritĂ©, mĂȘme lorsqu'elle s'impose Ă  nous, peut nous libĂ©rer en nous libĂ©rant de nos prĂ©jugĂ©s Cours sur la libertĂ© II. II2 La VĂ©ritĂ© en Art Il y a des cas oĂč on peut en effet dĂ©fendre la valeur de l'illusion contre un souci de n'en rester qu'Ă  la rĂ©alitĂ© l'Art par exemple. Platon Ă©tait sans doute excessif dans la RĂ©publique quand il critique en l'artiste un simple imitateur de la rĂ©alitĂ© ou un illusionniste. Mais mĂȘme quand l'Art s'Ă©carte du rĂ©el, ne peut-on pas dire que c'est au contraire pour chercher encore la vĂ©ritĂ©, mais une expression nouvelle de la vĂ©ritĂ© qui n'Ă©tait pas connue dans l'expĂ©rience directe de la rĂ©alitĂ© ? Cf. Cours sur l'Art sur Hegel et III sur le statut de vĂ©ritĂ© subjective » des jugements esthĂ©tiques et de la critique en art. Le devoir de vĂ©racitĂ© a-t-il des limites ? On a vu qu'il faut chercher Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Mais a-t-on toujours le devoir de dire ce qu'on croit ĂȘtre la vĂ©ritĂ© ? Quand on prĂ©tend mentir pour de bonnes raisons, c'est souvent pour des prĂ©textes intĂ©ressĂ©s ou par lĂąchetĂ© cf. Cours sur le devoir moral Kant contre Benjamin Constant p. 318, mais on peut dĂ©fendre quand mĂȘme qu'on peut ne pas la dire dans n'importe quelle circonstance Ă  n'importe qui. III La recherche de la vĂ©ritĂ© et l'Ă©volution de la connaissance L'IdĂ©e de vĂ©ritĂ© absolue Cf. Introduction contre le Relativisme il y a des vĂ©ritĂ©s absolues et des vĂ©ritĂ©s relatives. Il y a certaines vĂ©ritĂ©s qui sont absolues, vraies de maniĂšre nĂ©cessaires et universelles. C'est par exemple le cas des vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Un thĂ©orĂšme dĂ©montrĂ© ne pourra jamais ĂȘtre rĂ©futĂ©. Mais cela ne veut pas dire que toute vĂ©ritĂ© absolue soit seulement une connaissance a priori ou bien une vĂ©ritĂ© objective car le Cogito de Descartes est un exemple d'une vĂ©ritĂ© certaine mais qui n'est connaissable que pour le Sujet qui en prend conscience. Les erreurs et les illusions La mĂ©thode scientifique cherche des moyens d'Ă©viter les erreurs. Pour Descartes dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques, IV, les erreurs ne viennent pas de limites de notre intelligence ou mĂȘme de nos sens, mais plutĂŽt du fait que nous voulons interprĂ©ter hĂątivement sans avoir assez d'information au lieu de suspendre notre jugement douter. En ce sens, l'erreur dĂ©pend de nous, elle est de notre faute. C'est encore plus clair avec l'illusion, qui est une erreur entretenue par nos dĂ©sirs. Cf. La religion Freud p. 317 Mais l'erreur n'a pas qu'un rĂŽle nĂ©gatif car il y a certaines thĂ©ories vraies qu'on ne peut atteindre qu'en ayant d'abord critiquĂ© et corrigĂ© nos prĂ©jugĂ©s et nos impressions. Comme le dit Hegel, en philosophie, une opinion excessive ou unilatĂ©rale peut ĂȘtre un moment nĂ©cessaire par lequel il fallait passer avant d'arriver Ă  la vĂ©ritĂ©. C'est ce que veut dire sa formule Ă©nigmatique Le Faux est un moment du Vrai » PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, 1807. Comme le dit le philosophe des sciences Karl Popper, la mĂ©thode scientifique doit procĂ©der par conjectures et rĂ©futation, par le progrĂšs de l’esprit critique. Cf. La dĂ©monstration La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? Il y a des phrases qui sont vraies ou fausses relativement Ă  un lieu ou Ă  un temps. Mais cela ne veut pas dire que la VĂ©ritĂ© elle-mĂȘme change. Nos thĂ©ories sont plus ou moins vraies en se prĂ©cisant, en se meilleure thĂ©orie que ce soit en mathĂ©matiques ou dans les sciences empiriques est plus proche de la VĂ©ritĂ© en ce sens, mĂȘme si on doit admettre que sur les vĂ©ritĂ©s empiriques, on peut avoir plusieurs degrĂ©s de probabilitĂ© sans une vĂ©ritĂ© absolue cf. Bertrand Russell p. 313. Cela ne renonce pas pour autant au concept et Ă  la valeur de l'idĂ©e de VĂ©ritĂ©. Jugementaussi sĂ©vĂšre que classique, mais fort contestable : en vĂ©ritĂ©, il est un bon usage du doute sceptique, qui reprĂ©sente une magnifique expĂ©rience de la libertĂ© de la pensĂ©e. En dĂ©voilant l’inessentialitĂ© de ce qui semble avoir une validitĂ©, le doute sceptique dissout tout clans la conscience de soi. Parce qu ‘il est la
9. En 1 TimothĂ©e 118, 19, Ă  quoi Paul a-​t-​il encouragĂ© TimothĂ©e ? 9 Lire 1 TimothĂ©e 118, 19. Paul a comparĂ© TimothĂ©e Ă  un soldat et il l’a encouragĂ© Ă  continuer Ă  faire la belle guerre’ 1 Tim. 118, 19. Il ne s’agissait pas d’une guerre littĂ©rale, mais spirituelle. Dans quels aspects de leur vie les chrĂ©tiens sont-​ils comme des soldats engagĂ©s dans une guerre ? Quelles qualitĂ©s les soldats de Christ doivent-​ils dĂ©velopper ? Examinons cinq leçons que nous pouvons tirer de la comparaison de Paul. Ces leçons nous aideront Ă  garder prĂ©cieusement la vĂ©ritĂ©. 10. Pourquoi devons-​nous dĂ©velopper notre attachement Ă  Dieu ? 10 DĂ©veloppe ton attachement Ă  Dieu. Un bon soldat est loyal il se bat avec dĂ©termination pour protĂ©ger une personne ou une chose auxquelles il est attachĂ©. Paul a encouragĂ© TimothĂ©e Ă  dĂ©velopper son attachement Ă  Dieu 1 Tim. 47. Plus notre amour pour Dieu et notre attachement Ă  sa personne seront forts, plus nous serons dĂ©terminĂ©s Ă  garder prĂ©cieusement la vĂ©ritĂ© 1 Tim. 48-10 ; 66. À la fin d’une longue journĂ©e de travail, nous devons peut-ĂȘtre nous forcer un peu pour assister Ă  une rĂ©union. Mais nous en retirons toujours des bienfaits ! voir paragraphe 11. 11. Pourquoi nous faut-​il ĂȘtre disciplinĂ©s ? 11 Cultive l’autodiscipline. Pour rester apte au combat, un soldat doit ĂȘtre disciplinĂ© dans ses habitudes de vie. TimothĂ©e est restĂ© en bonne condition spirituelle parce qu’il a suivi le conseil de Paul de fuir les mauvais dĂ©sirs, de cultiver les qualitĂ©s chrĂ©tiennes et de se rĂ©unir avec ses frĂšres et sƓurs 2 Tim. 222. Pour cela, il fallait qu’il s’impose une discipline. De la mĂȘme façon, pour gagner la guerre contre nos mauvais dĂ©sirs, nous devons cultiver l’autodiscipline Rom. 721-25. Il nous faut aussi ĂȘtre disciplinĂ©s pour continuer de revĂȘtir la nouvelle personnalitĂ© et de nous dĂ©barrasser de la vieille personnalitĂ© Éph. 422, 24. Et quand nous sommes fatiguĂ©s Ă  la fin d’une longue journĂ©e, nous devons parfois nous forcer un peu pour assister Ă  une rĂ©union HĂ©b. 1024, 25. 12. Comment pouvons-​nous apprendre Ă  manier plus efficacement la Parole de Dieu ? 12 Un soldat doit s’entraĂźner Ă  manier ses armes. Et pour ĂȘtre habile, il doit le faire rĂ©guliĂšrement. De mĂȘme, nous devons nous entraĂźner Ă  bien manier la Parole de Dieu 2 Tim. 215. Nos rĂ©unions nous donnent une bonne formation pour cela. Mais si nous voulons ĂȘtre capables de convaincre d’autres personnes de la valeur des vĂ©ritĂ©s bibliques, nous devons aussi avoir de bonnes habitudes d’étude individuelle. Nous devons nous servir de la Bible pour fortifier notre foi. Cependant, il ne suffit pas de la lire. Pour bien comprendre ce qu’un passage enseigne et en tirer les bonnes applications, il nous faut aussi mĂ©diter et faire des recherches dans nos publications 1 Tim. 413-15. Alors nous serons capables de manier efficacement la Parole de Dieu pour l’enseigner Ă  d’autres. LĂ  encore, il ne suffit pas de leur lire un passage de la Bible. Si, lors d’une conversation avec une personne, nous lui lisons un verset, nous devons l’aider Ă  le comprendre et Ă  voir quelle leçon pratique elle peut en tirer. En gardant de bonnes habitudes d’étude, nous apprendrons Ă  manier la Parole de Dieu plus efficacement pour enseigner les gens 2 Tim. 316, 17. 13. ConformĂ©ment Ă  HĂ©breux 514, pourquoi devons-​nous faire preuve de discernement ? 13 Fais preuve de discernement. Un soldat doit savoir anticiper le danger pour l’éviter. Pareillement, nous devons apprendre Ă  repĂ©rer les situations dangereuses sur le plan spirituel, puis chercher Ă  les Ă©viter Prov. 223 ; lire HĂ©breux 514. Par exemple, il nous faut choisir avec discernement nos loisirs et nos divertissements. Souvent, les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision et les films mettent en avant des modes de vie contraires Ă  la morale biblique. Or les conduites sexuelles immorales offensent Dieu et ont toujours de graves consĂ©quences. C’est pourquoi nous rejetons les divertissements qui pourraient dĂ©truire progressivement notre amour pour Dieu Éph. 55, 6. 14. Comment Daniel a-​t-​il fait preuve de discernement ? 14 Daniel, dĂ©jĂ  mentionnĂ©, a fini par prendre conscience du danger des jeux vidĂ©o violents ou spirites. Il a donc cherchĂ© dans Watchtower Library des articles qui en parlent. RĂ©sultat ? Il a arrĂȘtĂ© de jouer Ă  ce genre de jeux vidĂ©o. Il a annulĂ© ses abonnements aux jeux en ligne et il a coupĂ© tout contact avec les autres joueurs sur Internet. Au lieu de jouer Ă  des jeux vidĂ©o, dit-​il, je me suis mis Ă  pratiquer des activitĂ©s de plein air et Ă  passer du temps avec des frĂšres et sƓurs de mon assemblĂ©e. » Daniel est aujourd’hui pionnier et ancien. 15. Pourquoi la propagande des apostats est-​elle dangereuse ? 15 Comme TimothĂ©e, nous devons apprendre Ă  discerner un autre danger les fausses informations diffusĂ©es par les apostats 1 Tim. 41, 7 ; 2 Tim. 216. Les apostats peuvent chercher Ă  rĂ©pandre des mensonges sur nos frĂšres ou des rumeurs sur l’organisation de JĂ©hovah. Ces fausses informations pourraient affaiblir notre foi. Ne nous laissons pas influencer par la propagande des apostats. En effet, ce sont des hommes Ă  l’intelligence corrompue, des hommes privĂ©s de la vĂ©ritĂ© ». Leur objectif est de provoquer des disputes et des dĂ©bats’ 1 Tim. 64, 5. Ils veulent nous amener Ă  croire Ă  leurs calomnies et Ă  penser du mal de nos frĂšres. 16. Qu’est-​ce qui pourrait nous dĂ©tourner de nos prioritĂ©s ? 16 Ne te laisse pas distraire. Comme un excellent soldat de Christ », TimothĂ©e devait concentrer ses efforts sur son ministĂšre. Il ne devait pas se laisser distraire par une carriĂšre professionnelle ou la recherche de biens matĂ©riels 2 Tim. 23, 4. Nous non plus, nous ne devons pas nous laisser dĂ©tourner de nos prioritĂ©s par l’envie d’acquĂ©rir plus de biens matĂ©riels. Le pouvoir trompeur de la richesse » pourrait nous faire perdre notre amour pour JĂ©hovah, notre reconnaissance pour sa Parole et notre dĂ©sir de parler de la vĂ©ritĂ© aux autres Mat. 1322. Nous devons garder une vie simple et consacrer notre temps et notre Ă©nergie Ă  continuer Ă  chercher d’abord le Royaume’ Mat. 622-25, 33. 17-18. Que pouvons-​nous faire pour nous protĂ©ger sur le plan spirituel ? 17 Tiens-​toi prĂȘt Ă  rĂ©agir rapidement. Un soldat doit rĂ©flĂ©chir Ă  l’avance Ă  la maniĂšre de rĂ©agir face Ă  un danger. Si nous voulons protĂ©ger les biens prĂ©cieux que JĂ©hovah nous a confiĂ©s, nous devons rĂ©agir rapidement en cas de danger. Pour cela, il est important de dĂ©terminer Ă  l’avance Ă  ce qu’il nous faut faire. 18 Avant le dĂ©collage d’un avion, les hĂŽtesses demandent aux passagers de repĂ©rer les issues de secours. Pourquoi ? Pour qu’ils puissent quitter l’avion rapidement si nĂ©cessaire. De mĂȘme, avant d’aller sur Internet ou de regarder un film ou une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision, nous devons repĂ©rer Ă  l’avance quelle issue de secours » nous emprunterons si nous tombons sur une scĂšne immorale ou de violence crue, ou sur des propos tenus par des apostats. Si nous anticipons le danger, nous pourrons rĂ©agir rapidement. Nous nous protĂ©gerons alors sur le plan spirituel et resterons purs aux yeux de JĂ©hovah Ps. 1013 ; 1 Tim. 412. 19. Si nous protĂ©geons les biens prĂ©cieux que JĂ©hovah nous a confiĂ©s, quels bienfaits en retirerons-​nous ? 19 JĂ©hovah nous a confiĂ© les vĂ©ritĂ©s bibliques ainsi que l’honneur de les enseigner Ă  d’autres. Si nous protĂ©geons ces biens prĂ©cieux, nous en retirerons de grands bienfaits une bonne conscience, une vie qui a vraiment du sens et la joie d’aider d’autres personnes Ă  connaĂźtre JĂ©hovah. Avec son soutien, nous rĂ©ussirons Ă  garder prĂ©cieusement ce qu’il nous a confiĂ© 1 Tim. 612, 19.
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Douterde tout, ce n'est pas renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, c'est plutĂŽt vouloir affirmer une vĂ©ritĂ©. La recherche de la vĂ©ritĂ© est une devoir.L'Homme est un ĂȘtre dottĂ© de raison qui ne peut prĂ©fĂ©rĂ© le faux au vrai, les faux semblants Ă  la vĂ©ritĂ©.La morale de l'Homme le pousse vers la vĂ©ritĂ©, sa sociĂ©tĂ© en est une preuve car elle est Un an aprĂšs la dĂ©couverte le 15 aoĂ»t 2008 sur une plage de LomĂ© du corps sans vie d’AtsutsĂš Kokouvi Agbobli, historien, journaliste et prĂ©sident du Mouvement pour le dĂ©veloppement national Modena, parti d’opposition togolais, il eut Ă©tĂ© aisĂ© de dĂ©noncer une nouvelle fois les circonstances troublantes de sa mort, les dĂ©clarations contradictoires et les atermoiements des autoritĂ©s policiĂšres et judiciaires togolaises, les propos surprenants prĂȘtĂ©s au chef de l’Etat, Faure GnassingbĂš, et l’inertie de la communautĂ© internationale. Il l’eut Ă©tĂ© en revanche beaucoup moins d’abandonner le combat en rase campagne, comme souvent en pareil cas, aprĂšs les dĂ©marches judiciaires entreprises, la mobilisation de l’opinion publique nationale et internationale et l’engagement rĂ©itĂ©rĂ© de poursuivre cette quĂȘte jusqu’au triomphe de la vĂ©ritĂ©. La suite aprĂšs la publicitĂ© Sans renoncer Ă  cette dĂ©nonciation ni envisager un quelconque abandon, le premier anniversaire de la mort non-Ă©lucidĂ©e d’AtsutsĂš Kokouvi Agbobli nous interpelle sur un mal lancinant qui ronge l’Afrique et constitue un des ferments des guerres civiles que nous connaissons depuis tant d’annĂ©es. Je veux bien sĂ»r parler de l’impunitĂ©. Et ce n’est pas la crĂ©ation, le 25 fĂ©vrier 2009, de la commission vĂ©ritĂ©, justice et rĂ©conciliation du Togo qui pourra y apporter un quelconque remĂšde. En effet, cette commission prĂ©sente au moins trois anomalies congĂ©nitales. Tout d’abord, le contexte politique dans lequel elle voit le jour. MĂȘme si elle procĂšde de l’Accord Politique Global du 20 aoĂ»t 2006 entre le pouvoir et les partis d’opposition, la commission vĂ©ritĂ©, justice et rĂ©conciliation ne s’inscrit nullement dans le cadre d’une alternance politique comme en Afrique du Sud au dĂ©but des annĂ©es 1990, mais au contraire d’une succession dynastique marquĂ©e par cet atavisme propre Ă  ceux qui dirigent le Togo depuis 1963 le coup d’Etat. Certes, il convient de porter au crĂ©dit du prĂ©sident de la RĂ©publique certains ajustements, mais ils sont avant tout mineurs. La rĂ©alitĂ© du pouvoir togolais demeure militaro-clanique. Peut-on alors attendre que la vĂ©ritĂ© jaillisse d’un tel rĂ©gime ? La suite aprĂšs la publicitĂ© Ensuite, le cadre judiciaire dans lequel elle s’inscrit. Le systĂšme judiciaire togolais n’a pas beaucoup Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es Ă  l’exception notable de l’abolition rĂ©cente de la peine de mort. Il est avant tout le bras rĂ©pressif du pouvoir exĂ©cutif. Les victimes de crimes politiques et leurs ayants-droits peuvent-ils donc espĂ©rer que justice leur soit rendue une fois les conclusions de la commission remises au chef de l’Etat ? Il est permis d’en douter eu Ă©gard Ă  la maniĂšre dont les instructions sur l’homicide d’AtsutsĂš Kokouvi Agbobli et la tentative d’atteinte Ă  la sĂ»retĂ© de l’Etat d’avril 2009 sont actuellement conduites par la justice togolaise. N’aurait-t-on pas mis la charrue avant les bƓufs ? Il eut effectivement Ă©tĂ© plus judicieux d’asseoir l’Etat de droit, l’impartialitĂ© et l’indĂ©pendance du pouvoir judiciaire avant d’envisager de rendre justice aux victimes. La nĂ©cessaire catharsis du peuple togolais ne saurait faire l’économie d’une rĂ©forme en profondeur du systĂšme judiciaire. Enfin, la dimension psychologique dont elle manque cruellement. Le succĂšs d’une telle dĂ©marche repose en premier lieu sur les dĂ©positions des victimes et des tĂ©moins, mais aussi des auteurs des crimes. Quand bien mĂȘme leur sĂ©curitĂ© serait garantie, il est peu probable de voir tĂ©moigner des citoyens togolais en tant que victimes ou tĂ©moins. La suite aprĂšs la publicitĂ© La confiance entre le peuple et le pouvoir civil et militaire n’est pas suffisamment installĂ©e pour que les populations se laissent aller Ă  de tels Ă©lans. La peur et l’omerta rĂšgnent toujours en maĂźtres au Togo comme dans de nombreux pays africains. A l’opposĂ©, les accusĂ©s auraient-ils dĂ©jĂ  exprimĂ© le moindre dĂ©sir de repentance ? Si tel est le cas, l’écho de leurs voix n’est pas encore parvenu jusqu’à nous. Dans le cas contraire, la rĂ©conciliation nationale est encore loin devant nous. C’est donc au nom de nos pairs que j’en appelle aujourd’hui Ă  ne pas renoncer Ă  cette exigence de vĂ©ritĂ© et de justice pour toutes celles et tous ceux qui ont sacrifiĂ© leurs vies pour notre rĂȘve de dĂ©mocratie.
Leverbe ĂȘtre, quand il est employĂ© comme ici au sens relatif, peut signifier la rĂ©ciprocitĂ©, le caractĂšre convertible d’un jugement. Autrement dit, ici, les actions de douter et celle de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© seraient rĂ©ciproques, c’est Ă  dire que la premiĂšre dĂ©coulerait de la deuxiĂšme et inversement. On voit ici une premiĂšre

La difficultĂ© Ă  atteindre la vĂ©ritĂ© peut conduire l'homme Ă  douter de sa rĂ©alitĂ©. Faut-il vraiment rechercher la vĂ©ritĂ© ou au contraire trouver une forme de sagesse en y renonçant ? I La vĂ©ritĂ© un idĂ©al inaccessible ? 1 Le scepticisme Si l'on dĂ©finit la vĂ©ritĂ© comme l'adĂ©quation entre le discours et la rĂ©alitĂ©, alors atteindre la vĂ©ritĂ© suppose un moyen de vĂ©rifier si ce que l'on dit correspond bien Ă  la rĂ©alitĂ© en soi. Les sceptiques comme Sextus Empiricus considĂšrent que l'homme ne peut pas atteindre la vĂ©ritĂ©, dans la mesure oĂč ni sa raison, ni ses sens ne lui permettent de saisir la rĂ©alitĂ© telle qu'elle est. Cette thĂšse a des implications morales. Ce qui rendrait l'homme malheureux, ce n'est pas le doute mais le fait de croire possĂ©der la vĂ©ritĂ©. Suspendre son jugement permettrait donc Ă  l'homme d'ĂȘtre heureux. 2 Les limites du scepticisme Pour Aristote, un scepticisme intĂ©gral conduit Ă  l'inaction, car toute action implique une croyance qui la motive, et au silence, car dire quelque chose implique toujours une affirmation. Ainsi, le scepticisme se nie lui-mĂȘme. Il semble donc nĂ©cessaire de ne pas abandonner l'idĂ©al de vĂ©ritĂ©. II La vĂ©ritĂ© une valeur parmi d'autres ? Le terme d'idĂ©al est ambigu, car il dĂ©signe tantĂŽt ce que l'on ne peut pas atteindre, tantĂŽt ce que l'on doit poursuivre. La vĂ©ritĂ© est un idĂ©al en ce qu'il paraĂźt lĂ©gitime de la rechercher. Atteindre la vĂ©ritĂ© est donc un objectif porteur de sens. La vĂ©ritĂ© est ainsi une valeur importante, d'un point de vue individuel et collectif. Mais n'entre-t-elle pas en conflit avec d'autres valeurs importantes ? 1 VĂ©ritĂ© et politique Certes, la vĂ©ritĂ© est une valeur importante en politique on attend des hommes politiques qu'ils disent la vĂ©ritĂ©, des citoyens qu'ils se tiennent informĂ©s de l'actualitĂ©. Mais dans la mesure oĂč l'activitĂ© politique engage des dĂ©cisions quant Ă  l'avenir, la politique ne saurait se rĂ©duire Ă  une science. C'est pourquoi l'efficacitĂ© d'un discours importe plus que sa vĂ©ritĂ© pour les sophistes. La politique n'est pas la simple mise en Ɠuvre d'une vĂ©ritĂ© prĂ©alablement dĂ©gagĂ©e. Elle implique des convictions qui ne sont pas de l'ordre de la connaissance. Pourtant, la constitution d'un espace public implique des dĂ©bats dont l'horizon est toujours la vĂ©ritĂ©. Ainsi, pour Arendt, si la vĂ©ritĂ© n'est pas la seule valeur qui compte en politique, elle revĂȘt nĂ©anmoins une importance considĂ©rable pour distinguer les diffĂ©rentes opinions. Respecter la vĂ©ritĂ© factuelle » est une condition du dĂ©bat. À noter Alain insiste sur la nĂ©cessitĂ©, pour les citoyens, de s'interroger sur la vĂ©ritĂ© des discours des diffĂ©rents acteurs publics. Si le citoyen doit obĂ©ir aux pouvoirs, il doit cependant aussi s'en mĂ©fier. 2 VĂ©ritĂ© et bonheur Dans la mesure oĂč la recherche de la vĂ©ritĂ© implique un effort, elle semble s'opposer au bonheur individuel. Pourquoi chercher la vĂ©ritĂ© si celle-ci vient dĂ©ranger mon confort ? En ce sens, l'illusion paraĂźt plus douce que l'effort Ă  fournir pour atteindre la vĂ©ritĂ©. Kant montre que la recherche de la vĂ©ritĂ© est aussi un effort d'Ă©mancipation de toutes les tutelles illĂ©gitimes qui prĂ©tendent dicter Ă  l'individu sa conduite ou sa pensĂ©e. Il s'agit de sortir d'un Ă©tat de minoritĂ© dont nous sommes nous-mĂȘmes responsables, par paresse ou par lĂąchetĂ©. Ainsi, la vĂ©ritĂ© est un idĂ©al au sens oĂč les hommes doivent sans cesse la chercher pour ĂȘtre vĂ©ritablement libres.

Pilatesait que le jeu politique est pĂ©tri de vĂ©ritĂ©s antagonistes, il en vient Ă  douter de l’existence mĂȘme de la vĂ©ritĂ©. Or JĂ©sus vient de lui affirmer que la vĂ©ritĂ© existe : « Ma royautĂ© n’est pas de ce monde. []. Je suis nĂ© et je suis venu dans le monde pour rendre tĂ©moignage Ă  la vĂ©ritĂ©. Quiconque est de la vĂ©ritĂ©
La question de Pilate Ă  JĂ©sus rĂ©sonne encore dans notre monde. Elle n’a certainement jamais perdu sa pertinence, et pourtant, Ă  l’époque oĂč nous vivons, le doute sur la vĂ©ritĂ© est encore plus prĂ©sent. Qu’est-ce que la vĂ©ritĂ©, comment l’atteindre ? Dans la question de Pilate, cela rĂ©sonne presque comme un renoncement Ă  la possibilitĂ© humaine de l’approcher. Et qu’est-ce que la vĂ©rité  Nous avons un profond dĂ©ficit de vĂ©ritĂ©. Le problĂšme du relativisme pointĂ© par BenoĂźt XVI s’est emparĂ© de la culture gĂ©nĂ©rale constater qu’aujourd’hui la question de la vĂ©ritĂ© n’est pas une affaire de ce qui est exact et de ce qui est faux, de ce qui est vrai ou de ce qui est un mensonge, mais que la question de la vĂ©ritĂ© aujourd’hui rĂ©side dans la prise de conscience gĂ©nĂ©ralisĂ©e que le concept mĂȘme de vĂ©ritĂ© n’existe pas. La vĂ©ritĂ© n’existe pas. Il n’y a que la perception subjective, que l’émotion individuelle. Seulement des rĂ©cits, des interprĂ©tations, des comprĂ©hensions qui aboutissent aux mĂȘmes faits. Chacun a sa propre vĂ©ritĂ©, chacun cherche sa propre vĂ©ritĂ©, chacun ressent sa propre vĂ©ritĂ©. Il n’y a pas de vĂ©ritĂ©, par consĂ©quent il n’y a pas de mensonge. Les fake news, la post-vĂ©ritĂ©, l’infoxication comme brouillard constant qui dĂ©figure la rĂ©alitĂ© par accumulation, ne sont que l’écho de la considĂ©ration qu’il n’y a ni vĂ©ritĂ© ni mensonge. L’auto-assistance sentimentale, l’émotivitĂ© de l’idĂ©ologie comme argumentaire, la paresse de la rationalitĂ©, le pluralisme Ă©galitaire comme tamis pour mesurer les opinions, sont autant d’instruments de cette nĂ©gation de l’existence mĂȘme de la vĂ©ritĂ©. Towers © Anne Gallot Comme image parfaite, nous avons la politique, et l’absence de toute honte ou de gĂȘne Ă  vouloir changer de critĂšres, Ă  maintenir des choses diffĂ©rentes et opposĂ©es. MĂȘme en affirmant le contraire de ce qui se passe, bref, en niant ce qui est rĂ©el. Et la clĂ© de la vĂ©ritĂ© dans ces dimensions nous conduit Ă  nier la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Biologiquement, mais sans doute aussi socialement. On nie les faits eux-mĂȘmes en les interprĂ©tant et en les racontant en fonction de ses propres intĂ©rĂȘts. La rĂ©alitĂ© est niĂ©e pour ĂȘtre transformĂ©e en une concatĂ©nation d’interprĂ©tations, de versions et de rĂ©cits qui dĂ©figurent l’existant afin de le prĂ©senter selon une vision intĂ©ressĂ©e, individuelle ou idĂ©ologique. Le rĂ©el n’existe pas car il n’y a aucun moyen de le saisir communĂ©ment. C’est l’atomisation et l’individualisme du libĂ©ralisme Ă©levĂ© au rang d’épistĂ©mologie. C’est Ockham, Descartes et Kant qui dĂ©passent la nature elle-mĂȘme, la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme, les faits eux-mĂȘmes. Rien n’est vrai et rien n’est un mensonge, tout dĂ©pend de la couleur du verre Ă  travers lequel une personne le regarde. Ou ce que chacun pense. Ou ce que chacun veut qu’il soit. Dans ces conditions, cela n’a aucun sens de lever l’épĂ©e pour avoir dit que l’herbe Ă©tait verte. Il n’y a pas d’hommes et de femmes mais plutĂŽt des choses plurielles racontĂ©es Ă  partir d’une Ă©motivitĂ© subjective, personnelle et changeante. Il n’y a pas de faits, seulement des mots qui les racontent et les interprĂštent. Seuls les sentiments traduisent ce que l’on pense savoir et deviennent le critĂšre de jugement de tout. Affirmer cela suppose aussi que celui qui vit, saisit et comprend Ă©motionnellement ne sait pas distinguer – lorsqu’on affirme que la vĂ©ritĂ© existe et qu’elle peut ne pas ĂȘtre ce que l’on pense ou ressent – que l’on ne va pas contre lui-mĂȘme personnellement. Les personnes vexĂ©es, les accusations de totalitarisme et d’extrĂ©misme. Pour avoir dit que l’herbe Ă©tait verte ou que les hommes et les femmes existaient, ou qu’une sculpture invisible est une fraude. Et pourtant, tout a besoin de nuances. AprĂšs l’analyse apocalyptique, l’antithĂšse du bon sens. C’est-Ă -dire, la soif face
 au contraire. Avec la vĂ©ritĂ©, nous rencontrons la difficultĂ© qu’elle n’est pas lĂ  dĂ©posĂ©e dans une urne sacrĂ©e et brute, rĂ©pondant objectivement Ă  toute rĂ©alitĂ©. Il existe des perceptions diverses, des rĂ©alitĂ©s imposĂ©es, une fragmentation des connaissances ou des informations qui nous rendent incapables de saisir la vĂ©ritĂ© telle qu’elle est exprimĂ©e en elle-mĂȘme et pleinement dĂ©veloppĂ©e. Le monde est devenu plus complexe et il n’est pas possible pour un Isidore, un Albert ou un Thomas d’avoir une vision complĂšte de la rĂ©alitĂ©. Il est nĂ©cessaire d’interprĂ©ter et de comprendre. Il faut aussi tenir compte des circonstances et des conditions du monde et, bien que l’on ne soit pas un grand croyant de l’idĂ©e du progrĂšs comme moteur de changement anthropologique – l’ĂȘtre humain est ce qu’il est, toujours – on comprend que l’histoire conditionne, et que le contexte de l’homme l’adapte. Douces VĂ©ritĂ©s Aujourd’hui, pour aborder l’idĂ©e de vĂ©ritĂ©, nous ne pouvons pas perdre de vue que la spĂ©cialisation qui nous domine exige l’interdisciplinaritĂ© ; que la subjectivitĂ© est une condition humaine pour saisir ce qui nous entoure ; que le relativisme du selon et du comment, des degrĂ©s et des consĂ©quences, n’est pas toujours faux et a souvent beaucoup Ă  dire ; que les mots sont des moyens d’accĂ©der Ă  la rĂ©alitĂ©, mais aussi des barriĂšres impossibles Ă  franchir parce que, dans une certaine mesure, ils nous sĂ©parent de ce qui est tel qu’il est », mĂȘme si nous n’avons d’autre choix que d’y recourir. Et pourtant, renoncer Ă  l’idĂ©e de vĂ©ritĂ©, c’est renoncer Ă  la possibilitĂ© de se comprendre en tant qu’ĂȘtres humains. Si nous devions accepter qu’il existe autant de vĂ©ritĂ©s que de personnes dans leurs subjectivitĂ©s Ă©motionnelles, la coexistence serait impossible. Il n’y aurait pas de rĂ©alitĂ© commune Ă  partager, nous finirions dans la polarisation et la confrontation sur tous les sujets, Ă©tant donnĂ© que tout serait lu, interprĂ©tĂ©, compris Ă  partir de son propre point de vue. C’est presque lĂ  oĂč nous mĂšne le progressisme d’aujourd’hui. Habermas vise Ă  surmonter ce problĂšme Ă©vident en revenant Ă  l’idĂ©e du contrat social moderne avec la thĂ©orie du dialogue pur fondĂ© sur le respect et la reconnaissance de la dignitĂ© et de la bonne volontĂ© de l’autre, oĂč nous nous accorderions sur quelques » vĂ©ritĂ©s douces » qui nous permettraient de vivre en sociĂ©tĂ© en acceptant de vivre ensemble. Le problĂšme de ces approches est double. L’une de nature thĂ©orique – les conditions idĂ©ales sont impossibles Ă  remplir, et il y a toujours quelqu’un d’assez malin pour les contourner afin de gagner la discussion en utilisant la bonne volontĂ© de l’autre – et l’autre de nature pratique on renonce Ă  la rĂ©alitĂ©, c’est-Ă -dire qu’on construit la coexistence, mais en marge de la rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ© existe. Peu importe Ă  quel point l’ingĂ©nierie sociale essaie de s’y opposer, elle existe. Les choses existent. Et elles sont comme elles sont, pas comme nous voudrions qu’elles soient. L’herbe est verte, il y a le jour et la nuit, les hommes et les femmes. Il y a la fĂ©minitĂ© et la masculinitĂ©. Il existe une loi naturelle, un ordre donnĂ©. La condition humaine est ce qu’elle est, et malgrĂ© le transhumanisme, la psychologie, la publicitĂ© et les neurosciences, les ĂȘtres humains sont ce qu’ils sont. Et ce n’est en aucun cas un manque de respect ou de dignitĂ© pour ceux qui disent le contraire. Le point du jour © Anne Gallot Et n’oubliez pas que la crise de la vĂ©ritĂ© n’est pas exclusivement culturelle. Ou plus exactement, elle est culturelle parce qu’elle est d’abord une crise personnelle. Le social est toujours une construction et un tout du personnel – mĂȘme si le tout est plus que le rassemblement de ses parties. La vĂ©ritĂ© avec soi-mĂȘme, avec sa propre identitĂ©, avec sa propre image est la premiĂšre crise de vĂ©ritĂ©. Les dĂ©ceptions liĂ©es Ă  l’émotivisme, au psychologisme et au manque de rationalitĂ© partent toujours du fait que l’homme d’aujourd’hui semble incapable de s’accepter tel qu’il est. Avec ses limites, ses faiblesses et ses dĂ©ficiences. Aussi avec ses potentiels et ses richesses. Incapable – dans un Ă©cho rĂ©volutionnaire et moderne – d’accepter la culture reçue, ce qui a Ă©tĂ© hĂ©ritĂ©, avec tous les besoins de changement que cela comporte, qui ne sont pas peu nombreux. Ce n’est pas accepter cet homme dĂ©jĂ  postmoderne ou transmoderne, incapable de se faire tel qu’il voudrait ĂȘtre idĂ©alement – sous les messages marketing de ce qu’est rĂ©ellement cet idĂ©al pour le marchĂ© et la consommation
 Il y a dans tout cela un Ă©cho biblique qui nous conduit Ă  l’idolĂątrie de l’égoĂŻsme, Ă  l’idolĂątrie d’un moi qui n’accepte pas l’idĂ©e d’ĂȘtre une crĂ©ature, de ne pas ĂȘtre maĂźtre de soi. Comme l’a dit Donoso CortĂ©s, nous ne pouvons pas perdre de vue qu’au cƓur de tout dĂ©bat social se trouve une question thĂ©ologique. Et avec la question de la vĂ©ritĂ© plus que toute autre. Article publiĂ© par Vicente Niño le 27 juin 2021 sur El Debate de Hoy Traduit de l’espagnol par CM

Douterce n'est pas renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© a. Le doute comme instrument de la sagesse Il est parfois nĂ©cessaire de douter pour que certaines vĂ©ritĂ©s s’établissent. Si le doute sceptique est l’équivalent de l’épochĂš des Grecs, c’est-Ă -dire Ă©quivalent Ă  la « suspension du jugement », c’est parce que la vĂ©ritĂ© est trop difficile Ă  trouver pour que nous puissions y

Dans un grand livre sur l’éthique de la pensĂ©e, Pascal Engel se demande ce qu’il faut de plus au croire pour savoir. Il montre que les vices intellectuels consistent Ă  ne pas reconnaĂźtre nos raisons et nos normes Ă©pistĂ©miques, lesquelles sont autonomes par rapport aux raisons pratiques. Pascal Engel, Les vices du savoir. Essai d’éthique intellectuelle. Agone, 616 p., 26 € Dans le premier de ses grands livres consacrĂ©s Ă  la logique ou, plus prĂ©cisĂ©ment, Ă  la philosophie de la logique, La norme du vrai, il y a exactement trente ans, Pascal Engel accordait aux notions de vĂ©ritĂ© et de signification une place centrale. Il ne se contentait pas alors d’inventorier des formes, il se prĂ©occupait avant tout d’analyser leurs conditions d’application au langage, Ă  la pensĂ©e et Ă  la rĂ©alitĂ©. Il n’est pas inexact, je crois, de dire que son nouvel ouvrage, d’une exceptionnelle densitĂ© et d’une admirable Ă©rudition, reprĂ©sente l’achĂšvement, certes provisoire, d’un programme de travail explorĂ© dans d’autres travaux – notamment dans une importante synthĂšse, La vĂ©ritĂ© 1998, dans son dialogue avec Richard Rorty, À quoi bon la vĂ©ritĂ© ? 2005, dans sa ferme rĂ©futation d’une Ă©pistĂ©mologie contextualiste et relativiste, Va savoir ! De la connaissance en gĂ©nĂ©ral 2007, dans la savoureuse introduction aux principaux problĂšmes de la philosophie des sciences, ÉpistĂ©mologie pour une marquise 2011, et, enfin, dans Les lois de l’esprit 2012, qui, Ă  travers une analyse des engagements fondamentaux de Julien Benda, proposait un riche portrait en creux de Pascal Engel. Si Les vices du savoir poursuit donc un projet d’une rare cohĂ©rence, on aurait cependant grandement tort de ne pas mesurer sa radicale nouveautĂ© – nouveautĂ© qui accentue le regret de l’absence d’un index nominum, dont l’auteur n’est Ă©videmment pas responsable. Cette nouveautĂ© rĂ©side dans l’élaboration des principes d’une Ă©thique intellectuelle, autrement dit de normes pour la pensĂ©e, dont l’indĂ©pendance au regard de l’éthique en gĂ©nĂ©ral et de l’épistĂ©mologie est fortement dĂ©gagĂ©e. Au-delĂ  de cette construction thĂ©orique, Pascal Engel montre que s’opposer Ă  la domination des puissants implique, pour la dĂ©mocratie, une dĂ©fense intransigeante de la notion de vĂ©ritĂ©. Normes et raisons du croire l’éthique premiĂšre de la croyance Si l’autonomie de l’éthique intellectuelle constitue l’affirmation centrale du livre, la distinction entre ses deux niveaux est particuliĂšrement heuristique. Le premier dĂ©finit les conditions de la conformitĂ© et de la correction de la croyance. Pascal Engel dĂ©fend l’évidentialisme, c’est-Ă -dire, dans la perspective de William Clifford, la thĂšse selon laquelle on doit toujours croire sur la base des preuves ou des donnĂ©es disponibles. Si l’auteur s’éloigne de la coloration moralisatrice que Clifford attachait Ă  sa maxime, il ne refuse pas pour autant l’idĂ©e que certaines Ă©valuations Ă©pistĂ©miques ont une dimension Ă©thique. Sa position dĂ©fend conjointement l’idĂ©e de normes et de valeurs partiellement communes entre Ă©pistĂ©mologie et Ă©thique et le refus de l’inclusion de la premiĂšre dans la seconde. C’est l’un des enjeux de ce livre que de montrer la possibilitĂ© de la corrĂ©lation entre des domaines nĂ©anmoins indĂ©pendants. Pascal Engel refuse Ă  la fois la coupure radicale entre Ă©thique et Ă©pistĂ©mologie que propose le positivisme d’un cĂŽtĂ© la recherche du vrai, de l’autre celle du bonheur et du bien et l’unification des deux que proposent des conceptions eudĂ©moniques, dont les conceptions aristotĂ©licienne et chrĂ©tienne. Cette Ă©thique premiĂšre doit surmonter trois dĂ©fis le problĂšme normatif, le problĂšme du volontarisme et le problĂšme de la justification. Le premier porte sur la question de savoir si les Ă©valuations dans le domaine cognitif doivent ĂȘtre envisagĂ©es en termes dĂ©ontiques c’est-Ă -dire d’obligations ou en termes tĂ©lĂ©ologiques c’est-Ă -dire de buts. Le deuxiĂšme, crucial Ă  n’en pas douter, consiste Ă  se demander si nous pouvons croire volontairement auquel cas nous serions responsables de nos croyances. Enfin, le troisiĂšme concerne les modalitĂ©s de la justification Ă©pistĂ©mique peut-elle emprunter d’autres voies que celle des preuves ou des donnĂ©es qui l’étayent ?. Pascal Engel © D. R. Pascal Engel rejette l’idĂ©e qu’il puisse exister une acrasie Ă©pistĂ©mique une faiblesse de la volontĂ© je crois ce que je ne devrais pas croire et dĂ©fend corrĂ©lativement l’argument de la transparence, socle de l’évidentialisme normatif, selon lequel quand on se demande si l’on croit que P, on cherche spontanĂ©ment Ă  savoir si P est le cas », argument liĂ© Ă  deux propriĂ©tĂ©s de nos croyances, leur rationalitĂ© et l’autoritĂ© que nous avons sur la question de savoir quelles sont nos propres croyances ». En d’autres termes, la norme de vĂ©ritĂ© est la meilleure explication de cette transparence de la croyance Ă  la vĂ©ritĂ©. Quant Ă  la possible existence d’obligations Ă©pistĂ©miques, malgrĂ© de nombreuses objections, soigneusement examinĂ©es, elle est dictĂ©e par la maniĂšre dont les normes rĂ©gulent la dĂ©libĂ©ration sur des croyances, mĂȘme si ces obligations ne peuvent ĂȘtre assimilĂ©es Ă  des prescriptions. DĂšs lors, la justification Ă©pistĂ©mique, quoi que puissent en penser les pragmatistes, ne peut faire l’économie de l’affirmation de normes Ă©pistĂ©miques, telles que celles de vĂ©ritĂ© et de savoir. Il s’agit de normes constitutives qui dĂ©terminent donc un idĂ©al, autrement dit ce que la croyance devrait ĂȘtre pour tout individu rationnel capable d’en avoir le concept ». Les croyances religieuses Ă©chappent-elles Ă  ces contraintes ? Pascal Engel estime que l’on ne comprend pas la nature de la croyance si on est obnubilĂ© par la question de la religion. Et, corrĂ©lativement, que l’on ne comprend pas bien la nature de la croyance religieuse si on la dĂ©tache des divers modes et opĂ©rations de notre facultĂ© doxastique. L’évidentialisme peut-il s’appliquer Ă  ces contraintes ? Deux types d’objections peuvent ĂȘtre soulevĂ©s. Le premier, que Pascal Engel nomme diffĂ©rentialisme, consiste Ă  affirmer que la croyance religieuse est distincte des croyances ordinaires qu’elles soient quotidiennes ou scientifiques. Le second, assimilationniste, soutient au contraire qu’il y a bien des choses en commun entre ces croyances mais, le plus souvent, refuse le mode de justification propre aux croyances ordinaires mĂȘme si la variĂ©tĂ© des positions n’autorise guĂšre cette gĂ©nĂ©ralisation. L’auteur s’intĂ©resse essentiellement Ă  cette seconde objection se soumet-elle vraiment Ă  l’évidentialisme ? Dans la mesure oĂč ce dernier est fondĂ© sur le principe de transparence et de cohĂ©rence de la croyance, il dĂ©fend l’exclusivitĂ© par rapport aux raisons pratiques des raisons Ă©pistĂ©miques de croire on ne peut pas, au sens normatif, croire pour des raisons autres qu’épistĂ©miques. En outre, il refuse la commensurabilitĂ© des raisons pratiques et Ă©pistĂ©miques. Or l’assimilationniste fait appel Ă  la confiance il se rĂ©fĂšre souvent Ă  des certitudes primitives », laquelle recourt lĂ©gitimement Ă  la raison pratique. Cette perspective doit beaucoup Ă  la sociologie durkheimienne, qui relĂšgue les croyances au second plan pour privilĂ©gier les pratiques. On ne saurait dĂšs lors considĂ©rer qu’elle se soumet aux critĂšres de l’évidentialisme puisqu’elle se soustrait Ă  l’exigence de preuves et ne vise pas Ă  dĂ©terminer en quoi nos croyances peuvent ĂȘtre des connaissances. Les raisons pratiques de croire, notamment fondĂ©es sur l’espoir ou la consolation, ne sont pas de bonnes » raisons et, en rĂ©alitĂ©, ne sont pas, du point de vue Ă©videntialiste, des raisons du tout. À l’évidentialisme normatif, sorte de mĂ©taphysique des mƓurs, pour utiliser un vocabulaire kantien, Engel adjoint une doctrine de la vertu, soit une Ă©thique seconde de la croyance. Il faut souligner la distance entre l’idĂ©e aristotĂ©licienne de vertu intellectuelle et cette Ă©thique seconde, qui met en avant les notions stoĂŻciennes de raison et de normes. Une thĂ©orie des vertus intellectuelles l’éthique seconde de la croyance L’évidentialisme normatif est compatible, selon l’auteur, avec l’idĂ©e qu’il peut y avoir une forme d’agir Ă©pistĂ©mique qui ne nous rende pas complĂštement irresponsables de nos croyances ». Reste Ă  dĂ©terminer comment nous pouvons avoir une connaissance des normes, et des raisons de les accepter ou non. En d’autres termes, quelles peuvent ĂȘtre nos raisons de croire et quel lien entretiennent-elles avec nos raisons d’agir ? Le point de vue de Pascal Engel se construit contre le pragmatisme, du moins une certaine conception de celui-ci qui Ă©pargne Peirce, dont les thĂšses principales sont les suivantes 1. Une raison de croire peut ĂȘtre un motif pour une action thĂšse de la commensurabilitĂ© selon laquelle on est fondĂ© Ă  comparer les raisons de croire et les raisons d’agir et, corrĂ©lativement, Ă  accepter que des raisons pratiques puissent l’emporter sur des raisons thĂ©oriques. 2. Les raisons d’agir Ă©tant fondamentalement constituĂ©es par des dĂ©sirs, les croyances sont des instruments en vue d’une fin pratique. 3. Les normes et les valeurs sont des expressions de nos dĂ©sirs et de nos buts. 4. Il ne peut exister de justification qui soit exclusivement Ă©pistĂ©mique. 5. La rationalitĂ© de nos actions comme de nos croyances est essentiellement dĂ©terminĂ©e par nos buts. 6. Croyances et jugements sont exclusivement des dispositions Ă  l’action. 7. La vĂ©ritĂ© est une notion mince et non une notion mĂ©taphysique substantielle. À de nombreux Ă©gards, nous venons ci-dessus de rĂ©sumer la vulgate philosophique dominante. Engel lui oppose une Ă©thique dite seconde qui se prĂ©occupe du passage des normes de la croyance Ă  leur rĂ©gulation dans l’enquĂȘte Être vertueux [
] Ă©pistĂ©miquement, c’est d’abord ĂȘtre respectueux des raisons et c’est ensuite ĂȘtre gouvernĂ© par les normes Ă©pistĂ©miques dans ses enquĂȘtes ». La vĂ©ritĂ© sortant du puits, par Jean-LĂ©on GĂ©rĂŽme 1896 Il faut insister sur la conception de l’enquĂȘte dĂ©fendue par l’auteur. Celui-ci a rĂ©cemment, ici mĂȘme [1], soulignĂ© la diffĂ©rence entre savoir et enquĂȘter. Le pragmatisme privilĂ©gie l’enquĂȘte ou, plus prĂ©cisĂ©ment, le savoir comme enquĂȘte. Pour lui, la connaissance est apprentissage, processus, rĂ©vision par l’expĂ©rience. Aucune certitude n’est ainsi Ă  l’abri des rĂ©visions. Il existe pourtant une lĂ©gitimitĂ© de l’enquĂȘte, dont on trouve le paradigme chez Descartes, qui ne sacrifie pas les normes Ă  la description de la pratique il s’agit alors de donner des principes absolument certains et infaillibles sur lesquels fonder la science voir le chapitre consacrĂ© Ă  Descartes. Pascal Engel l’écrivait dans son livre sur Benda La valeur de la science n’est pas dans ses rĂ©sultats, lesquels peuvent faire le jeu du pire immoralisme, mais dans sa mĂ©thode, prĂ©cisĂ©ment parce qu’elle enseigne l’exercice de la raison au mĂ©pris de tout intĂ©rĂȘt pratique [2] ». On ne peut donc accepter que les normes qui gouvernent nos descriptions du monde soient Ă©valuĂ©es Ă  l’aune de leur utilitĂ© sociale et non de leur relation Ă  la vĂ©ritĂ©. C’est dans la perspective de cette recommandation que l’auteur se livre Ă  un exercice rĂ©jouissant l’inventaire des vices intellectuels – dans le prologue, il se livre Ă  un pastiche de Dante destinĂ© Ă  nous avertir qu’il va bel et bien parler de cet Enfer. Le vice Ă©pistĂ©mique peut ĂȘtre dĂ©fini comme une insensibilitĂ© aux raisons ou aux normes. La liste est longue mĂȘme si chacun des vices rĂ©pertoriĂ©s ne subit pas le mĂȘme sort la curiositĂ©, la foutaise », le snobisme, le penser faux », la bĂȘtise. On peut s’étonner de rencontrer la curiositĂ© dans cet inventaire. Pourtant, elle peut ĂȘtre un vice lorsqu’elle oriente le dĂ©sir de savoir et l’intĂ©rĂȘt en dehors de tout objectif cognitif Ă©pistĂ©mique de connaissance, mais aussi quand le curieux n’a aucune idĂ©e de ce qu’il cherche ni de ce qu’il est important de chercher ». Il faut s’arrĂȘter un instant sur la place rĂ©servĂ©e Ă  la foutaise » ou bullshit. Si le menteur respecte la vĂ©ritĂ© et en observe les rĂšgles, le bullshitter n’en a cure. Il dit n’importe quoi, sans se soucier de savoir si c’est vrai ou faux. Donald Trump en est le parfait exemple, comme l’a montrĂ© Engel dans un travail antĂ©rieur [3]. Mais, au-delĂ , en nommant fake news toute vĂ©ritĂ© qui lui dĂ©plaĂźt, Trump applique le critĂšre pragmatiste de la vĂ©ritĂ© combinĂ© au relativisme “Est vrai ce qui me plaĂźt, faux ce qui me dĂ©plaĂźt, mais vous ĂȘtes en droit de dire de mĂȘme” [4] ». Ce cynisme est celui du postmodernisme pour lequel la vĂ©ritĂ© n’est qu’un mot et le savoir ne peut prĂ©tendre Ă  l’objectivitĂ©. En renonçant aux idĂ©aux de vĂ©ritĂ©, de justification et de connaissance objective, on se met directement entre les mains de ceux pour qui la vĂ©ritĂ© n’est plus qu’un colifichet inutile [5]”. Quant Ă  la bĂȘtise, Pascal Engel en distingue deux niveaux. Un niveau de base, portant sur les compĂ©tences et la rationalitĂ© ou plutĂŽt l’absence de compĂ©tence et de rationalitĂ© de l’agent stupide, qui consiste en des dispositions cognitives n’étant pas sous le contrĂŽle de l’agent ici dĂ©ficientes, et un second niveau, rĂ©flexif, largement sous le contrĂŽle de l’agent. Comme l’ont dĂ©crit des Ă©pistĂ©mologues de la vertu comme Ernest Sosa et John Greco, ce double niveau se reproduit pour toutes les vertus et les vices. C’est au second niveau qu’appartient le vĂ©ritable vice intellectuel. On peut se demander si la sociologie des sciences contemporaines n’illustre pas Ă  la perfection la plupart de ces vices. Mais nous aurions tort de minimiser la responsabilitĂ© de Michel Foucault, lequel entend bĂątir une Ă©thique de la vĂ©ritĂ© sans la vĂ©ritĂ© et une gĂ©nĂ©alogie du savoir sans le savoir. Cette remarque critique est l’occasion de souligner que, contrairement Ă  Foucault qui s’intĂ©ressait avant tout au savoir dans les sciences, tout particuliĂšrement dans les sciences de l’homme, Pascal Engel, comme il l’avait fait dans Les lois de l’esprit, accorde Ă  la littĂ©rature une importance dĂ©terminante dans l’ordre cognitif. Contre le constructivisme de la justification HĂ©ritiĂšre de Kuhn et de Feyerabend, la sociologie des sciences contemporaine attribue, dans l’explication des rĂ©sultats scientifiques, une place prĂ©pondĂ©rante, pour ne pas dire unique, aux critĂšres externes, c’est-Ă -dire au poids des logiques financiĂšres, politiques et technologiques. Elle adhĂšre implicitement Ă  l’idĂ©e que le chercheur est animĂ©, pour l’essentiel, par des intĂ©rĂȘts professionnels. S’il ne fait guĂšre de doute que les scientifiques recherchent une rĂ©tribution de leurs travaux, il est plus difficile d’admettre qu’ils construisent une rĂ©alitĂ© en fonction de leurs convictions personnelles. Si seuls les facteurs de dĂ©termination externe jouaient un rĂŽle, il serait difficile de dĂ©cider quelles observations sont susceptibles de dĂ©partager des thĂ©ories scientifiques rivales. On en viendrait ainsi inĂ©luctablement Ă  identifier la vĂ©ritĂ© au consensus. Il est, au contraire, nĂ©cessaire de dĂ©fendre l’idĂ©e que la vĂ©ritĂ© est une norme Elle est ce que visent nos enquĂȘtes et elle est liĂ©e, conceptuellement, de maniĂšre essentielle Ă  des notions aussi fondamentales que celles de croyance et de connaissance [6] ». Il est impossible de fournir une thĂ©orie de la justification de nos croyances sans faire appel Ă  la notion de vĂ©ritĂ©, qui est par consĂ©quent une norme Ă©pistĂ©mique inĂ©liminable [7] ». Pourtant, la position sceptique, qui menace la notion mĂȘme de valeur Ă©pistĂ©mique », est, sous l’influence des philosophes du soupçon, la philosophie spontanĂ©e de notre temps. La responsabilitĂ© de Foucault dans cette funeste orientation n’est pas douteuse. S’il convient de ne pas sous-estimer l’apport de ce dernier dans le domaine de l’archĂ©ologie des connaissances, c’est-Ă -dire dans celui des conditions de production des discours sur la sexualitĂ©, la folie ou la prison, on ne doit prĂ©cisĂ©ment pas confondre ces questions des conditions d’existence du savoir avec celles, spĂ©cifiques Ă  l’épistĂ©mologie, qui en dĂ©terminent les conditions de vĂ©ritĂ©. Dans un entretien de 1977, Foucault affirme que la vĂ©ritĂ© » est liĂ©e circulairement Ă  des systĂšmes de pouvoir qui la produisent et la soutiennent, et Ă  des effets de pouvoir qu’elle induit et qui la reconduisent. RĂ©gime » de la vĂ©ritĂ© [8] ». DĂšs lors, ce ne sont pas les faits qui nous contraignent mais le rĂ©gime de vĂ©ritĂ© » de la sociĂ©tĂ© Ă  laquelle nous appartenons. Ce raisonnement est idĂ©al-typique du constructivisme de la justification. Dans l’ Ă©pistĂ©mologie » de Foucault, il n’existe aucune place pour la distinction entre ĂȘtre vrai et ĂȘtre tenu pour vrai. Il est pourtant essentiel de ne pas confondre, comme le souligne Jacques Bouveresse, le caractĂšre historiquement dĂ©terminĂ© des moyens dont nous disposons pour dĂ©cider si une proposition est vraie ou fausse avec la vĂ©ritĂ© ou la faussetĂ© de la proposition, qui peut trĂšs bien ĂȘtre dĂ©terminĂ©e sans que nous y soyons pour quelque chose [9] ». Nous sommes donc pleinement d’accord avec Engel lorsque, contre la notion de rĂ©gime de vĂ©ritĂ© », il Ă©voque le triangle assertion-vĂ©ritĂ©-croyance, qui, prĂ©cise-t-il, n’est pas une configuration sociale particuliĂšre, produit de conventions, mais la situation de base, celle qui dĂ©termine les autres et en est la condition ». Il poursuit Les usages de ce triangle peuvent changer les gens peuvent dĂ©sirer la vĂ©ritĂ© et la connaissance, ou la mĂ©priser. [
] Mais quoi qu’ils fassent, ce systĂšme est en place ». Engel l’avait rappelĂ© dans un ouvrage antĂ©rieur Valoriser la vĂ©ritĂ©, ce n’est pas vouloir croire ce qu’il est utile ou intĂ©ressant de croire, c’est valoriser une norme qui est capable de transcender ces intĂ©rĂȘts [10] ». Il n’existe cependant nulle obligation de dire ou de croire ce qui est vrai. Ce qui est exigĂ© ne relĂšve pas de la morale. Il s’agit seulement d’accepter, mais c’est essentiel, que le vrai puisse ĂȘtre la norme de nos pratiques discursives, aussi bien dans la vie quotidienne que dans les sciences [11] ». Il est certainement plus aisĂ© de dĂ©fendre les valeurs de solidaritĂ©, de tolĂ©rance ou de libertĂ© si l’on attribue Ă  la vĂ©ritĂ©, plutĂŽt qu’une valeur instrumentale, une valeur substantielle. On pourrait mĂȘme craindre que l’abandon de la distinction entre justification et vĂ©ritĂ© conduise inĂ©luctablement Ă  la disparition de cette derniĂšre. On voit mal ce que la dĂ©mocratie aurait Ă  y gagner. En revanche, nous voyons parfaitement l’immense intĂ©rĂȘt de ce livre dĂ©cisif. Pascal Engel, Savoir et enquĂȘter », En attendant Nadeau, juillet 2019. Pascal Engel, Les lois de l’esprit, Ithaque, 2012, p. 136-137. Pascal Engel, La leçon de philosophie du prĂ©sident Trump », AOC, 8-1-2019 Ibid. Entretien avec Pascal Engel Ă  lire en suivant ce lien. Pascal Engel, La vĂ©ritĂ©, Hatier, 1998, p. 75. Ibid., p. 78. Entretien avec Michel Foucault », in Dits et Ă©crits, Gallimard, 1994-2001, p. 160. Un rĂ©gime de vĂ©ritĂ© » est constituĂ© par un systĂšme Ă©pistĂ©mique les rĂšgles de justification des Ă©noncĂ©s et par les dispositifs de pouvoir dans lesquels il s’inscrit. Jacques Bouveresse, L’objectivitĂ©, la connaissance et le pouvoir » in Didier Éribon dir., L’infrĂ©quentable Michel Foucault, EPEL, 2001, p. 141. Pascal Engel, La vĂ©ritĂ©, op. cit., p. 78. Pascal Engel et Richard Rorty, À quoi bon la vĂ©ritĂ© ?, Grasset, 2005, p. 42. Tous les articles du n° 86 d’En attendant Nadeau

Douterserait abandonner la vĂ©ritĂ©. Le scepticisme, est une doctrine selon laquelle la raison humaine ne peut pas trouver de rĂ©ponses sĂ»res concernant les questions philosophiques et les Ă©nigmes de l’univers, la vĂ©ritĂ© est une science inexacte.
Le nihilisme est une thĂ©orie philosophique qui affirme l'absurditĂ© de la vie, l’inexistence de la morale et de la vĂ©ritĂ©. On associe souvent, Ă  tort, comme des corollaires, le pessimisme et le scepticisme au nihilisme. Car le vrai nihilisme consiste Ă  ne croire en rien, Ă  ne croire en aucune positivitĂ©. C’est Nietzsche qui a le premier pointĂ© le nihilisme comme l’ennemi des civilisations modernes, l’accusant des ruiner les fondements de la morale. Histoire du nihilisme Nihilisme » vient du latin nihil, rien, ce qui n'existe pas. Le terme fait son apparition chez Tourgueniev chez lequel le nihilisme est utilisĂ© pour dĂ©crire le scientisme brut. Ce terme apparaĂźt en Russie fin 19Ăš, et est connotĂ© politiquement, associĂ© Ă  un mouvement rĂ©volutionnaire qui a rejetĂ© l'autoritĂ© de l'État, de l’Église et de la famille. Bakounine, le penseur anarchiste, a dĂ©clarĂ© la passion pour la destruction est aussi une passion crĂ©ative! ». L’anarchisme est nihiliste car il refuse que l’autoritĂ© ait sa source dans la religion et l’Etat. PrĂŽnant une Ă©thique de la subversion, le mouvement a fini par faire l’apologie du terrorisme politique. Avant le 19Ăš siĂšcle, le nihilisme prend ses racines dans le scepticisme antique. Parce qu'ils refusent la certitude, les sceptiques dĂ©noncent les vĂ©ritĂ©s aussi bien que les opinions. D’un point de vue Ă©pistĂ©mologique, le scepticisme conduit au nihilisme, Ă  l’absence de possibilitĂ© de la vĂ©ritĂ©. Stirner est un des premiers philosophes nihilistes. Pour Stirner, la rĂ©alisation de la libertĂ© individuelle est la seule loi, et l'Etat, qui met en pĂ©ril la libertĂ©, doit ĂȘtre dĂ©truit. Nietzsche et le nihilisme Pour la morale de Nietzsche, il n'y a pas d'ordre objectif dans le monde, sauf celui que nous lui donnons. Pour lui, le nihilisme demande un rejet radical de toutes les valeurs et de tout sens Le nihilisme est non seulement la croyance que tout mĂ©rite de pĂ©rir, mais qu’il faut dĂ©truire ». Cette destruction du sens est une force destructrice dans l'histoire, source de la plus grande crise de l'humanitĂ© et du dĂ©clin de la culture europĂ©enne. LadĂ©monstration est un procĂ©dĂ© permettant de conclure la vĂ©ritĂ© d’une proposition Ă  partir de prĂ©misses vraies. Mais pour Ă©tablir la vĂ©ritĂ© des ses prĂ©misses, il faudrait Ă  leur tour les dĂ©montrer, ce qui nous engagerait dans une rĂ©gression sans fin, chaque prĂ©misse dĂ©montrĂ©e s’appuyant sur des prĂ©misses antĂ©rieures.
Si on insiste tant sur l’exigence de vĂ©ritĂ©, c’est parce qu’elle est, simultanĂ©ment, la condition pratique d’une vie partagĂ©e – se parlerait-on encore si tout ce que nous disons Ă©tait erronĂ©, ou mensonger ? – et la valeur selon laquelle on Ă©value tout Ă©noncĂ©, tout jugement. Ainsi, renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, ce serait renoncer Ă  la vie commune et faire perdre Ă  la parole tout son sens, ne plus tenir parole, comme on dit. Ce serait renoncer Ă  connaĂźtre quoi que ce soit. Pourtant, il y a des formes d’attachement Ă  la vĂ©ritĂ© qui sont, aussi, encombrantes et trompeuses. AprĂšs tout, est-on si sĂ»r que ceux qui refusent obstinĂ©ment de renoncer Ă  ce qu’ils appellent vĂ©ritĂ© », ne sont pas, en fait, fermement agrippĂ©s Ă  une erreur ? Et qu’est ce qui nous dit que la vĂ©ritĂ© soit bien la valeur, le mĂštre Ă©talon de tout propos comme elle prĂ©tend ĂȘtre ? Un doute semble demeurer sur tout jugement, qui empĂȘche de coller l’étiquette certifiĂ© vrai » sur les Ă©noncĂ©s, nous laissant indĂ©finiment en suspens, Ă©loignĂ©s d’une vĂ©ritĂ© qui se refuserait Ă  nous, Ă  laquelle dĂšs lors il faudrait bien renoncer. Alors, peut-on renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? On voit que la question se pose Ă  de multiples Ă©chelles. Tout d’abord, il s’agit d’établir s’il est simplement possible de le faire, et quelle forme peut prendre un tel renoncement. Ensuite, il faudra se demander si se dĂ©tourner ainsi de la vĂ©ritĂ© est lĂ©gitime. Enfin nous nous demanderons s’il est nĂ©cessaire de le faire, et ce, paradoxalement, pour sauver la possibilitĂ© de cheminer vers la libertĂ©. La façon la plus Ă©vidente de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, c’est le mensonge. Et c’est parce qu’elle semble Ă©vidente qu’il faut s’en mĂ©fier. En effet, si le menteur semble renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, c’est parce qu’il ne la donne pas aux autres, prĂ©fĂ©rant prononcer des propos non conformes Ă  la rĂ©alitĂ©. En apparence, donc, il renonce Ă  la vĂ©ritĂ©. Mais en fait, on devrait plutĂŽt dire qu’il condamne les autres Ă  ne pas bĂ©nĂ©ficier de cette vĂ©ritĂ©, lui-mĂȘme n’y renonçant pas, puisqu’il la connaĂźt. En effet, pour mentir, il faut connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Pour travestir la vĂ©ritĂ©, il faut en disposer. Ce n’est donc pas Ă  la vĂ©ritĂ© que renonce le menteur, mais au fait de la dire, c’est Ă  dire Ă  la vĂ©racitĂ©. DĂšs lors, si on veut trouver de vĂ©ritables formes de renoncement Ă  la vĂ©ritĂ©, il est nĂ©cessaire d’aller vers ceux qui, tout en disposant de celle-ci, choisissent de s’en Ă©loigner, sciemment, ne trompant plus les autres, mais eux-mĂȘmes. Il faudrait alors dĂ©montrer que nous sommes libres de le mettre en oeuvre un tel renoncement, quand bien mĂȘme nous souffririons d’un tel choix. Pour cela, il faudrait que, malgrĂ© la valeur suprĂȘme que constitue la vĂ©ritĂ© dans le domaine de la connaissance, on lui soit tout Ă  fait indiffĂ©rent, qu’il nous soit Ă©gal de la conserver, ou de la perdre. Or une telle possibilitĂ© existe si nous sommes dotĂ©s, dans ce domaine comme dans les autres, du libre-arbitre. En effet, tel que Descartes le dĂ©crit dans sa Lettre au PĂšre Mesland, le libre-arbitre est la facultĂ© d’opter quand, par ailleurs, on est totalement indiffĂ©rent aux termes du choix qui nous est proposĂ©. Et parce que nous ne sommes pas identiques aux fameux Ăąne de Buridan, qui meurt de faim et de soif Ă  mi distance de son eau et de son avoine, parce qu’il n’est pas dotĂ© de libre-arbitre, l’homme, lui, peut ĂȘtre indiffĂ©rent Ă  la vĂ©ritĂ© et Ă  l’erreur, et choisir dĂšs lors l’erreur, parce que ça lui est Ă©gal. Certes, une telle indiffĂ©rence est la forme la plus basse de libertĂ©, comme l’écrit Descartes, mais c’est cependant une libertĂ© dont tout homme dispose, intĂ©gralement. En fait, la volontĂ© de l’homme est Ă  ce point sans limites qu’il peut aussi opter pour l’erreur, y compris quand il n’est pas indiffĂ©rent Ă  la vĂ©ritĂ©. Descartes le prĂ©cise dans la mĂȘme Lettre non seulement le libre-arbitre permet de choisir en dehors de tout motif et de toute prĂ©fĂ©rence, mais il permet aussi d’aller contre les motifs qui nous animent. C’est parce que nous sommes dotĂ©s de libre-arbitre que, tout en sachant pertinemment ce qu’est le bien, et ce qu’est le mal, et tout en Ă©tant convaincu qu’il faut faire le bien, nous pouvons faire, volontairement, le mal. Et ce qui est valable pour la morale l’est aussi pour la connaissance tout en sachant ce qui est vrai, et ce qui est faux, nous pouvons, volontairement, arbitrer en faveur du faux. Nous pouvons sciemment accorder plus de valeur Ă  la vĂ©ritĂ© qu’à l’erreur, et nĂ©anmoins aller vers l’erreur, simplement parce que telle est notre volontĂ©. C’est ce qu’on appelle la mauvaise foi, et non seulement tout le monde en est capable, mais chacun la pratique Ă  l’occasion. Et on le sait bien, elle consiste toujours Ă  se dĂ©tourner d’une vĂ©ritĂ© qu’on connaĂźt, Ă  y renoncer. Finalement, on aurait pu simplement remarquer ceci le mot ignorance a deux sens. Ce peut ĂȘtre le simple fait de ne pas savoir quelque chose, de ne pas disposer d’une connaissance. Une telle ignorance est involontaire, elle peut mĂȘme ĂȘtre inconsciente. Mais l’ignorance peut aussi ĂȘtre une action volontaire, comme on ignore quelqu’un qu’on croise dans la rue, on peut aussi ignorer une connaissance qu’on sait ĂȘtre vraie. Évidemment, si la seule raison de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© relĂšve de la mauvaise foi, on peut Ă©tablir qu’un tel renoncement est certes possible, mais qu’il ne semble ni lĂ©gitime, ni intĂ©ressant de le pratiquer. Cependant, jusque lĂ  on n’a finalement abordĂ© que la question du renoncement Ă  telle ou telle connaissance. Aussi Ă©trange que ça puisse paraĂźtre, on peut supposer qu’on trouvera de meilleures raisons de rompre avec la vĂ©ritĂ© si cette rupture se fait de façon plus globale, en constatant l’impossibilitĂ© de la saisir, ou en contestant le fait que la vĂ©ritĂ© puisse constituer, comme on l’a supposĂ© jusqu’à maintenant. Le fait que les jugements se confrontent les uns les autres a trĂšs tĂŽt poussĂ© certains penseurs Ă  considĂ©rer que toute connaissance est relative, que tout propos peut ĂȘtre contrĂ© par un propos inverse, que le principe de l’objection est universel, et que par consĂ©quent il n’y a aucun jugement absolu. Ces observations, qui sont celles des sceptiques, conduisent Ă  renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© tout en continuant Ă  voir en elle une exigence dont la quĂȘte est dĂ©sormais considĂ©rĂ©e comme vaine. Il est donc possible de reconnaĂźtre la vĂ©ritĂ© comme une valeur suprĂȘme, mais de la prendre tellement au sĂ©rieux qu’on en vienne Ă  penser qu’aucun discours humain ne pourra jamais l’exprimer correctement, et que la pensĂ©e en sera toujours tenue Ă  distance. Les sceptiques concluaient Ă  une nĂ©cessaire suspension du jugement, c’est Ă  dire Ă  un refus d’affirmer quoi que ce soit comme vrai. Le doute devient alors, pour eux, la mĂ©thode Ă  mettre en oeuvre et l’objectif poursuivi. Ils doutent pour douter, et pour Ă©viter Ă  tout prix de mettre fin au doute, c’est Ă  dire d’atteindre une quelconque certitude. L’autre raison de renoncer plus profondĂ©ment encore Ă  la vĂ©ritĂ© consiste Ă  remettre en question, fondamentalement, le fait qu’elle constitue cette valeur suprĂȘme permettant d’évaluer tout discours. A priori, une telle proposition peut sembler insoutenable, puisqu’elle conduit Ă  retirer sa valeur au jugement lui-mĂȘme, et Ă  rendre vaine la rĂ©flexion, et inutile l’expression de la pensĂ©e. Pourtant, nous savons bien qu’un jugement n’est pas nĂ©cessairement vrai, ou faux. Il y a des domaines dans lesquels les choses sont moins nettes, oĂč la pensĂ©e est davantage en mouvement, capable de formes diffĂ©rentes, multiples. C’est le domaine de l’interprĂ©tation. Par exemple, quand on traduit un texte d’une langue vers une autre, il n’y a pas une seule traduction qui soit LA bonne. Deux traductions peuvent ĂȘtre d’égale valeur sans pour autant ĂȘtre semblables. On ne parle pas alors de vraie » traduction, en opposition Ă  l’ensemble des autres traductions, qui seraient alors considĂ©rĂ©es comme fausses. On parlera plutĂŽt d’une traduction juste », qui sera en accord » avec le texte originel, et serait mĂȘme capable, peut-ĂȘtre, de le rĂ©vĂ©ler aux yeux des lecteurs. Nietzsche fait partie des penseurs qui ont privilĂ©giĂ© l’interprĂ©tation, dans tous les domaines, plutĂŽt que les vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles qui n’étaient, pour lui, que ce Ă  quoi doivent bien s’accrocher ceux qui n’ont pas l’audace ou la volontĂ© d’ĂȘtre eux-mĂȘmes, auteurs de leur pensĂ©e et de leur vie. La vĂ©ritĂ©, pour lui, c’est le domaine de ceux qui ont les idĂ©es arrĂȘtĂ©es, ceux dont la pensĂ©e est figĂ©e dans des Ă©noncĂ©s qui resteront Ă©ternellement les mĂȘmes. Une pensĂ©e morte en somme. Le Bien, le Beau, le Vrai, ces grandes valeurs abstraites, platoniciennes, sont faĂźtes pour les penseurs fĂ©briles, qui ont besoin de se raccrocher Ă  quelque chose de stable, qui leur indique quoi faire, quoi apprĂ©cier, et que penser. S’il privilĂ©gie l’interprĂ©tation, c’est qu’il y voit une pensĂ©e vivante, un mouvement qui donne aux jugements une forme perpĂ©tuellement nouvelle, qui permet les accords et dĂ©saccords, une dynamique qui permet Ă  chacun de dĂ©velopper sa propre autoritĂ© intellectuelle , qui permet de s’affranchir de la vĂ©ritĂ© comme un enfant renonce aux petites roues sur les cĂŽtĂ©s de son vĂ©lo, et acquiert son autonomie de mouvement on peut renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© toute faite, et se mettre en quĂȘte de nouveaux jugements qu’on ne trouvera pas tout faits », puisqu’on en sera l’auteur. Ce que Nietzsche remet en question, finalement, c’est moins la vĂ©ritĂ© en elle-mĂȘme que la prĂ©tention que pourraient avoir certains Ă  la dĂ©tenir, et Ă  pouvoir contraindre les autres de l’accepter telle quelle. AprĂšs tout, Nietzsche renoue alors avec une pratique de la pensĂ©e qu’on a dĂ©jĂ  vue se dĂ©velopper, et ce depuis l’AntiquitĂ©. Quand Socrate affronte le tribunal d’AthĂšnes, un des points de dĂ©saccord avec les notables athĂ©niens est le fait qu’il affirme, un peu prĂ©tentieusement, ĂȘtre plus savant que les sages officiels de la CitĂ©. Or, la raison pour laquelle Socrate affirme cela est originale ce qu’il sait, que les autres ne savent pas, c’est qu’il sait qu’il ne sait pas, et que ce qu’il ne sait pas, il ne prĂ©tend pas le savoir. En d’autres termes, il n’a pas atteint la vĂ©ritĂ©, et plutĂŽt que faire de ce manque une faiblesse, il considĂšre plutĂŽt cette ignorance comme une force, car elle le met en mouvement, elle le met en tension vers la vĂ©ritĂ©, elle lui donne une aspiration. Poussons cela un peu plus loin si la vĂ©ritĂ© demeure toujours au-delĂ  de ce que notre pensĂ©e peut atteindre, c’est qu’elle est un objet de dĂ©sir. En effet, le dĂ©sir est un manque qui tend vers quelque chose qui ne peut pas ĂȘtre atteint. Par exemple, le dĂ©sir amoureux n’est jamais pleinement satisfait, pas plus que le dĂ©sir de reconnaissance. C’est sur cette distance infranchissable que la philosophie a construit son propre nom dĂ©sir de la sagesse. Et la sagesse, c’est l’état de perfection de celui qui a atteint la vĂ©ritĂ© suprĂȘme. Ce que nous dit le nom grec de la philosophie, amour de la sagesse », c’est que la sagesse est toujours au-delĂ  du point qu’on a atteint, qu’elle fait l’objet d’une quĂȘte infinie et que, donc, il est nĂ©cessaire de renoncer Ă  l’espoir d’atteindre un jour la sagesse, et la vĂ©ritĂ©, si on veut durablement demeurer philosophe. Car le philosophe est celui qui cherche, pas celui qui est parvenu au but ultime. Il est amoureux de la sagesse, et ne la possĂšde donc pas. Le philosophe, mais on pourrait dire la mĂȘme chose de tout chercheur, c’est donc celui qui a renoncĂ© Ă  la vĂ©ritĂ© pour mieux pouvoir la chercher. Cette forme de renoncement n’est pas une invitation Ă  se dĂ©tourner de la vĂ©ritĂ©, encore moins Ă  lui tourner le dos. AprĂšs tout, pour cheminer vers quelque chose, il faut bien admettre qu’on ne l’a pas encore atteint. Le voyageur est celui qui a renoncĂ© Ă  rester Ă  oĂč il est, qui sait que l’essence du voyage, c’est l’ailleurs. Chercher la vĂ©ritĂ©, c’est avant tout admettre qu’on ne la possĂšde pas. Ainsi, toute vĂ©ritable dĂ©marche de rĂ©flexion doit bien commencer par la reconnaissance qu’on n’a pas encore atteint sa conclusion. C’est cette façon spĂ©cifique de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© que nous allons envisager maintenant. Le problĂšme avec les sceptiques, c’est qu’ils font de l’impossibilitĂ© d’atteindre la vĂ©ritĂ©, une vĂ©ritĂ©. Le point de dĂ©part de leur dĂ©marche est pertinent, mais contrairement Ă  ce qu’ils affirment, ils ne parviennent pas Ă  renoncer tout Ă  fait Ă  la vĂ©ritĂ© puisqu’ils sont convaincus que leur propre doctrine est vraie. C’est lĂ  tout le paradoxe du scepticisme. Mais pour autant, l’importance qu’ils donnent au doute vaut la peine d’ĂȘtre retenue et approfondie, car elle concerne directement la question qui nous prĂ©occupe. En effet, ce que recommandent les sceptiques, c’est de suspendre le jugement, de le retenir tant qu’on n’a pas atteint une pleine certitude. Cette suspension est la forme de renoncement Ă  la vĂ©ritĂ© que nous Ă©tudions maintenant elle consiste Ă  admettre que ce qu’on croit savoir est en rĂ©alitĂ© suffisamment douteux pour nĂ©cessiter une mise Ă  l’épreuve, une vĂ©rification qui exige qu’on Ă©mette au moins l’hypothĂšse que ce savoir provisoire puisse ĂȘtre faux. Les sceptiques en font un principe dĂ©finitif, renonçant Ă  la possibilitĂ© d’atteindre quelque certitude que ce soit. Mais on n’est pas obligĂ© d’aller aussi loin en leur compagnie, et ce d’autant plus qu’en fait, on peut penser qu’ils vont un peu trop loin. En effet, on peut pratiquer le doute, non pas pour abandonner tout espoir d’atteindre la vĂ©ritĂ©, mais bel et bien afin de progresser vers celle-ci. AprĂšs tout, ce qui fait obstacle Ă  la vĂ©ritĂ©, c’est l’erreur. Or l’erreur est d’autant plus trompeuse qu’au premier abord, elle a tout d’une vĂ©ritĂ©. Si les erreurs apparaissaient immĂ©diatement comme telles, on ne se tromperait jamais. C’est le constat que fait Descartes au dĂ©but du Discours de la mĂ©thode On sait bien que parmi nos soi-disant connaissances il y a des erreurs. Mais on ne sait pas distinguer a priori les unes et les autres. C’est pour cette raison que Descartes bĂątit une mĂ©thode permettant de traquer les connaissances erronĂ©es, et cette mĂ©thode se fonde sur la mise en oeuvre d’un doute radical, poussĂ© le plus loin possible avec une rĂšgle simple tout ce qui est douteux doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme faux. Ca ressemble au scepticisme, mais la grande diffĂ©rence entre le doute cartĂ©sien et le doute sceptique, c’est que chez Descartes, le soupçon est une mĂ©thode dont le but est de parvenir Ă  une connaissance qui rĂ©sistera au doute, une certitude indubitable qu’on pourra considĂ©rer comme vraie. Les sceptiques, eux, font du doute le but de leur pratique, et renoncent donc Ă  la vĂ©ritĂ©. Mais ce que Descartes montre, c’est que le doute ne conduit pas nĂ©cessairement Ă  un tel abandon. En revanche, il est bien nĂ©cessaire d’accepter de se dessaisir de ce qu’on croit ĂȘtre vrai pour se mettre Ă  sa recherche, de se lancer dans la vide sans ĂȘtre assurĂ© de rejoindre une terre ferme, et d’aboutir Ă  une premiĂšre connaissance certaine sur laquelle on pourra fonder toutes les autres connaissances, il faut bien douter de la vĂ©ritĂ© et la mettre Ă  l’épreuve, pour la vĂ©rifier. Comme on l’a dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©, la philosophie n’est pas seule concernĂ©e par cette façon de lĂącher la bride Ă  la pensĂ©e et de considĂ©rer la vĂ©ritĂ© comme ce qui se tient toujours au-delĂ  de la connaissance Ă  laquelle on est dĂ©jĂ  parvenu. Toute dĂ©marche visant Ă  bĂątir des connaissances procĂšde en rĂ©alitĂ© de la mĂȘme façon. DĂšs lors, la science aussi se doit de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© pour mieux pouvoir la poursuivre. C’est ce dont on prend particuliĂšrement conscience, au vingtiĂšme siĂšcle, avec la façon dont Einstein va remettre en question les sciences physiques telles qu’elles s’étaient constituĂ©es depuis Newton. On comprend alors que ce qu’on avait cru assurĂ©ment vrai, Ă©tait en rĂ©alitĂ© fondĂ© sur un point de dĂ©part discutable, le postulat de la physique classique l’homogĂ©nĂ©itĂ© de l’espace et du temps. Ce que les sceptiques auraient appelĂ© un fondement infondĂ© une fondation qui semble tellement Ă©vidente que personne n’a pensĂ© Ă  l’appuyer sur quoi que ce soit. Einstein, en remettant en question cette fondation, sait qu’il fait vaciller la totalitĂ© de l’édifice. Pour autant, il n’est pas sceptique. Il est bel et bien en quĂȘte de connaissance, il pense cheminer vers la vĂ©ritĂ©. Sinon, il dĂ©truirait les constructions prĂ©cĂ©dentes sans chercher Ă  en construire une nouvelle. Il pensera d’ailleurs avoir atteint son but, et deviendra Ă  son tour dogmatique, au moment oĂč la physique quantique naissante remettra en question son propre attachement au dĂ©terminisme. Ainsi, en science comme en philosophie, c’est Ă  dire lĂ  oĂč on est, le plus, attachĂ© Ă  la vĂ©ritĂ©, on doit accepter de rompre avec ce dont on s’est engagĂ© Ă  la chercher toujours. Comme Pascal disait de Dieu Je ne te chercherais pas si je ne t’avais dĂ©jĂ  trouvĂ© », rĂ©vĂ©lant en quelques mots tout la proximitĂ© distante qui se noue, complexe, entre le chercheur et l’objet de sa quĂȘte, ceux qui sont en quĂȘte de vĂ©ritĂ© savent que, finalement, c’est en prenant des distances avec le vrai qu’on a le plus de chances de s’en approcher. Il est donc possible de se dĂ©tourner de la vĂ©ritĂ©. Il est mĂȘme possible de le faire de bien des maniĂšres, et pour bien des raisons, dont nous avons vu qu’elles ne sont pas, toutes, bonnes. Renoncer au vrai pour se complaire dans l’erreur, c’est possible, c’est parfois comprĂ©hensible, mais on ne peut pas en faire une rĂšgle et c’est courir le risque d’ĂȘtre, assez vite, dĂ©sillusionnĂ©. En revanche, on a vu que la façon dont les sceptiques placent le doute au centre de la pensĂ©e, remettant dĂ©finitivement en cause la possibilitĂ© d’accĂ©der au vrai Ă©tait intĂ©ressante, quand bien mĂȘme elle aboutissait Ă  une conclusion intenable. Mais ce paradoxe rend cette pensĂ©e plus Ă©clairante encore. Car, tout compte fait, il est intĂ©ressant que, malgrĂ© la pertinence de chacun des arguments sceptiques, malgrĂ© la pertinence de l’ensemble de ces arguments, il ne soit pas possible d’en conclure qu’il faille renoncer dĂ©finitivement Ă  la vĂ©ritĂ©. Ca ne tiendrait qu’à la condition que cette thĂšse elle-mĂȘme ne soit pas prononcĂ©e. Ce que nous avons constatĂ©, c’est qu’il y a dans la mise en oeuvre du doute l’espoir que la connaissance parvienne Ă  lui rĂ©sister. Mais au-delĂ  de la mise Ă  l’épreuve de la vĂ©ritĂ© des connaissances dĂ©jĂ  acquises, il apparaĂźt que dans le fonds, le vĂ©ritable renoncement Ă  la vĂ©ritĂ© consiste Ă  renoncer Ă  disposer de la vĂ©ritĂ© comme s’il s’agissait d’un objet. Parce que la vĂ©ritĂ© demeure ce que seul le dĂ©sir peut viser, sans jamais l’atteindre, le renoncement est, en ce qui la concerne, la plus belle façon de la respecter, c’est Ă  dire de s’en tenir Ă  distance. Toutes les illustrations sont extraites du film de Christopher Nolan, Inception. Le fait que ce film, comme d’autres chez Nolan, impose de ne pas savoir Ă  quoi s’en tenir, sur sa fin, mais aussi, du coup, sur la totalitĂ© de son rĂ©cit, suffit Ă  justifier ce choix d’illustration. Christopher Nolan, de façon gĂ©nĂ©rale, aime imposer au spectateur une lecture dont il pourra douter, parfois le film durant, et parfois au-delĂ  des gĂ©nĂ©riques, de la nature de ce qu’il a vu. En ce sens, ses films n’ont pas de vĂ©ritĂ©, ils sont ouverts Ă  tous les vents de l’interprĂ©tation, et la meilleure façon d’entrer en phase avec un de ses films, c’est de renoncer Ă  le saisir, Ă  le comprendre, pour laisser le mouvement opĂ©rer. Il n’est pas le seul Ă  proposer une telle expĂ©rience, il est mĂȘme l’hĂ©ritier, sur ce point des maĂźtres que sont Hitchcock et Kubrick, et on peut l’affilier, aujourd’hui, Ă  David Fincher.
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